Session parlementaire, commissions d’enquête, règlements de l'Assemblée nationale, liberté universitaire, Israël-Palestine, féminisme : Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale (Renaissance), a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin.
"Je souhaite qu’il y ait une session extraordinaire de l’Assemblée nationale en juillet"
Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, plaide pour une prolongation exceptionnelle des travaux parlementaires cet été. Alors que le calendrier s’annonce particulièrement chargé, elle déclare sans détour : "Je souhaite qu’il y ait une session extraordinaire". Et de justifier : "Nous avons un certain nombre de textes qu’il nous faut finir d’examiner et je crains que nous n’ayons pas le temps jusqu’au 30 juin". "Je ne me résous pas à avoir un Parlement qui tourne au ralenti".
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La députée évoque notamment les projets sur la simplification de la vie économique, la fin de vie, la programmation pluriannuelle de l’énergie, le statut de l’élu, ou encore l’agriculture. Autant de textes qui risquent de rester en suspens. Yaël Braun-Pivet affirme vouloir "travailler, légiférer" pour répondre aux attentes des Français. À ce programme s’ajoute un engagement attendu : le débat sur les retraites à l’Assemblée nationale, après le conclave engagé par le gouvernement. "Oui, il y aura un débat à l'Assemblée après le conclave sur les retraites, le Premier ministre l'a promis dans l’hémicycle", rappelle la présidente de l'Assemblée nationale.
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"Il y a une inflation de commissions d’enquête, il ne faut pas trop les politiser"
Questionnée sur la multiplication des commissions d’enquête parlementaires, la présidente de l’Assemblée nationale concède qu’il existe une forme de saturation. "Il y a effectivement une inflation de commissions d’enquête" déclare Yaël Braun-Pivet. Elle rappelle que chaque groupe politique a droit, chaque année, à sa propre commission, ce qui, avec onze groupes, génère une forte activité.
Si certaines commissions produisent un travail utile, comme celles sur le narcotrafic ou l’aide sociale à l’enfance, elle met en garde contre les dérives. "Il ne faut surtout pas trop les politiser, parce qu’on a besoin d’un travail de fond si on veut qu’elles soient utiles". À ses yeux, le contrôle parlementaire reste essentiel, mais doit rester rigoureux et impartial. Elle cite également la commission d’enquête sur le cinéma, dont les conclusions "sont assez solides".
.@YaelBRAUNPIVET : "Oui, il y a une inflation de commissions d’enquête à l’Assemblée nationale. Dans l’idée, c’est très bien, mais il n'en faut pas trop, et surtout pas trop les politiser" pic.twitter.com/QU2o0AySTX
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"Non, je ne suis pas mal à l’aise à l’idée que Marine Le Pen ne puisse pas se représenter en 2027"
Interrogée par Jean-Jacques Bourdin sur la possibilité que Marine Le Pen soit empêchée de se représenter à la présidentielle de 2027, Yaël Braun-Pivet répond avec clarté. "Non, je ne suis pas mal à l’aise". La présidente de l’Assemblée nationale défend l’exemplarité attendue des élus. "Quand vous êtes un élu qui commet des fautes dans l’exercice de votre mandat, vous n’avez plus le droit d’être élu et d’exercer un mandat". Elle rappelle que d’autres citoyens, comme les chefs d’entreprise ou les automobilistes, subissent des sanctions en cas de faute.
Toutefois, elle tient à préciser que Marine Le Pen "est présumée innocente" et que "la cour d’appel va pouvoir se prononcer avant les prochaines échéances électorales". À ses yeux, le processus judiciaire suit son cours, sans mesure préventive. "En aucun cas elle ne sera empêchée de façon préventive". Yaël Braun-Pivet insiste sur le fait que "les Français attendent de nous que nous soyons exemplaires et d’une probité impeccable".
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"On ne peut pas accepter que nos universités soient gangrenées par certaines idéologies"
Jean-Jacques Bourdin évoque "l’irruption dans l'amphithéâtre du maître de conférences Fabrice Balanche à l’Université Lyon 2 d’une vingtaine de militants radicaux, masqués, qui l’ont forcé à quitter les lieux en l’accusant de sioniste, raciste, islamophobe". La présidente de l’université a ensuite publiquement désavoué l’enseignant, évoquant des propos "affligeants, complotistes et délétères". Une prise de position vivement critiquée par Yaël Braun-Pivet : "Moi je trouve ça ahurissant. Elle a tort !" affirme la députée.
La présidente de l’Assemblée nationale dénonce la pression idéologique qui, selon elle, gagne certains établissements. "On ne peut pas accepter que nos universités soient des lieux gangrenés par certaines idéologies". Rappelant avoir elle-même été la cible de tentatives d’obstruction à Lyon 3, elle affirme que "les universités, c’est notre bien commun". Pour elle, "il faut évidemment protéger les enseignants, protéger la liberté d’expression de tous".
Fabrice Balanche @FabriceBalanche) désavoué par la présidente de l’Université Lyon 2 : "Je trouve ça un peu ahurissan ! Elle a tort ! On ne peut pas accepter que nos universités soient gangrenées par certaines idéologies !" dénonce @YaelBRAUNPIVET pic.twitter.com/hmOM8wEzIK
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"Israël doit permettre l’arrivée de l’aide humanitaire à Gaza"
À propos du conflit israélo-palestinien, Yaël Braun-Pivet reste mesurée mais claire. "Évidemment, Israël doit permettre l’arrivée de l’aide humanitaire à Gaza". La présidente de l'Assemblée rappelle que le Hamas détient toujours des otages depuis le 7 octobre, et insiste sur la nécessité de continuer à "appeler à la libération des otages, appeler au cessez-le-feu, appeler à l’aide humanitaire".
.@YaelBRAUNPIVET : "Évidemment, Israël doit permettre l’arrivée de l’aide humanitaire à Gaza, et nous devons continuer à appeler à la libération des otages" pic.twitter.com/6zT29oNnI3
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La députée ajoute qu’elle soutient une reconnaissance réciproque. "Pas de reconnaissance unilatérale, mais une reconnaissance de l’État de Palestine et de l’État d’Israël". Yaël Braun-Pivet souhaite que cette reconnaissance s’inscrive dans une logique de paix durable, avec "des frontières assurées" pour chacun. Elle appelle également à "permettre à l’autorité palestinienne de se réinstaller politiquement".
.@YaelBRAUNPIVET : "Il faut des reconnaissances réciproques de l'État d'Israël et de l'État de Palestine" pic.twitter.com/GISc6oPzqL
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"Je ne suis pas d’accord… J’ai été gênée par cette décision"
La Cour suprême du Royaume-Uni a récemment tranché : la définition légale d’une femme repose sur le sexe biologique, et non sur le genre. Sur ce sujet, Yaël Braun-Pivet exprime son désaccord : "Je ne suis pas d’accord… J’ai été gênée par cette décision". Elle défend une approche respectueuse de toutes les trajectoires de vie. "Il faut respecter infiniment les personnes qui sont dans d’autres démarches".
L’élue insiste sur l’inclusion et la reconnaissance des personnes transgenres. Elle appelle à la prudence dans l’élaboration des lois. "Il faut faire attention à ne pas exclure", martèle-t-elle. Pour elle, cette décision britannique marque un recul et "ne prend pas en compte la réalité d’aujourd’hui".
Au Royaume-Uni, la définition légale d’une femme repose sur le sexe biologique et non sur le genre, tranche la Cour suprême : "Je ne suis pas d'accord... J'ai été gênée par cette décision" lance @YaelBRAUNPIVET pic.twitter.com/mE2O2cHk1e
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"Seules les lois sur la parité ont permis de faire avancer la cause des femmes"
Yaël Braun-Pivet s’est engagée en faveur de la parité en politique. À l’occasion de l’adoption d’une loi imposant la parité dans les petites communes, elle rappelle que "seules les lois sur la parité ont permis de faire avancer la cause des femmes". Elle balaie les arguments selon lesquels il serait difficile de trouver des candidates. "C’est très sexiste de dire qu’on ne trouvera pas de femmes pour s’engager".
Elle affirme au contraire que "les femmes ont envie de s’engager autant que les hommes", et que seule la contrainte légale permet de lever les blocages. Selon elle, cette loi permettra de toucher 70% des communes jusqu’ici non concernées par les obligations de parité. Une avancée qu’elle juge "essentielle pour la démocratie locale".
.@YaelBRAUNPIVET : "Seules les lois sur la parité ont permis de faire avancer la cause des femmes et l'engagement des femmes en politique" pic.twitter.com/PUXqu52zGJ
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"J’ai été déçue par le macronisme dans son ensemble"
Interrogée sur son regard rétrospectif concernant le mandat présidentiel d’Emmanuel Macron, Yaël Braun-Pivet exprime une certaine désillusion. "J’ai été déçue par le macronisme dans son ensemble" explique-t-elle. Refusant de cibler uniquement le chef de l’État, elle élargit la responsabilité. "Emmanuel Macron avait des Premiers ministres, il avait des membres de gouvernement, il avait une majorité de députés". Ce qu’elle critique, c’est surtout "la verticalité" du pouvoir et un manque d’association avec les corps intermédiaires.
Elle cite notamment l’échec de la réforme des retraites à points comme symbole de cette absence de dialogue. "Nous n’avons pas réussi à embarquer jusqu’au bout la CFDT", alors même que le syndicat y était initialement favorable. Pour elle, cela témoigne d’un défaut structurel. "On n’a pas assez associé les corps constitués, pas assez intégré les citoyens". Elle appelle désormais à "plus de participation, plus de référendum, plus d’intégration de tous dans la vie politique".
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"Les députés sont élus, ils ont le droit d’être radicaux dans leur expression"
Sur les débordements en séance, souvent dénoncés par l’opinion publique, Yaël Braun-Pivet se veut à la fois compréhensive et ferme. "Je comprends que les Français soient exaspérés par les outrances à l’Assemblée nationale". Elle rappelle cependant que "les députés sont élus, ils ont le droit d’être radicaux dans leur expression", tant qu’ils respectent le règlement.
.@YaelBRAUNPIVET : "Je comprends que les Français puisse être exaspérés par les outrances à l'Assemblée nationale. Mais les députés sont élus, ils ont le droit d'être radicaux dans leur expression" pic.twitter.com/5pxqLDtjLR
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Elle détaille les outils déjà à disposition pour maintenir la discipline. "Le rappel à l’ordre avec inscription au procès-verbal, c’est 1.500 euros d’amende". En revanche, elle se dit opposée à l’idée que le président de séance puisse exclure un député unilatéralement. "C’est une décision lourde, qui doit être votée par l’ensemble de l’Assemblée".
.@YaelBRAUNPIVET : "Je ne souhaite pas qu'un président de séance à l'Assemblée nationale puisse exclure un député et le faire sortir de l'hémicycle" pic.twitter.com/EwPF6V6XPv
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"Je ne vis pas à l’hôtel de Lassay. Je fais ma vaisselle, comme tout le monde"
Enfin, Jean-Jacques Bourdin interroge Yaël Braun-Pivet sur une possible candidature à l’élection présidentielle de 2027. Réponse nette : "La question aujourd’hui ne se pose pas". Elle refuse toute spéculation et rappelle qu’elle est avant tout "présidente de l’Assemblée nationale, c’est l’honneur de ma vie".
.@YaelBRAUNPIVET : "La question de 2027 ne se pose pas aujourd'hui. Je suis présidente de l'Assemblée nationale, c'est l'honneur de ma vie" pic.twitter.com/cpprLk3cXI
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Elle précise ne tirer aucun privilège personnel de sa fonction. "Je ne vis pas à l’hôtel de Lassay. Je vis chez moi, je fais ma vaisselle, comme tout le monde". "Aujourd'hui, je ne dois rien à l'État en termes financiers. J'ai mon indemnité et je ne vis pas aux crochets de l'État et de la collectivité. Ça ne correspond pas à ma façon d'être".
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