L'investiture et les menaces de Donald Trump, le Mercosur, l'instabilité politique en France, le Budget 2025... Laurent Saint-Martin a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin.
Donald Trump menace l'Union européenne : " Il est un transactionnel permanent et absolu"
La première date majeure en politique de cette année 2025 est l’investiture de Donald Trump qui aura lieu le 20 janvier. Ses propos ont de quoi inquiéter : son programme mélange protectionnisme et une forme d’impérialisme. Laurent Saint-Martin, ministre délégué chargé du Commerce extérieur et des Français de l'étranger, se veut toutefois rassurant : "la France a déjà travaillé avec lui". "Donald Trump sait que la France est un pays allié, un pays ami, avec lequel on peut effectivement avoir des négociations." Un point loin d’être anodin : "Donald Trump est un transactionnel permanent et absolu", juge le ministre qui rappelle que "l’administration Biden était également protectionniste".
Pour Laurent Saint-Martin, "il faut aussi se réveiller en Europe" car le monde bouge rapidement. L’Europe doit se "renforcer" sur le "plan militaire" et en termes de "politique commerciale". "Nous avons besoin de nous renforcer en Européens."
"L’Europe ne doit pas regarder les trains passer dans la compétition économique mondiale", juge le ministre délégué chargé du Commerce extérieur. Mais attention : "les États-Unis ont aussi besoin de l’Europe" ce qui permettra de négocier. "Ça s’appelle du rapport de force."
Groenland : Donald Trump est "d'avantage dans la déclaration que dans l’annexion"
Les déclarations répétées de Trump concernant la possible annexion du Panama, du Canada ou encore du Groenland par les États-Unis fait poser la question d’un possible retour de l’impérialisme outre-Atlantique. "Je ne sais pas si la vocation première des États-Unis est d’être un pays impérialiste. Je ne le crois pas", affirme Laurent Saint-Martin.
Concernant les propos sur le Groenland, "la réponse est très claire : le Groenland est un territoire européen, et donc il ne peut y avoir de telles provocations". Toutefois, il juge peu probable que le futur président des États-Unis fasse une "pénétration armée au Groenland". "Il ne saurait y avoir d’ingérence."
Le ministre délégué juge que Donald Trump est "d'avantage dans la déclaration que dans l’annexion". Mais "ça veut pas dire qu’il ne faut pas le prendre au sérieux".
Mercosur : "La messe n’est pas dite"
L’accord de libre-échange Mercosur continue de faire débat et de créer des tensions, notamment dans le monde agricole. Laurent Saint-Martin rappelle que "en l’état, l’accord du Mercosur n’est pas acceptable par la France". Il demande un travail sur "les clauses miroir" ou encore les questions environnementales. "La bataille n’est pas finie sur le Mercosur", souligne le ministre délégué. "La messe n’est pas dite."
Les discussions avec les partenaires européens et également sud-américains continueront, à Bruxelles et ailleurs. "Il y a matière à défendre", notamment car le contenu de l’accord n’est pas définitif. "Nous nous battrons pour nos agriculteurs, et pour nos éleveurs bovins en particulier."
Budget 2025 : "Tout est sur la table" concernant la réforme des retraites
Premier gros sujet pour le nouveau gouvernement de François Bayrou : le Budget 2025 que la France n’a toujours pas. Parmi les points de blocage, la réforme des retraites, qu’une partie de la gauche veut supprimer, et notamment sur le point de l’âge de départ qui est rejeté par une large majorité des Français. Laurent Saint-Martin rappelle que François Bayrou a déclaré qu’il n’y aurait pas "de suspension de la réforme". Toutefois, "tout est sur la table", donc potentiellement la question de l’âge de départ.
Budget et censure : "Nous sommes dans une situation où personne n’aurait intérêt à créer une instabilité politique chronique dans notre pays"
L’objectif final est surtout de retrouver une stabilité politique, après la censure historique de Michel Barnier fin 2024. "La stabilité politique, c’est extrêmement important", souligne le ministre délégué. "Ceux qui regardent la France à l’international nous regardent aussi sur notre capacité à se stabiliser politiquement." Pour lui, le Parti Socialiste "a davantage compris" cette urgence. Et il semble optimiste concernant la possibilité de trouver un compromis avec le Parti Socialiste : "je le crois". "Nous sommes dans une situation où personne n’aurait intérêt à créer une instabilité politique chronique dans notre pays."
Pour assurer cette stabilité politique, "nous avons besoin d’un Budget", explique le ministre délégué. "C’est la priorité absolue". "Je crois profondément que le groupe et le Parti socialistes ont compris cela."
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