Les débats à l'Assemblée nationale sur le Budget 2025, le risque de 49.3 et de motion de censure, l'affaire Kerbrat... Jean-Philippe Tanguy a répondu aux questions de Patrick Roger.
Le Budget 2025 "est en contradiction avec les besoins de la France et les promesses de Michel Barnier"
Les discussions sur le Budget 2025 de la France se poursuivent à l’Assemblée nationale. Le Rassemblement national serait, selon certains experts, dans le rôle d’un arbitre, ayant le pouvoir de faire adopter ou rejeter le texte. Or, le RN n’est pas très content de la tournure que le texte prend : "rien ne me satisfait", déclare Jean-Philippe Tanguy, député de la Somme et membre du bureau national du RN. "Ce budget est en contradiction avec les besoins de la France et les promesses de Michel Barnier."
Le député RN explique que la France a besoin de rétablir ses comptes publics et de justice fiscale. Or, "on continue, avec Michel Barnier, à dépenser plus d’argent que le niveau de l’inflation. Donc les finances publiques continuent de dériver", analyse le député de la Somme. "Et, malgré ça, il crée 30 milliards d’impôts sur les classes moyennes et les classes populaires."
Le RN a présenté un contre-budget avec "25 milliards d’économies nouvelles", rappelle Jean-Philippe Tanguy. "Et on va rendre 10 milliards nets aux Français", notamment avec des baisses de la TVA. "Ça fait une semaine qu’on a présenté ce contre-budget, je n’ai eu aucun retour des ministères, aucun retour des macronistes."
Le Budget adopté par 49.3 ? "Je le crains"
La question de l’usage possible du 49.3 par le gouvernement pour faire passer, en force, un budget se pose depuis que Michel Barnier a déclaré ne pas s’interdire d’utiliser cet article de la Constitution. Si Jean-Philippe Tanguy n’anticipe rien, il déclare craindre cette possibilité. "Je le crains parce que la macronie et les amis de M. Wauquiez, les députés Républicains, sont en train de saboter le Budget" en n’étant pas présents dans l’Hémicycle. "Tout le monde peut regarder les images de la Commission des Finances et de la séance depuis trois jours : il n’y a presque pas de députés macronistes et de députés de M. Wauquiez."
Selon le député RN, leur absence a pour objectif de permettre à la gauche, qui est "plus nombreuse", de "faire passer tout un tas de taxes zinzin". Le député RN assure que la gauche réclame 60 milliards de taxes". "Et cet excès de taxes permet au gouvernement de faire croire que ce sont eux les gens raisonnables." Alors que le gouvernement prévoit 30 milliards d’euros de taxes, "c’est sûr que 30 milliards d’euros par rapport aux 60 milliards de taxes zinzin", ça permet de se mettre en avant.
Budget 2025 : la désindexation des retraites c'est "du vol, de la spoliation"
En cas d’usage du 49.3, il y a la possibilité que soit déposée une motion de censure. Le RN pourrait-il soutenir une motion de censure de la gauche ? "Tout est sur la table", confie Jean-Philippe Tanguy. "Si Michel Barnier ne veut pas saisir l’aide qu’on peut lui apporter pour défendre les Français, nous l’y contraindrons. Et dans la contrainte, il y a la motion de censure sur la table."
Le député de la Somme laisse toutefois ouverte la possibilité de ne pas voter cette motion de censure : si "M. Barnier respecte sa promesse de justice fiscale". Ce qui, pour le député, signifie l’absence de désindexation des retraites, mais aussi "pas de taxes sur l’électricité" et "des économies qui permettent de redresser les comptes publics".
La désindexation des retraites semble être la ligne rouge. "C’est de la spoliation", explique le député RN de la Somme. "La désindexation, c’est du vol." Pour lui, "on utilise l’inflation pour vous voler de l’argent".
Si le RN ne s’interdit pas de soutenir une motion de censure de la gauche, Jean-Philippe Tanguy tient à mettre les points sur les i : "c’est pas une alliance ; c’est la Constitution". "Si on dit, à chaque fois qu’on vote en conscience, qu’on est alliés politiquement, on ne s’en sort pas."
Affaire Kerbrat : la drogue "circule à l’Assemblée, circule dans les ministères"
Le scandale a éclaté à l’Assemblée nationale après que le député LFI, Andy Kerbrat, a été arrêté en flagrant délit en train d’acheter de la drogue de synthèse. Des faits qui ont fuité dans la presse et que le concerné a reconnus. Doit-il démissionner ? "Je pense que quand on a enfreint la loi, il faut se regarder dans le miroir. Et moi je ne comprends pas comment il peut rester député", explique le député RN de la Somme.
Toutefois, il confie que la problématique de la drogue est largement répandue dans les hautes instances. La drogue "circule à l’Assemblée, circule dans les ministères, dans les grandes rédactions parisiennes, dans les grandes entreprises, dans les marchés financiers… Nous sommes dans une société gangrenée par la drogue à tous les niveaux."
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