Le risque de censure du gouvernement Barnier, la possible démission d'Emmanuel Macron, les débats sur le Budget 2025... Christophe Béchu a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin.
"L'échec du gouvernement serait la porte ouverte aux extrêmes"
Les débats sur le Budget 2025 se poursuivent au Sénat avec un texte sans aucune modification après l’échec du vote de l’Assemblée nationale. Et les tensions entre les partis montent, avec notamment la menace de plus en plus claire de Marine Le Pen et du Rassemblement National de voter une possible motion de censure du gouvernement de Michel Barnier. Y a-t-il un risque de censure avant la fin de l’année ? Christophe Béchu, lui, "souhaite" que le gouvernement passe l’hiver. "Parce que la France a besoin d’un gouvernement. Parce qu’on a besoin de gens qui prennent des décisions. Et parce que l’échec du gouvernement, ce serait la porte ouverte aux extrêmes." Il ne semble toutefois pas avoir de certitude que ce soit possible. "Tout le monde voit bien à quel point on est dans une situation compliquée", analyse l’ancien ministre de l’Écologie.
Une "présidentielle anticipée" serait "un signe d’affaiblissement supplémentaire" de la démocratie française
Le RN pourrait-il réellement voter une motion de censure portée par la gauche ? "Il y a un risque", assure Christophe Béchu, qui critique néanmoins le parti d’extrême-droite : "fondamentalement, ce serait un changement de pied". Pour le maire d’Angers, alors que le RN a essayé pendant des années de jouer la carte de la "respectabilité", "si demain Marine Le Pen vote une motion de censure, elle participe à une hystérisation, à un chaos dans la vie politique".
Une telle crise politique pourrait-elle conduire Emmanuel Macron à la démission ? "Tout est à peu près inédit" dans la situation politique française actuelle, juge Christophe Béchu qui ne veut de fait pas faire de pronostics. "Ce que je peux vous dire de manière très claire, c’est que je ne le souhaite absolument pas." En cas de démission d'Emmanuel Macron, "les conséquences institutionnelles" franchiraient "une étape". "Je ne souhaite donc à aucun prix qu’on se retrouve avec une présidentielle anticipée" qui serait "un signe d’affaiblissement supplémentaire" de la démocratie française selon l’ancien ministre.
Budget 2025 : "Je défends l’idée que nous devons travailler d’avantage"
Le budget, en discussion au Sénat, commence déjà à faire des remouds. Notamment la mesure votée le 20 novembre 2024 qui impose 7 heures de travail par an gratuites aux Français pour financer la Sécurité sociale, et notamment le problème du Grand Âge. Christophe Béchu est clair : "oui", le parti Horizons est favorable à cette mesure. "Je défends l’idée que nous devons travailler d’avantage." Il explique qu’il n’y a que trois options pour financer la Sécurité sociale : augmenter les impôts, augmenter le temps de travail ou baisser les prestations.
Parmi les autres pistes de réflexion pour faire des économies, l’idée d’aligner les jours de carence du public sur le privé. "Est-ce qu’il est légitime que les règles dans le public et dans le privé soient les mêmes ? Ma réponse est oui", affirme Christophe Béchu. Il n’exclut pas toutefois que certaines exceptions puissent exister.
Autre sujet : une hausse des taxes sur l’électricité qui est attendue en 2025. "Il faut expliquer qu’on a baissé les taxes au moment de la guerre en Ukraine", souligne l’ancien ministre. "Aujourd’hui, les prix de l’électricité baissent, et donc les taxes reviennent à des niveaux que nous avons connus."
Budget 2025 : tout le monde fait des efforts, "mais les collectivités, c’est des vaches sacrées et on n’y touche pas ?"
Le gouvernement veut également imposer des économies aux collectivités locales, une mesure vivement critiquée, notamment par l’Association des Maires de France. Les élus locaux, régionaux, départementaux sont appelés à trouver 5 milliards d’euros d’économies. "On peut réduire les dépenses", assure le maire d’Angers. "Et, surtout, on le doit !"
S’il affirme que les maires ont "mal vécu" qu’on les accuse d’être responsables du dérapage budgétaire, à ce qu’ont fait certains responsables politiques, il demande "qui peut croire que dans un pays où on est à 3.000 milliards d'euros de dettes, on va se retrouver dans une situation où les collectivités pourraient être exonérées de l’effort ?"
Tout le monde fait des efforts, "mais les collectivités c’est des vaches sacrées et on n’y touche pas ?" Christophe Béchu n’y croit pas, mais il demande que les économies soient lissées sur le temps. "Ma critique porte sur le calendrier", explique le maire d’Angers. Si les économies sont effectuées sur la seule année 2025, alors ça créera des problèmes avec les chantiers en cours. "Je ne peux pas arrêter le chantier juste au moment où on est en train de le finir !"
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