Son nouveau livre, la situation politique de la gauche, le Budget 2025... Boris Vallaud a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin.
"La politique manque un peu de vérité, un peu de sincérité dans son rapport à la vie des gens"
Avec son expérience d’élu local, Boris Vallaud a décidé de mettre en avant les Français qu’il a rencontrés dans sa permanence. Il publie aux éditions Odile Jacob, "En permanence – ces vies que je fais miennes". La rencontre avec les habitants de Saint-Sever et sa circonscription, dans les Landes. "Je vais vous faire une confidence : je me suis offert un moment de liberté avec ce livre." Il explique que "la politique qui ne parle que d’elle n’intéresse personne et ne m’intéresse pas beaucoup". C’est donc ce qu’on appelle communément la vraie vie qu’il a voulu relater. "Je me suis offert cette liberté de la politique qui souvent parle… mais là, elle va écouter."
Il retrace ainsi une partie des tranches de vie, comme celle d’une "aide soignante" qui travaille en Ephad et aime son métier mais "qui a le sentiment de mal le faire parce qu’elle a sentiment que les moyens manquent, que ses propres bras lui font défaut". Ce livre, "c’est une expérience humaine", souligne le député socialiste. "J’essaye de répondre à une question, que beaucoup se posent : qu’est-ce qu’ils savent de nos vies ?" Un sentiment partagé par de nombreux Français qui jugent de plus en plus les personnalités politiques déconnectées du terrain. "La politique, elle manque un peu de vérité, un peu de sincérité dans son rapport à la vie des gens", confirme Boris Vallaud.
Boris Vallaud : "Un Cerfa de 24 pages à remplir pour demander une aide, c’est imbitable"
Parmi les sujets d’incompréhension, l’administration, souvent très lourde. "Pour être franc, quand je travaille avec elle pour remplir un certain nombre de papiers, j’y comprends rien non plus", détaille-t-il au sujet d'une demande d'aide par exemple. "J’ai été législateur. Je vois que parfois ce que l’on fait n’atteint pas son but", souvent à cause de sa complexité. "Parce qu’un Cerfa de 24 pages à remplir pour demander une aide […] c’est imbitable."
Boris Vallaud est clair : "la politique désincarnée, elle manque son but".
La gauche doit se poser une seule question : quelle est sa raison d’être ?
Entre La France Insoumise et le Parti Socialiste, le torchon brûle de plus en plus. Bernard Cazeneuve a demandé clairement aux partis de gauche de se détacher de LFI. S’il ne répond pas directement à cet appel, Boris Vallaud souligne que "la gauche doit se poser une seule question : quelle est sa raison d’être ?"
Les socialistes, et la gauche, est désormais dans l’opposition malgré le résultat du second tour des législatives de juillet 2024. "Nous avons contesté ce choix du président de la République de nommer en réalité un parti qui était très minoritaire." Malgré la déception, pour Boris Vallaud, le pouvoir est "à l’Assemblée nationale, au Parlement".
Il assure que les socialistes soutiendront les mesures "qui iront dans le bon sens". "Et nous ferons nous-mêmes des propositions."
Présidentielle 2027 : Mélenchon ne peut pas être "le candidat qui rassemble toute la gauche"
Après les législatives de juillet 2024, tous les regards sont tournés vers la Présidentielle de 2027, notamment puisqu’Emmanuel Macron ne pourra pas se représenter. Boris Vallaud aimerait une candidature unique à gauche, mais pas Jean-Luc Mélenchon. "Je crois que c’est une aspiration majoritaire à gauche."
La raison ? "Je ne crois pas qu’il puisse être le candidat qui rassemble toute la gauche." Et il va même plus loin, en appelant à un candidat socialiste. "Si on n’est pas trop mauvais, on doit y arriver."
Le Budget 2025 "peut ne pas être le budget du gouvernement"
Le Budget 2025 de la France va être présenté par le gouvernement en ce mois d’octobre 2024, en retard et alors que les discussions s’annoncent tendues au Parlement. Un budget sur lequel Boris Vallaud ne s’engage pas : "on ne sait pas" ce que contient le texte, souligne-t-il. Toutefois, il assure qu’il ne sera pas question de faire blocage : "si c’est un budget que la gauche à l’Assemblée nationale aura inspiré, on peut battre le gouvernement". Le budget 2025 "peut ne pas être le budget du gouvernement", assure le député des Landes.
"On ne veut pas que la situation qu’a laissée Bruno Le Maire, qui est calamiteuse, ne soit payée par "toutes les vies dont je parle" dans le livre. "Nous allons voter tout ce qui ira dans le bon sens."
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