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Droits de douane : "Il faut riposter avant de négocier avec Trump" affirme Marc Ferracci

Par Aurélie Giraud

Marc Ferracci, ministre délégué chargé de l'Industrie et de l'Énergie, était “L’invité politique” sur Sud Radio.

Marc Ferracci droits de douane
Marc Ferracci, interviewé par Jean-Jacques Bourdin sur Sud Radio, le 19 février 2025, dans “L’invité politique”.

Guerre en Ukraine et négociations pour la paix, droits de douane entre les États-Unis et l'Europe, nucléaire, filière photovoltaïque, interdiction des PFAS : Marc Ferracci a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin.

Hausse des droits de douane en Europe : "Avant de négocier avec les États-Unis, il faut riposter"

Les Etats-Unis vont imposer à partir du 12 mars une augmentation de 25 % des droits de douane sur l’acier et l’aluminium. L'Europe va-t-elle répliquer ? "Nous devons réagir en Européens" estime Marc Ferracci. "Donald Trump a une approche très agressive de la politique commerciale. Nous, nous devons, dans un premier temps, riposter. Avant de négocier, il faut riposter" affirme le ministre délégué. "Avec des tarifs douaniers qui vont s'appliquer à des produits. La question, c'est de savoir qu'est-ce qui fait mal à l'économie américaine". "L'idée, c'est d'avoir des sanctions qui correspondent en valeur aux sanctions appliquées par les Etats-Unis".

L'Europe va donc riposter et imposer des droits de douane sur un certain nombre de produits américains. "Je souhaite que cette riposte soit claire, ce qui ne fait pas obstacle à ce que, dans un second temps, on négocie avec les Américains. La guerre commerciale, ça ne sert personne" souligne Marc Ferracci. "Trump est quelqu'un de très transactionnel, qui aime bien faire des deals. C'est probablement ça, d'ailleurs, qu'il cherche". Pour le ministre délégué, "il ne faut pas rentrer dans la discussion avec Trump en faisant des concessions préalables". "L'Europe doit engager un rapport de force qu'il faut assumer".

"L'Ukraine doit être au cœur des négociations internationales"

Sur le conflit en Ukraine, Marc Ferracci a tenu à rappeler l'importance d'inclure l'Ukraine et les Européens dans toute négociation internationale. "L'exclure des discussions, c'est absurde. L'Ukraine est un État souverain, et les Européens sont parties prenantes de la résolution du problème" a-t-il déclaré. "C'est un élément très clair qui a été posé par le président de la République quand il a accueilli à l'Élysée l'ensemble des dirigeants européens et la Commission européenne".

Donald Trump et Vladimir Poutine ne risquent-ils pas de se partager "le gâteau" ? Aux Russes, les territoires annexés, un pouvoir à Kiev très compatible avec ce que veut Poutine, Zelenski s'en va, et aux Américains, les ressources minières de l'Ukraine ? "C'est la raison pour laquelle il fallait agir, il fallait réagir, se réunir, le faire extrêmement vite" estime le ministre délégué. Il souligne la position du président de la République depuis 2017 sur "l'autonomie stratégique de l'Europe et la défense européenne". "Nous avons besoin de renforcer la défense européenne" a ajouté le ministre, appelant à une solidarité accrue entre les États membres face aux menaces extérieures. "Et de réfléchir à l'envoi de troupes au sol".

"Le nucléaire est une énergie essentielle pour l'Europe"

Sur la question du nucléaire, Marc Ferracci rappelle l'importance de cette source d'énergie dans le mix énergétique européen. Selon lui, "le nucléaire doit être au cœur du mix énergétique européen". "Ce que nous défendons en France, c'est de pouvoir produire de l'hydrogène avec de l'énergie nucléaire et de bénéficier d'un soutien financier" des fonds européens. "C'est ça qui est en jeu au niveau européen". "Nous poussons et nous allons, je l'espère, obtenir que le nucléaire puisse faire l'objet de financement européen, lorsqu'il sert à produire des énergies vertes et en particulier de l'hydrogène".

"Les annonces seront faites dans les prochains jours par la Commission européenne". "Nous poussons pour une politique qui affirme le nucléaire comme une industrie essentielle" explique Marc Ferracci. Le pacte pour une industrie propre n'a pas encore été annoncé. "Il le sera le 26 février". "Nous mettons la pression sur la Commission européenneenne pour que les fonds européens financent l'intégralité des technologies propres, ce qu'on appelle les Clean Technologies, qui incluent le nucléaire". "C'est notre combat et je pense que nous allons le gagner".

"Nous appliquerons un taux réduit de TVA sur l'achat de panneaux photovoltaïques"

Concernant les énergies renouvelables, le ministre a déploré la faible capacité de production de panneaux photovoltaïques en France. "On a besoin de se doter d'une capacité de production". "sur le photovoltaïque, nous avons une position qui est constante. Ca fait partie de notre mix énergétique. Nous avons des objectifs d'augmentation de la part du photovoltaïque dans la production d'énergie et dans la consommation d'énergie à horizon 2035, c'est ce qu'on appelle la programmation pluriannuelle de l'énergie. Ils sont toujours guidés par un principe assez simple, c'est qu'on doit créer des emplois industriels en France". "Tous les panneaux photovoltaïques qui seront installés en France ne seront pas produits en France" reconnaît-il.

Pour encourager ce secteur, il propose un taux réduit de TVA sur les panneaux photovoltaïques afin de soutenir la production nationale. "Nous avons besoin d'avoir une capacité qui nous donne un peu d'indépendance sur le photovoltaïque". Et "nous allons le faire, y compris en aidant fiscalement d'ici la fin de l'année, la production et l'achat de panneaux photovoltaïques en appliquant un taux réduit de TVA". "Nous allons continuer à soutenir le photovoltaïque, notamment en baissant la fiscalité sur les panneaux. Nous allons faire en sorte que des projets d'investissement sur le photovoltaïque sortent de terre et nous portons un soutien à l'État à ces projets".

"Une approche équilibrée pour l'interdiction des PFAS"

Sur la réglementation concernant les PFAS, ces "polluants éternels" présents dans de nombreux produits industriels, Marc Ferracci estime qu'il faut "se fonder sur la science, sur des études produites par des scientifiques indépendants". "Ce sont des composants qui rentrent dans la composition d'un certain nombre de biens, d'équipements, des biens industriels. Ça peut être les toiles, les ustensiles de cuisine, le textile, l'automobile. Ça rentre dans beaucoup de choses. Les PFAS potentiellement présentent des risques à long terme pour la santé".

Plutôt qu'une interdiction généralisée, il plaide pour une approche nuancée, permettant certaines dérogations tout en interdisant les composés reconnus comme dangereux pour la santé. "Je ne défends pas le principe d'une interdiction générale, je défends l'idée que certaines de nos industries nécessitent des PFAS". "Je serais toujours du côté de ceux qui recherchent un équilibre. L'équilibre doit être fondé sur l'analyse scientifique. Quels sont les composants, en manière précise, qui sont dangereux".

Retrouvez "L’invité politique" chaque jour à 8h30 dans le Grand Matin Sud Radio avec Jean-Jacques Bourdin

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