L'augmentation des factures d'énergie qui touche les entreprises, et notamment les PME. La réforme des retraites que le gouvernement poursuit. L'emploi des seniors en France... Jean-Eudes du Mesnil a répondu aux questions de Patrick Roger.
Retraites : "Il faut effectivement réformer le système"
La réforme des retraites, qui sera présentée le 10 janvier 2023 par le gouvernement, crispe toutes les tensions. Français comme syndicats des salariés y sont opposés. Mais pas le syndicat des patrons de PME, la CPME, dont le secrétaire général, Jean-Eudes du Mesnil, a été reçu par la Première ministre. "Les entreprises sont dans une logique pragmatique", explique-t-il concernant le report de l’âge de départ à la retraite.
Il y a un "allongement de la durée de la vie, et c’est tant mieux", ainsi qu’une "diminution du nombre d’actifs". Il donne des chiffres : "en 1950, 5 actifs pour 1 retraité ; aujourd’hui, 1,7 ; et en 2050, 1 actif pour 1 retraité". "Donc, ça sera tout simplement insupportable. Une personne ne peut pas travailler en en ayant une en charge qui sera à la retraite." La position de la CPME est donc claire : "il faut effectivement réformer le système pour changer ça".
"Les métiers considérés comme pénibles, on doit en tenir compte"
Quant à l’âge qui sera retenu, Jean-Eudes du Mesnil ne propose pas un nombre précis. "La décision appartient au pouvoir politique." Toutefois, entre 64 et 65 ans, "le rendement financier n’est pas le même". Ainsi, selon ses données, reporter l’âge de la retraite à 65 ans conduirait à un gain de 32 milliards d’euros. Et seulement 22 milliards si c’est "64 ans avec les 43 annuités".
Néanmoins, la CPME a des demandes : "il faut à tout prix maintenir le dispositif carrières longues" ainsi que "prendre en compte l’usure professionnelle". "Les métiers considérés comme pénibles, on doit en tenir compte."
Index de l'emploi des seniors : "Si c’est pour avoir des sanctions, ça n’a aucun sens"
La question du report de l’âge de départ à la retraite appelle aussi une autre problématique : celle de l’emploi des seniors. Dans la réforme, un index pourrait être inclus, afin de contrôler que les entreprises ne licencient pas les seniors pour employer des salariés plus jeunes. "On n’aime jamais être contrôlés et être pointés du doigt", assure Jean-Eudes du Mesnil. Il concède néanmoins que l’emploi des seniors est "un vrai sujet". "Et c’est un vrai sujet qui n’est pas simplement du côté de l’entreprise." Notamment car les salariés étaient très contents de partir à la retraite plus tôt.
Concernant l’index, s’il "vise simplement à une prise de conscience" sur la pyramide des âges de l’entreprise, le secrétaire général de la CPME n’est pas contre. "Par contre, si c’est pour avoir des sanctions, ça n’a aucun sens."
PME : "L’énergie, c’est le sujet aujourd’hui, c’est le premier sujet"
Autre sujet brûlant de ce début d’année 2023 : les tarifs de l’énergie, qui explosent et mettent en difficulté les petites entreprises. La grogne monte chez les patrons, et les appels à l’aide se multiplient. "L’énergie, c’est le sujet aujourd’hui, c’est le premier sujet", confirme le secrétaire général de la CPME.
Les boulangers ont été les premiers à obtenir gain de cause auprès du gouvernement, dont un report de certaines échéances.
Mais Jean-Eudes du Mesnil met le doigt sur autre chose : la question de la durée des contrats d’énergie. "Aujourd’hui, quand vous signez un contrat avec un énergéticien sur l’électricité, bien souvent vous êtes engagé pour une période de trois ans." Un système qui crée, "une concurrence au sein d’un même secteur qui est impossible", deux entreprises risquant d’avoir deux prix de l’énergie totalement différents durant une longue période.
Renégociation des contrats d'énergie : "Cette possibilité, il faut que ça puisse être pour toutes les entreprises"
"Ce qui a été obtenu, c’est précisément la possibilité pour les boulangers de dénoncer le contrat en cours, de renégocier ou de se tourner vers quelqu’un d’autre." Jean-Eudes du Mesnil demande donc que "cette possibilité, il faut que ça puisse être pour toutes les entreprises".
Une mesure qui n’aurait par ailleurs aucun coût pour le gouvernement, explique le secrétaire général de la CPME. En effet, il ne s’agit que de la négociation de contrats entre deux entreprises, qui ne nécessitent pas d’intervention ou d’aides de l’État. "Ça ne coûte rien à personne. Si ce n’est qu’il y aurait une espèce de saine concurrence. Et que les entreprises ne seront pas pieds et poings liés avec les énergéticiens."
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