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Gaza - général de Bavinchove : "Une trêve se profile probablement mais il faut rester prudent"

Par Aurélie Giraud

Le général Olivier de Bavinchove, ancien chef d'état-major de la force internationale de l'OTAN, était “L’invité politique” sur Sud Radio.

Le général Olivier de Bavinchove
Le général Olivier de Bavinchove, interviewé par Jean-Jacques Bourdin sur Sud Radio, le 21 novembre, dans “L’invité politique”.

Est-on proche d'une trêve au Proche-Orient ? Des otages seront-ils libérés ? L'Ukraine peut-elle perdre la guerre contre la Russie ? Le général Olivier de Bavinchove a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin.

"La trêve ne se justifie pas d'un point de vue militaire pour Israël"

Un accord de trêve se rapproche, a déclaré le chef du Hamas. Israël n'a pas réagi, mais Benjamin Netanyahou dit ne pas vouloir arrêter les combats tant que les otages ne sont pas libérés. "Une trêve se profile probablement mais il faut rester prudent" estime le général Olivier de Bavinchove. "Tout peut basculer, par exemple, si une frappe excessive d'Israël ou une erreur de tir manifeste est réalisée dans les 24 ou 48 heures qui viennent. Tout peut basculer également du côté du Hamas. Et évidemment, les interventions des uns et des autres peuvent également faire changer la donne".

"Le Hamas a intérêt à ce qu'une trêve soit mise en place car il a besoin de compter ses hommes, de réorganiser son dispositif défensif. Contrairement à Tsahal qui a une supériorité absolue dans toutes les dimensions" explique le général. "La trêve ne se justifie pas d'un point de vue militaire pour Israël. L'engagement de Tsahal est relativement bref pour une armée aussi performante, professionnelle, efficace. Mais la question des otages est primordiale. Avec la pression de l'opinion publique israélienne et des pays qui ont des otages".

"L’Iran a beaucoup à perdre avec l’entrée en guerre du Hezbollah"

Les combats s’intensifient à la frontière libanaise entre l’armée israélienne et le Hezbollah. "Nous sommes dans un jeu peut-être beaucoup plus important dans ce territoire très meurtri des deux côtés" affirme le général Olivier de Bavinchove. Il s'agit du "jeu iranien". "L'Iran essaie d'accéder à la possession de l'arme nucléaire depuis 30 ans". Face à cela, "les messages envoyés par les États-Unis sont sans ambiguïté. Ils ont développé dans la région des forces incommensurables. Chaque groupe aéronaval doit détenir la puissance de feu de l'ensemble des belligérants de la Première guerre mondiale".

"Ce sont des groupes aéronoavals qui portent l'arme nucléaire, une aviation de combats considérables. Avec une capacité de frappe longue distance et des missiles de croisière d'une précision absolue et ininterceptables dans le cadre du Moyen-Orient. La puissance est incommensurable" insiste le général. "L'Iran a beaucoup à perdre. Un mouvement excessif du Hezbollah vis-à-vis d'Israël provoquerait une réaction qui annihilerait les efforts de l'Iran. L'Iran a soutenu fortement le Hamas mais en même temps, il ne veut pas qu'un pas de trop soit commis maintenant".

"Le personnel politique a été biberonné dans une ambiance bisounours"

Dominique de Villepin a affirmé que "la force ne permet pas d'assurer la sécurité d'un peuple". "Je ne suis pas du tout d'accord !" répond fermement le général Olivier de Bavinchove. Il "comprend que l'on puisse dire que la coexistence pacifique que nous avons mise en place, notamment en Europe, à la suite des conflits mondiaux, ne repose pas sur des relations de force". Mais "aujourd'hui, nous sommes rentrés dans un monde d'une extrême brutalité" assure-t-il.

"Ce ne sont pas les démocraties qui l'ont voulu, elles ont été assez bisounours" déplore le général. "Et leur personnel politique a été éduqué ou biberonné dans cette ambiance bisounours". "Nous rentrons dans un monde d'une très grande brutalité où les rapports de force seront d'abord ceux qui auront de l'influence et seront écoutés. On peut ne pas aimer cela, considérer que c'est un recul en arrière. C'est un fait et il faut en tenir compte. C'est ce que fait d'ailleurs la France, qui réarme très sérieusement depuis 2018, et qui a fait un effort budgétaire". "La France est toujours en capacité de se défendre militairement".

"Je n'imagine pas du tout que l'Ukraine perde la guerre"

L'Ukraine peut-elle perdre la guerre ? "Je ne l'imagine pas du tout !" déclare le général Olivier de Bavinchove. "Le soutien que reçoit l'Ukraine est extrêmement important. Mais que la situation se fige, que les Russes ne puissent pas relancer d'offensive et que les Ukrainiens ne disposent pas des capacités suffisantes pour porter des coups décisifs, ferait que nous arriverions à une situation plus ou moins figée".

"Le problème est combien de temps va durer cette situation figée, avec les conséquences que cela entraînera sur les relations internationales. Sur l'équilibre entre l'est et l'ouest de l'Europe  et sur les relations économiques et culturelles". "Ce qui s'est accumulé en termes de haine et de destruction est d'une telle nature qu'on pourrait se trouver face à une situation gelée comme à Chypre qui pourrait durer des années, sans qu'une solution pertinente ne se dégage".

Retrouvez "L’invité politique" chaque jour à 8h30 dans le Grand Matin Sud Radio avec Jean-Jacques Bourdin

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