La grève à la RATP sur fond d'inflation et de revalorisation des salaires, les réformes de l'assurance-chômage et des retraites, la régularisation des travailleurs immigrés... Olivier Dussopt a répondu aux questions de Patrick Roger.
RATP : la grève "vient aussi perturber la vie, le quotidien de Français qui travaillent"
Les syndicats de la RATP ont lancé un mouvement de grève pour jeudi 10 novembre 2022 qui cause de nombreux problèmes de circulation. La quasi-totalité des lignes sont perturbées, quand elles ne sont pas totalement à l’arrêt. "La grève est un droit", tient à rappeler Olivier Dussopt, ministre du Travail. "Le droit de grève existe, et nous le respectons évidemment."
La mobilisation se fait sur fond de baisse du pouvoir d’achat et de demande d’augmentations de salaires. "C’est une entreprise au sein de laquelle les salaires ont été augmentés", tient néanmoins à préciser Olivier Dussopt. "D’un peu plus de 5% cette année." Une augmentation qui n’est pas totalement en salaire, puisqu’elle inclut des primes.
Selon le ministre, "c’est une revalorisation qui est correcte". Or, la grève "vient aussi perturber la vie, le quotidien de Français qui travaillent et qui n’ont pas forcément eu les mêmes revalorisations".
Fin des régimes spéciaux de retraite de la RATP ou la SNCF : il faut prendre en compte la pénibilité "en fonction de ce que vous faites au quotidien"
La mobilisation massive pourrait s’expliquer également par la remise en cause des régimes spéciaux de retraite, dans le cadre de la réforme des retraites. "Les grèves préventives, ça n’a jamais été ma tasse de thé", souligne le ministre du Travail. "Nous sommes dans les discussions" sur la réforme des retraites, confirme-t-il. Les régimes spéciaux, comme ceux de la RATP ou encore la SNCF, "c’est un cycle de discussions que nous ouvrirons".
"On cherche systématiquement à équilibrer, mais aussi à trouver l’équité", explique Olivier Dussopt. "Les régimes spéciaux apportent un certain nombre d’avantages, de conditions favorables, qui ne dépendent pas forcément des fonctions exercées." Or, la réforme des retraites, selon lui, vise à "prendre en compte la pénibilité" ou encore les "carrières longues". "Mais en fonction de ce que vous faites au quotidien."
Les sénateurs voulaient "sanctionner des salariés qui refusent deux CDI dans l’année"
La réforme de l’assurance chômage suit son cours, avec l’adoption d’un texte en commission mixte paritaire le 9 novembre 2022. "Ce texte, il est arrêté, il est écrit, il ne bougera plus", précise Olivier Dussopt. Il reste à être adopté définitivement par le Parlement, ce qui ne devrait pas faire de doutes du fait de l’accord en commission. Dès cette adoption "le texte pourra entrer en application".
Parmi les points qui font débat, il y a la perte d’indemnisation en cas de refus de deux CDI en un an. Les CDI doivent être proposés à la suite d’un CDD ou d’un contrat en Intérim, sur le même poste et sur le même lieu. "C’est une demande très forte des sénateurs", explique le ministre du Travail, du Plein emploi et de l’Insertion. Ces derniers voulaient pouvoir "sanctionner des salariés qui refusent deux CDI dans l’année".
L’entreprise devra alors prévenir Pôle emploi, à la fin d’un CDD, du refus en question. "Aujourd’hui, Pôle emploi ne sait pas si vous avez refusé un CDI." Néanmoins, pour avoir le détail de la mesure, il faudra attendre. "Un décret est prévu pour préciser les choses", explique Olivier Dussopt.
En France, il y a "des travailleurs étrangers en situation irrégulière, et qui travaillent", confirme Olivier Dussopt
Le gouvernement a également proposé de faciliter la régularisation de certains immigrés qui travaillent déjà sur le sol français. Une réforme qui, sans surprise, a reçu de vives critiques de la droite et, surtout, de l’extrême-droite. La droite, notamment, dénonce "un nouvel appel d’air" pour l’immigration. Mais ce n’est pas l’avis d’Olivier Dussopt : "la droite se trompe quand elle dit ça". "Et la droite passe à côté de deux sujets."
En premier lieu, explique le ministre du travail, il y a "les difficultés fortes de recrutement dans un certain nombre de secteurs". Or, en France, il y a "des travailleurs étrangers en situation irrégulière, et qui travaillent". Le gouvernement assume donc vouloir "faciliter la régularisation de ceux qui travaillent". Un nombre très petit, "quelques milliers de personnes", souligne Olivier Dussopt.
"Il n’y a pas de risque d’appel d’air : ce sont des personnes qui sont déjà en France." Car d’un autre côté, le gouvernement vise à être "plus ferme" sur les décisions concernant les étrangers en situation irrégulière, et notamment les expulsions.
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