La grève des contrôleurs SNCF, la fast-fashion, les pesticides... Christophe Béchu a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin.
Grève SNCF : "Ce n’est pas toute l’entreprise qui se met en grève"
Alors que se profile un week-end de chassé-croisé pour les vacances d’hiver 2024, les contrôleurs de la SNCF ont maintenu la grève annoncée. Résultat : la SNCF prévoit de supprimer environ la moitié des trains. Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires rappelle que "ce n’est pas toute l’entreprise qui se met en grève". "Ce sont les contrôleurs appartenant aux syndicats SUD-Rail et CGT !" Pour le ministre, qui, comme une large partie de la population et des responsables politiques ne soutient pas la grève, "empêcher des milliers de Français de partir en vacances, de se retrouver" pour défendre des mesures qui ne sont pas "sociales" mais "catégorielles", "ça n’est pas un service à rendre à la SNCF". Une telle décision n’est "ni digne, ni responsable", juge Christophe Béchu.
Grève des contrôleurs : "Ce n'est ni digne, ni responsable. Empêcher des français de partir en vacances et de se retrouver, ce n'est pas un service à rendre à la SNCF", selon @ChristopheBechu pic.twitter.com/XD5z0iWXOS
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"Je pense qu’il y a énormément de cheminots qui ont beaucoup de mal à comprendre que des organisations syndicales de cette maison décident de ce mode d’action à ce moment-là." Toutefois, le ministre assure que "le sujet ce n’est pas le droit de grève" mais "son éventuel abus".
Grève SNCF : vers une limitation du droit ?
Pour autant, le ministre ne s’avance pas sur un possible aménagement ou interdiction du droit de grève, en fonction de certaines conditions. Plusieurs idées sont discutées voire ont été déposées sous forme de projet de loi à l’Assemblée nationale et au Sénat. Légiférer sur le droit de grève est même devenu "un marronnier", pour le ministre. "Si certaines organisations syndicales pensent que c’est en multipliant les grèves pour des motifs dont l’opinion pense, à raison, que ce sont d’avantage des sujets catégoriels que des sujets d’intérêt général, nous ne pourrons pas faire l’économie de cette question", prévient-il.
Faut-il restreindre le droit de grève ?@ChristopheBechu : "Nous ne pourrons pas faire l’économie de cette réflexion" pic.twitter.com/MtoEDOi3mz
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Fast fashion : "En l’espace de dix ans, nous Français, on a augmenté de 30% le nombre de vêtements qu’on achète"
Autre sujet d’écologie qui inquiète : le phénomène de la fast fashion et la hausse de l’achat de vêtements en France, en particulier importés depuis la Chine par des entreprises comme Shein. "97% des vêtements, en France, que nous achetons, on les importe", affirme le ministre de la Transition écologique. "Le sujet, ce n’est pas seulement qu’on importe. C’est le type de vêtements qu’on importe." En particulier parce que le textile consomme énormément d’eau, ressource rare et qui se raréfie de plus en plus.
"En l’espace de dix ans, nous Français, on a augmenté de 30% le nombre de vêtements qu’on achète", dénonce Christophe Béchu. Avec des marques qui proposent des milliers de nouveaux produits chaque mois, et qui incite à la consommation massive avec des prix bas et une qualité sacrifiée. "Il y a une prise de conscience autour de tout ça", assure le ministre. L’objectif est donc de "moraliser cette ultra fast fashion", comme le veut une proposition de loi déposée par le parti Horizon dont est membre Christophe Béchu.
.@ChristopheBechu : "Nous devons arriver à moraliser l’ultra fast fashion. Nous allons agir et légiférer : 97% des vêtements que nous achetons en France sont importés, avec un trop fort impact écologique" pic.twitter.com/DfAa5OuGwJ
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Il ne s’avance toutefois pas sur ce qui sera décidé pour cette moralisation. Parmi les idées évoquées, un affichage environnementale ou encore un bonus-malus à l’achat. "On va agir parce qu’on ne peut pas continuer à regarder un scandale" sans rien faire, assure-t-il.
Cumul des mandats : "On doit aujourd’hui permettre à nouveau à des femmes et des hommes qui exercent des mandats exécutifs de pouvoir exercer des responsabilités parlementaires"
Sujet d’actualité également : la volonté de certains députés de revenir sur l’interdiction du cumul des mandats qui interdit à un député, par exemple, d'avoir des fonctions au niveau local. Le parti Horizon est le fer de lance de ce retour en arrière dans la législation. "Je pense qu’on est passés d’un extrême à l’autre", affirme le ministre de la Cohésion des territoires. "Aujourd’hui, vous n’avez pas le droit d’être adjoint au maire d’un village de 200 habitants et député."
"On doit aujourd’hui permettre à nouveau à des femmes et des hommes qui exercent des mandats exécutifs de pouvoir exercer des responsabilités parlementaires." Néanmoins, Christophe Béchu tient à préciser qu’une telle autorisation devra être limitée. Par exemple pour éviter que des maires de grandes villes ou des personnes ayant des mandats importants en profitent.
Mais rien n’est gagné : "ce n’est pas la position du gouvernement, c’est celle d’Horizons. Et c’est la mienne !"
Plan Écophyto en pause : la ligne rouge, "c'est la santé publique"
Afin de calmer les agriculteurs lors des manifestations de janvier 2024, le gouvernement a mis en pause le plan Écophyto. Un nouvel indicateur de l’usage des pesticides est attendu par les agriculteurs en amont de l’ouverture du Salon de l’agriculture à Paris le 24 février 2024. "Nous y travaillons", assure Christophe Béchu. "Des propositions seront faites aux organisations syndicales."
Réduire de moitié l'utilisation de pesticides@ChristopheBechu : "La trajectoire est maintenue. 97% des pesticides les plus dangereux ont été supprimés depuis 5 ans" pic.twitter.com/jIWHLMAmF0
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Le ministre tient toutefois à rappeler que "le Premier ministre n’a pas annoncé qu’on allait réautoriser des molécules" ni a "modifié les règles de distance d’épandage par rapport aux riverains". La ligne rouge, assure Christophe Béchu, "c’est la santé publique".
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