Grèves à répétition, simplification administrative, retraites, salaires des fonctionnaires, ZFE, laïcité : Laurent Marcangeli a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin.
Grèves : "Faire un préavis pour les départs en vacances, c’est carrément scandaleux"
Les contrôleurs SNCF ont déposé un préavis de grève pour les vacances scolaires et les jours fériés du mois de mai. Faut-il, comme en Italie, interdire les grèves et les transports pendant les vacances et les jours fériés ? Le ministre affirme être "toujours particulièrement subjugué par les dates choisies". "Faire un préavis de grève pour les départs en vacances, c’est carrément scandaleux." Il dénonce une stratégie de chantage syndical. "C'est une tactique qui consiste à obtenir ce qu'on a demandé par une forme de menace, oui". Qui pénalise "les familles qui veulent partir quelques jours".
SNCF : "Décider de faire un préavis de grève pendant les vacances, c'est scandaleux, c'est une forme de menace" pour le ministre @LMarcangeli pic.twitter.com/0Zc66Q6yCz
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Sur l’idée d’interdire les grèves pendant les périodes sensibles, il reste lucide. "À titre personnel, je suis favorable à la sanctuarisation de certains jours dans l'année". Mais "il y a un problème constitutionnel." Pour autant, il n’exclut pas des solutions. "Il faut mettre le paquet sur le service minimum", et surtout "en appeler à l’esprit de responsabilité". Il invite les délégués syndicaux à se comporter en citoyens responsables. "Quand on est père de famille, on peut aussi penser aux vacances des autres."
Grève des transports : "Je suis favorable, à titre personnel, à la sanctuarisation de certains jours dans l'année" révèle le ministre @LMarcangeli pic.twitter.com/cRyL5AKWEc
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Simplification administrative : "La France est obèse de sa bureaucratie. Nous avons créé de la mauvaise graisse"
La loi de simplification arrive le 8 avril en séance. "La France est obèse de sa bureaucratie !" affirme Laurent Marcangeli. "Mais pas de son administration" tient-il à préciser. "Nous avons au cours des dernières années créé de la mauvaise graisse. C'est-à-dire un excès de règles, de législations bavardes qui parfois se contredisent". Tous les gouvernements successifs ont accepté cette superposition.
Le ministre pointe également "les parlementaires, qui ne s'aperçoivent pas qu'on vote des lois parfois bavardes". Mais aussi "les règlements, les administrations qui créent par décrets des lourdeurs administratives". "Et il y a le sujet de la surtransposition de nos normes par rapport à ce qui est décidé à Bruxelles". "Tout cela crée une forme d'obésité dont je suis chargé d'être le régulateur dans le meilleur des cas".
"La France est obèse de sa bureaucratie. Nous avons créé de la mauvaise graisse" regrette @LMarcangeli pic.twitter.com/Vnc1R95kRN
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"Une trentaine de comités ont été supprimés en commission"
Les députés ont accepté en commission spéciale la suppression de dizaines de commissions et de comités administratifs consultatifs, dans le but de faciliter la vie des entreprises en France. "À ce stade lundi soir nous avons examiné l'article 1er du projet de loi de simplification de la vie économique. En commission, à ce stade, une trentaine de comités ont été supprimés par la commission en charge d'examiner le texte" annonce Laurent Marcangeli.
"Environ 360 comités existent dans notre pays" rappelle le ministre. Et "700 en 2017. On a quand même fait un effort de suppression et de régulation". "Il y avait environ 100 propositions de suppressions. Et vous avez eu quand même une trentaine de suppressions lundi soir" insiste-t-il.
Loi sur la Simplification : "Une trentaine de comités ont été supprimés en commission" indique @LMarcangeli pic.twitter.com/T0pONqg8QP
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"Je ne suis pas favorable à la création d’un Haut Conseil à la simplification"
Laurent Marcangeli a opposé une fin de non-recevoir à la proposition sénatoriale d’un Haut Conseil à la simplification. "Je pense qu’il y a déjà des instances qui existent et qui peuvent être chargées de cela", tranche-t-il. Le ministre préfère un contrôle triennal des comités et commissions existantes. "Si ça ne se réunit pas et que ça fait doublon, on supprime."
"Je ne suis pas favorable à la création d'un Haut Conseil à la simplification proposé par le Sénat" déclare @LMarcangeli pic.twitter.com/n5zp54zszn
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Il assume une approche pragmatique. "Quand il y a redondance, quand ça nuit à la lisibilité de l’action publique, on supprime." La méthode repose sur la fusion ou la disparition des structures inactives. Et pour ceux qui s’interrogent sur la CNDP (Commission nationale du débat public), il précise : "À titre personnel, une suppression ne me dérangerait pas". Même s’il se plie aux arbitrages gouvernementaux.
Retraites : "Je suis favorable à une part de capitalisation"
Sur la question des retraites, le ministre affirme une position claire : "Je suis favorable à une part de capitalisation, nous ne devons pas avoir de totem." Pour Laurent Marcangeli, le système actuel par répartition doit être "soutenable économiquement", citant un rapport de la Cour des Comptes qui prévoit un dérapage d’ici 2045. Il plaide pour la liberté : "Les Français qui souhaitent mettre de l’argent de côté pour leur retraite ne peuvent pas être blâmés."
Retraites : "Je suis favorable à une part de capitalisation, nous ne devons pas avoir de totem" pour @LMarcangeli pic.twitter.com/UOKbFuTXYf
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S’il se garde de critiquer le conclave des retraites lancé par le gouvernement, il rappelle avoir participé à la réforme de 2023 et reste attaché au dialogue social. Concernant l’âge de départ, il estime que le débat ne peut être tranché qu’après discussions avec les partenaires sociaux. Mais il ne cache pas son soutien à la réforme de 2020, avortée en raison de la crise sanitaire, qu’il juge "allant dans le bon sens".
"Beaucoup trop de fonctionnaires sont mal payés"
Interrogé sur les salaires dans la fonction publique, Laurent Marcangeli estime qu'"il y a beaucoup trop de fonctionnaires qui sont mal payés dans ce pays." Il cible en particulier les bas salaires. "À titre personnel, je pense que ce ne serait pas du luxe d’augmenter les bas salaires dans la fonction publique." Il dénonce une situation où "des femmes et des hommes gagnent 1.500 ou 1.600 euros par mois pour des fonctions qui sont parfois difficiles"
S’il reste prudent sur une éventuelle hausse du point d’indice, jugé "trop large", il appelle à une réflexion ciblée. "On ne peut pas dire à un jeune ‘rentre dans la fonction publique, tu vas être payé 1.500 euros jusqu’à la fin de ta carrière’." Le ministre souhaite donc un travail de fond sur la rémunération, sans pour autant s’engager sur un calendrier.
Vers des négociations salariales dans la fonction publique ? "Le dialogue social est lancé, beaucoup trop de fonctionnaires sont mal payés dans le pays" affirme @LMarcangeli pic.twitter.com/Uzk8cRqhnh
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"Oui au moratoire sur les ZFE"
Concernant les Zones à faibles émissions (ZFE), Laurent Marcangeli apporte un soutien clair à la proposition de loi transpartisane instaurant un moratoire de cinq ans. "Je suis favorable", affirme-t-il, bien que son territoire ne soit pas concerné. Il invoque le bon sens. "Il y a des Français qui n’ont pas le choix d’avoir une voiture ancienne pour aller travailler ou emmener leurs enfants à l’école."
Le ministre rejoint ici d’autres élus, y compris de la majorité, qui s’inquiètent de l’impact social des ZFE. Il soutient un report dans l’application des restrictions, le temps que des solutions de mobilité alternatives soient disponibles pour les ménages modestes.
"Il ne doit pas y avoir de revendications religieuses dans la fonction publique"
Sur la laïcité, Laurent Marcangeli est inflexible. "Un agent public n’a pas à manifester une opinion religieuse ou politique dans le cadre de ses fonctions", rappelle-t-il, avant d’ajouter : "Il doit être sanctionné dans ce cas." Même s’il dit ne pas y avoir été directement confronté, il confirme que des référents laïcité existent dans tous les services publics. "C’est un principe auquel je suis particulièrement attaché", insiste-t-il.
Le ministre réaffirme la nécessité de maintenir la neutralité de l’administration. "La laïcité est un voisin très proche du principe de neutralité", formule-t-il, en appelant à une vigilance renforcée sur ce sujet sensible dans les services de l’État.
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