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Guerre en Ukraine : "Non, le gouvernement ne soutient pas la saisie des avoirs russes" affirme Sophie Primas

Par Aurélie Giraud

Sophie Primas, porte-parole du gouvernement, était “L’invitée politique” sur Sud Radio.

Sophie Primas Ukraine
Sophie Primas, interviewée par Jean-Jacques Bourdin sur Sud Radio, le 12 mars 2025, dans “L’invité politique”.

Guerre en Ukraine, avoirs russes, défense européenne, Algérie : Sophie Primas, porte-parole du gouvernement, a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin.

Ukraine : "Il faut négocier des conditions de paix durable avec Poutine"

Un cessez-le-feu de 30 jours entre l'Ukraine et la Russie proposé par les Américains a été accepté par les Ukrainiens. Il manque l'accord de la Russie. "La marche la plus haute reste à faire" souligne Sophie Primas, à savoir "convaincre Monsieur Poutine". Pour la porte-parole du gouvernement, une paix durable ne peut être acceptée que si elle garantit la souveraineté de l’Ukraine, soutenue militairement et diplomatiquement par l’Europe. "Il ne peut pas y avoir d’accord possible sans l’avis de l’Ukraine" insiste-t-elle.

Elle rappelle que le président ukrainien Volodymyr Zelensky "a bien précisé dans ses négociations avec les États-Unis que les Européens devaient aussi être dans les négociations". Pour "l'acceptation d'une paix qu'on appelle durable, c'est-à-dire sans perspective pour les Russes de recommencer une invasion qui soit belliqueuse". Ce qui implique le maintien d’une armée ukrainienne opérationnelle. "L’Ukraine ne peut pas être démilitarisée", tranche-t-elle. "Une paix durable, c'est avec les Européens, mais c'est aussi avec une armée ukrainienne qui soit en capacité d'assurer sa propre souveraineté".

"Non, le gouvernement ne soutient pas la saisie des avoirs russes"

À l'occasion de l'examen à l'Assemblée nationale d'une proposition de résolution sur le renforcement du soutien à l'Ukraine, la question de la saisie des avoirs russes sera également débattue. Sophie Primas le dit sans ambiguïté : "non, le gouvernement ne soutient pas la saisie des avoirs russes". Pour l’exécutif, la saisie des plus de 230 milliards d’euros d’avoirs gelés "pose des risques systémiques majeurs". La porte-parole du gouvernement évoque notamment les conséquences que pourrait entraîner cette décision sur les investissements étrangers en France et en Europe : "Que peuvent imaginer ces pays-là si nous saisissons des avoirs russes à l'inverse du droit international ?"

Le gouvernement préfère pour l’instant s’en tenir à l’utilisation des intérêts générés par ces avoirs. "On utilise quand même les intérêts de ces avoirs aujourd’hui" rappelle Sophie Primas, citant les 200 millions d’euros mobilisés par Sébastien Lecornu pour l’Ukraine. Elle précise que "le président de la République et le Premier ministre ont demandé à Éric Lombard d’étudier plus en profondeur les conséquences d’une telle décision". "Le sujet, c'est quels sont les effets systémiques sur l'économie" insiste-t-elle. "Ça demande à être regardé".

"L’envoi de troupes en Ukraine n’est pas impossible" lorsque la paix sera retrouvée

Concernant la réunion exceptionnelle de plus de 30 chefs d’état-major à Paris, Sophie Primas explique que "l'objectif de la réunion est d'abord d'apporter notre soutien à l'Ukraine et savoir quels sont les besoins immédiats. Et ensuite de faire une stratégie qui soit une stratégie plus large, en assurant la souveraineté de cet État, mais aussi la souveraineté européenne au sens très élargi". Elle évoque "une nouvelle ère stratégique qui commence".

Si le président de la République a assuré qu’il ne s’agissait pas d’envoyer des soldats français à la guerre, l’option d’une "force internationale" n’est pas exclue, lorsque "la paix sera retrouvée aux conditions de l'Ukraine et bien sûr de la Russie". "S'il faut renforcer l'armée ukrainienne avec une force internationale, pourquoi pas" déclare-t-elle. "Il ne s'agit pas d'envoyer des soldats français à la guerre, il s'agit d'envoyer éventuellement une force internationale". Elle précise que "dans cette force internationale, il peut y avoir des soldats français".

"Je ne confirme pas le chiffre de 100 milliards d'euros pour le budget de la Défense"

Sur le budget de la Défense, Sophie Primas reste prudente sur les chiffres avancés pour la future loi de finances. "Je ne confirme pas le chiffre de 100 milliards d'euros pour le budget de la Défense" tempère-t-elle, tout en admettant que l’augmentation est inévitable. L’effort budgétaire, envisagé entre 3 et 3,5% du produit intérieur brut (PIB), est présenté comme une nécessité face aux enjeux stratégiques et géopolitiques actuels. "C’est probablement une décision à laquelle il faudra faire face pour assurer notre souveraineté" précise la porte-parole du gouvernement.

La trajectoire actuelle prévoit un budget de 67 milliards d’euros pour 2030, mais le gouvernement envisage d’accélérer cette montée en puissance. "Quand on monte d’un point de PIB, ce n’est pas un effort démesuré et inatteignable" affirme Sophie Primas. Avec une industrie de l’armement "exceptionnelle", la France dispose selon elle des moyens de soutenir cette ambition sans compromettre la maîtrise des comptes publics. Elle insiste néanmoins : "tout cela doit se faire sans oublier notre déficit, qui est aussi une question de souveraineté économique".

Algérie : "Bruno Retailleau et Emmanuel Macron sont sur la même ligne"

L’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, arrêté à Alger, est-il détenu arbitrairement ? "Il est détenu contre toutes les règles du droit international" déclare Sophie Primas, avant d’ajouter : "donc on peut dire arbitrairement". Interrogée sur l’éventualité de sanctions contre l’Algérie, elle confirme que "la liste des OQTF est prête" et que des "mesures de riposte graduées", telles que la réduction des visas, sont envisagées. Des négociations sont-elles en cours pour obtenir sa libération ? La porte-parole du gouvernement assure que le président de la République et le ministre des Affaires étrangères "sont très impliqués", et que le dialogue reste ouvert, mais ferme.

Faut-il imposer un rapport de force ? Il existe des voix discordantes au sein du gouvernement. Bruno Retailleau affirme notamment que l'Algérie piétine le droit international. "Chacun est dans sa mission. La mission du ministre de l'Intérieur, c'est de faire appliquer la loi française et de faire appliquer éventuellement la loi internationale en ce qui concerne les retours. Donc sur cette question-là, l'Algérie ne répond pas au droit international". "Le ministre des Affaires étrangères et par extension le Premier ministre et donc le président de la République s'occupent des affaires étrangères, des relations avec les pays, et donc forcément leur mission est assez différente". Elle assure que "Bruno Retailleau et Emmanuel Macron sont sur la même ligne d'équilibre".

Retrouvez "L’invité politique" chaque jour à 8h30 dans le Grand Matin Sud Radio avec Jean-Jacques Bourdin

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