Nationalité française, droit du sol, justice des mineurs, crise de confiance démocratique en France, budget 2025, nomination au Conseil constitutionnel : David Lisnard a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin.
"Le problème, c’est l’automaticité de l’acquisition de la nationalité"
Sur le débat du droit du sol, relancé par plusieurs figures politiques, David Lisnard préconise une approche pragmatique : "Le problème, c’est l’automaticité de l’acquisition de la nationalité". Il prend l’exemple de Mayotte, où le droit du sol est perçu par les habitants comme une menace : "Nos compatriotes mahorais demandent eux-mêmes sa suppression, car ils voient leur territoire leur échapper".
Pour lui, la solution passe par un référendum permettant d’adapter les lois aux réalités locales : "Une nation doit pouvoir maîtriser son peuplement, sinon elle ne contrôle plus ni ses services publics, ni sa sécurité, ni son modèle social".
"La démocratie est en crise, mais c’est une crise de l'exécution"
L’enquête du CEVIPOF (Centre de recherches politiques de Sciences Po) révèle un profond malaise démocratique en France : seuls 18% des citoyens font encore confiance aux partis politiques. Pour David Lisnard, ce désintérêt ne vient pas d’un rejet de la représentation, mais d’un échec flagrant de l’exécution politique : "La démocratie, ce n’est pas seulement débattre, c’est prouver qu’elle fonctionne, qu’elle agit. Ce que les Français ne supportent plus, c’est le théâtre permanent, les postures et les éléments de langage".
Loin de minimiser les chiffres alarmants, il souligne la "tentation autoritaire" qui monte dans la population : "Quand la politique se réduit à de la communication, les gens finissent par souhaiter un homme fort qui tranche". Pour lui, la solution passe par la restauration d’une démocratie efficace et incarnée par des élus de terrain. 61% des Français font confiance à leurs maires, qui seraient les seuls à sortir du lot. "Nous sommes en prise directe avec la réalité du terrain" explique David Lisnard. "Nous sommes au contact des citoyens et devons gérer les problèmes concrets, sans pouvoir nous cacher derrière des discours creux ou des effets d'annonce".
.@davidlisnard : "Notre démocratie est en crise, (...) et c'est une crise de l'exécution. Les Français ne supportent plus les coups de com', ils ne veulent plus qu'on se foute d'eux" pic.twitter.com/mcSjD0WL0e
— Sud Radio (@SudRadio) February 12, 2025
"Un maire ne peut pas marier une personne en situation irrégulière"
Rebondissant sur la polémique autour du maire de Béziers, Robert Ménard, qui refuse de marier des individus sous Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF), David Lisnard se montre sans équivoque. "On demande aux maires d’appliquer une loi qui se contredit elle-même. On ne peut pas forcer un élu à unir une personne qui, par définition, ne devrait pas être sur le territoire" estime l'élu.
Avec la députée Alexandra Martin, David Lisnard a déposé une proposition de loi pour accorder aux maires le droit de refuser ces mariages. "Il ne s’agit pas de morale, mais de cohérence. Les Français n’acceptent plus ce double discours, et ils ont raison" martèle-t-il.
Un maire doit-il pouvoir refuser de marier une personne sous OQTF ? "Évidemment ! Il faut arrêter avec ce délire, on marche sur la tête ! (...) Je soutiens Robert Ménard, indépendamment de sa personne. Il faut arrêter d'être stupide" lance @davidlisnard pic.twitter.com/7SLtz9Q0Mb
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Justice des mineurs : "Il faut renverser la charge de l'excuse de minorité"
Face à l’augmentation de la délinquance juvénile, David Lisnard propose de modifier la législation sur la justice des mineurs. "Il faut renverser la charge de l’excuse de minorité au-dessus de 13 ans. Ce doit être au juge de justifier cette excuse, et non qu’elle soit automatique".
Il prône également une atténuation de peine limitée à 20%, ainsi que la création de véritables centres disciplinaires fermés pour les jeunes délinquants multirécidivistes.
"Je n'aurais pas voté le budget 2025"
Refusant d’apporter son soutien au budget présenté par le gouvernement, qu'il n'aurait pas voté, David Lisnard fustige une augmentation irresponsable des dépenses publiques. "35 milliards de dépenses supplémentaires, une dette qui enfle encore... C’est du grand n’importe quoi". Il compare la France à ses voisins européens : "Nous avons le taux de dépenses publiques le plus élevé du monde, et pourtant nos services se délitent".
"La solution, c’est de trancher dans la bureaucratie pour redonner des moyens à ceux qui agissent vraiment" affirme David Lisnard. S’inspirant de modèles internationaux, il préconise un plan de réduction des dépenses de 200 milliards d’euros, "juste pour revenir à la moyenne européenne".
"Non, je n'aurais pas voté le budget 2025. Il amplifie les causes du problème (...) Mais je n'aurais pas censuré le gouvernement" indique @davidlisnard pic.twitter.com/hIBrd8kSpN
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"Le Conseil constitutionnel doit être dirigé par des juristes, pas des courtisans"
Interrogé sur la nomination de Richard Ferrand à la présidence du Conseil constitutionnel, David Lisnard critique un système verrouillé. "Nous avons une concentration de socialistes dans les hautes institutions. Conseil d’État, Cour des comptes, Conseil constitutionnel... Ce n’est pas normal".
Pour lui, le Conseil constitutionnel a besoin de véritables juristes. "On a besoin de compétences et d’impartialité, pas d’anciens responsables politiques qui doivent leur nomination à la prescription". Il appelle à une réforme profonde du mode de nomination pour garantir l’indépendance de cette institution clé.
"Il faut une primaire à droite pour départager ceux qui veulent une vraie alternative"
Certains observateurs comparent David Lisnard à Javier Milei, le président argentin. "J'essaie d'être le David Lisnard français ! Mais oui, il faut trancher dans les dépenses publiques".""Je veux porter un projet fondé sur la liberté, l’ordre et l’unité nationale", répond-il. "Je ne cherche pas à imiter qui que ce soit, mais à proposer une vision ambitieuse pour la France".
David Lisnard est-il le Milei français ? "J'essaie d'abord d'être @davidlisnard, mais oui, il faut trancher dans les dépenses publiques" pic.twitter.com/AlCJ5mltIR
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Interrogé sur une possible candidature à la présidentielle, David Lisnard plaide pour une primaire de la droite ouverte à tous les candidats souhaitant défendre un projet clair. "Il faut une primaire pour départager ceux qui veulent une vraie alternative", estime-t-il. "Si Zemmour veut y participer, il peut. Je ne suis pas là pour exclure, mais pour construire une dynamique capable de porter un projet de redressement national". "Si demain je suis à 40 % dans les sondages, je ne la demanderai pas, mais aujourd’hui, c’est nécessaire".
.@davidlisnard : "Je me passerais volontiers d'une primaire à droite, mais je suis réaliste, (...) avec ceux qui veulent, même @ZemmourEric. La France doit retrouver une ambition collective, et j'ai l'impression d'avoir un projet qui peut y contribuer" pic.twitter.com/oT3ft3ZfVA
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Retrouvez "L’invité politique" chaque jour à 8h30 dans le Grand Matin Sud Radio avec Jean-Jacques Bourdin
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