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"Il faut un moment MeToo des violences racistes", juge Antoine Léaument

Par Aurélie Giraud

. "Je pense qu’il est plus que temps qu’il y ait aussi un moment MeToo des violences racistes" selon Antoine Léaument, député LFI de l'Essonne. Il était “L’invité politique” sur Sud Radio. 

Antoine léaument, censure, violences racistes
Antoine Léaument interviewé par Jean-Jacques Bourdin sur Sud Radio, le 17 avril 2025, dans “L’invité politique”.

Attaques contre le personnel pénitentiaire, censure du gouvernement Bayrou, violences racistes... Antoine Léaument a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin.

Lutte contre le narcotrafic : "Qu’il s’agisse de M. Darmanin ou M. Retailleau, il y a une forme d’inefficacité"

Plusieurs prisons et plusieurs membres du personnel pénitencier ont été ciblés par des attaques coordonnées sur le territoire français. L’alerte, dans le milieu pénitencier, est maximale, tandis que l’enquête, confiée au parquet antiterroriste, avance. La piste du narcotrafic serait privilégiée ; serait-il en train de défier l’État ? "Il faudrait savoir si c’est bien eux qui sont à l’origine de ces attaques de prison", rappelle Antoine Léaument, député LFI de l’Essonne. "Moi, je commence par dire mon soutien au personnel pénitentiaire."

"La question, c’est comment on lutte contre le narcotrafic", souligne le député qui tacle le gouvernement. "Qu’il s’agisse de M. Darmanin ou M. Retailleau, il y a une forme d’inefficacité", affirme Antoine Léaument. La raison ? La tendance "à se concentrer sur le bas du spectre", les petits dealers. Alors qu’il faudrait "frapper le haut du spectre". "Sur ce sujet-là, gouvernement après gouvernement, ministre de l’Intérieur après ministre de l’Intérieur, il y a eu une forme de délaissement."

Narcotrafic : "Comment on protège les personnels pénitentiaires à l’extérieur de ces super-prisons ?"

Les attaques pourraient avoir été lancées après les annonces de nouvelles mesures contre le narcotrafic, dont le statut de repenti ou encore les super-prisons pour les plus dangereux criminels. Un système inspiré de celui italien, qui ne convainc pas totalement Antoine Léaument. S’il est en faveur du statut de repenti, "une des seules mesures du texte sur le narcotrafic avec lesquelles j’étais en accord", il rappelle tout de même que ce statut prévoit des réductions de peine pour des criminels en échange d’informations.

Les super-prisons, "je ne suis pas d’accord", en premier lieu parce qu’il y a une question "de droits humains", explique le député LFI. Toutefois, ce qui l’inquiète c’est "qu’on concentre au même endroit des narcotrafiquants avec de très forts moyens corruptifs". Or, selon lui, ça va mettre en danger le personnel pénitentiaire, en particulier à l’extérieur. "Comment on protège les personnels pénitentiaires à l’extérieur de ces super-prisons ?", demande-t-il. Notamment des moyens de pression comme les menaces directes ou envers les proches.

Motion de censure : "On essaye de trouver le moment où elle a le plus de chances de passer"

Le Budget 2026 commence à être préparé, François Bayrou ayant annoncé qu’il en dévoilera les grandes lignes le 14 juillet 2025. Alors que l’austérité est de plus en plus la réalité des finances publiques françaises, la question d’une censure du gouvernement revient sur le devant de la scène. "Moi, j’ai essayé plusieurs fois" de censurer, rappelle Antoine Léaument. Et "de toute évidence, il y a des raisons de censure ce gouvernement sur la base de ces annonces".

Quand sera déposée cette motion de censure ? "On essaye de trouver le moment où elle a le plus de chances de passer." Mais il y a plusieurs difficultés, notamment liées à la fin des sessions parlementaires le 30 juin 2025.

Mais une autre option s’offre aux députés : la commission d’enquête sur l’affaire Bétharram devant laquelle François Bayrou, directement mis en cause, va devoir s’expliquer le 14 mai 2025. Pour Antoine Léaument, il n’y a "que deux issues". "Soit il ment pendant la commission d’enquête, soit il dit la vérité dans cette commission d’enquête et on constate qu’il a menti auparavant." Le député de l’Essonne estime qu’il "doit y avoir une motion de censure derrière".

1er mai : "c’est un jour qui est un jour sacré pour nous"

Les boulangers demandent l’autorisation d’ouvrir le 1er mai, jour férié historique. Une idée qui ne plaît pas, dans le principe, à Antoine Léaument qui juge que le 1er mai "c’est un jour qui est un jour sacré pour nous". "C’est la fête des travailleurs."

Au lieu d’en supprimer, il propose même d’en rajouter, notamment avec une proposition de loi qui demande un jour férié pour le 18 mars "qui est le point de départ de la Commune de Paris".

"Il y a un million d’actes racistes estimés dans notre pays"

Le débat sur le port du voile, notamment dans le sport, continue de diviser la classe politique, notamment depuis les prises de position très dures de Bruno Retailleau. LFI, de son côté, propose une commission d’enquête sur l’islamophobie. "L’objectif c’est d’essayer de comprendre ce qui se passe dans notre pays", explique le député de l’Essonne. Si "critiquer l’Islam fait partie du droit à critiquer les religions", Antoine Léaument rappelle qu’on "n’a pas le droit de s’en prendre à quelqu’un en raison du fait qu’il a une religion". Critiquer des musulmans n’est pas du tout "pareil" que critique l’Islam, souligne-t-il.

Le député rappelle que "c’est déjà puni dans la loi de menacer quelqu’un en raison de sa religion". Or, les statistiques sont formelles : il y a de plus en plus d’attaques contre les personnes croyantes, notamment les personnes de religion juives depuis la guerre à Gaza. "Il y a un million d’actes racistes estimés dans notre pays. Le nombre de plaintes qui sont déposées par an ? 12.000", détaille le député qui juge que le délit de violences racistes n’est pas suffisamment puni, toutes religions confondues.

Le député estime qu’il doit "y avoir une prise de conscience dans notre société" sur ce sujet, à la manière du mouvement MeToo sur les violences sexistes et sexuelles ou encore sur la pédophilie. "Je pense qu’il est plus que temps qu’il y ait aussi un moment MeToo des violences racistes."

Retrouvez "L’invité politique" chaque jour à 8h30 dans le Grand Matin Sud Radio avec Jean-Jacques Bourdin

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