État des lieux de l'agriculture française, souveraineté alimentaire, sécheresse, inflation : Marc Fesneau a répondu aux questions de Patrick Roger.
"Des éléments pour passer le pic de l'inflation"
Face à l'inflation, le gouvernement prépare "un dispositif qui sera calé sous quinzaine", annonce le ministre de l'Agriculture. Des mesures qui sont "en train d'être calibrées" permettant la mise en place "d'éléments pour passer le pic", dévoile Marc Fesneau. Pour lutter contre cette phase inflationniste consécutive à la guerre en Ukraine, le gouvernement penche "sur un panier d'inflation ou sur une garantie de stabilité de certains produits, à certaines conditions", poursuit le ministre.
Des aides qui doivent permettre une juste rémunération des producteurs. "Ce n'est pas la peine de parler de souveraineté si l'on n'est pas capable de rémunérer les producteurs au juste prix", estime Marc Fesneau. L'effort doit alors venir de la part des distributeurs.
"Toute goutte d'eau doit être utile"
Après un début d'année peu pluvieux, la France se prépare à une éventuelle sécheresse pour l'été, même si la semaine prochaine s'annonce plus humide. "Sur le court terme, il faut qu'il pleuve", estime le ministre qui souhaite "rester prudent". Sur le temps long, Marc Fesneau veut "utiliser l'eau sous toutes ses formes et avoir des systèmes économes en eau". "Toute goutte d'eau doit être utile", lance-t-il.
Le ministre de l'Agriculture invite à s'adapter, "à ne pas caricaturer le modèle mais le faire évoluer". Cela passerait par des évolutions d'assolements, comme l'élevage basé sur les prairies. "Il sera chahuté par le réchauffement climatique, peut-être que l'on aura besoin de maïs dans ces élevages", souligne Marc Fesneau. Le gouvernement compte encourager la réutilisation des eaux usées. "On utilise 1,8% des eaux usées, tandis que les Espagnols retraitent 18% de leurs eaux usées, les Italiens 15% et les Allemands 10%", note le ministre.
"On est un pays qui légifère trop"
De nombreux agriculteurs se plaignent des normes trop lourdes qui planent sur leurs exploitations. "Nous vivons collectivement avec des injections contradictoires", souligne Marc Fesneau qui remarque que "lorsqu'il y a un problème, on demande une loi". "On est dans un pays qui légifère trop", admet le ministre qui regrette que l'on pense "qu'on est un pays incapable de compromis et d'intelligence collective".
Au sein du marché unique européen, Marc Fesneau souhaite "veiller à ce que chaque norme soit équivalente à celle de nos voisins". "Quand vous décidez une norme en France, vous allez voir les autres pour leur imposer, il y a une forme d'arrogance et d'inconscience", constate le ministre de l'Agriculture. "Il faut un effort collectif, parfois de la règlementation, de la loi ou de la pratique", encourage-t-il.
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