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"J’ai été traité de traître par des militants LFI car j’ai parlé de gauche rassemblée" affirme Alexis Corbière

Par Aurélie Giraud

Alexis Corbière, député écologiste de Seine-Saint-Denis, fondateur de l'Après, était “L’invité politique” sur Sud Radio.

Alexis Corbière, LFI
Alexis Corbière interviewé par Jean-Jacques Bourdin sur Sud Radio, le 11 avril 2025, dans “L’invité politique”.

Union de la gauche, La France Insoumise (LFI), protectionnisme, politique internationale, guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis, procès de Marine Le Pen : Alexis Corbière a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin.

"J’ai été traité de traître par une centaine de militants LFI"

Alexis Corbière revient sur les sifflets et les huées subis lors de la manifestation du 7 avril dernier. "Oui, j’ai été traité de traître par une centaine de militants LFI car j’ai parlé de gauche rassemblée" affirme-t-il. "Au moins, j’ai fait rire Sébastien Delogu !" raille-t-il. Selon le député de Seine-Saint-Denis, ce rejet découle de son appel à "une candidature commune du Nouveau Front Populaire" pour la prochaine élection présidentielle. Pour lui, "le problème n’est pas de savoir qui est la plus belle tombe du cimetière électoral de la gauche, mais de savoir comment nous traçons un chemin de victoire".

"Je trahis quoi quand je dis qu’il faut rassembler la gauche ? Je veux l’union avec LFI", insiste-t-il. "L'extrême droite reste très forte" alerte le député. "Des sondages nous disent que si j'additionne Monsieur Dupont-Aignan, Monsieur Zemmour et le Rassemblement National, c'est 45% au premier tour. Et si la gauche est divisée, nous allons dans le mur". Alexis Corbière appelle à dépasser les querelles internes. "Ce n’est pas de savoir qui aura la plus belle tombe du cimetière électoral de la gauche, mais comment tracer un chemin de victoire".

"LFI n’est pas que la gauche"

Alexis Corbière refuse que la gauche soit réduite à un seul parti. "LFI n’est pas que la gauche !", martèle-t-il. "Jean-Luc Mélenchon a beaucoup de qualités, mais il n’est pas sûr qu’il soit le candidat qui puisse rassembler tout le monde. Est-ce qu’on peut en discuter ?" interrogé le député. Il appelle à une désignation collective, ouverte à plusieurs figures issues des différents courants.

"Je suis pour que François Ruffin s’avance et continue à dérouler", déclare-t-il. "Clémentine Autain a aussi des qualités". "J'ai une certaine sympathie pour Olivier Faure par exemple" Et "Marine Tondelier et Lucie Castets sont des personnalités intéressantes... Tous ces talents doivent tracer ensemble un chemin de victoire !"

"La France n’a pas à conditionner la reconnaissance de l’État palestinien à la reconnaissance d’Israël par les pays arabes"

Sur l’annonce d’Emmanuel Macron concernant la reconnaissance de l’État palestinien, Alexis Corbière salue l’intention, mais rejette la condition posée par le président. "Pourquoi mettre des conditions ? La France n’a pas conditionné sa diplomatie en fonction de ce que font d’autres pays". Il défend une position claire : "La reconnaissance de l’État palestinien est une étape importante vers la paix et une solution à deux États".

"Le Hamas est une réunification, évidemment que je ne soutiens pas, et qui participe à sa manière au malheur du peuple palestinien" tient à préciser Alexis Corbière. Pour autant, il dénonce la situation à Gaza, évoquant un "massacre" et "près de 20.000 enfants" tués. Pour lui, Benyamin Netanyahou incarne "un homme violent, d’extrême droite, qui est dans une fuite en avant". Il rappelle aussi que "la Cour de justice internationale a prononcé des choses très très dures contre Monsieur Netanyahou", et s’inquiète d’un cycle de haine irréversible si une solution politique n’est pas trouvée rapidement.

"Nous entrons dans un monde où le droit international ne compte plus"

Alexis Corbière brosse un tableau préoccupant du monde actuel. "Nous entrons dans un monde où le droit international ne compte plus", affirme-t-il. Il cite tour à tour Donald Trump, Vladimir Poutine, Xi Jinping et Benyamin Netanyahou comme les symboles d’une dérive autoritaire mondiale. "Si on le laisse faire, c’est un monde sans droits, sans règles, où c’est uniquement les puissants qui décident ce qu’ils ont à faire".

Face à cela, le député écologiste appelle à relancer le dialogue multilatéral et évoque la piste de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED). "Il y a un organisme qui existe depuis 1964, qui s'appelle la CNUCED, qui visait à bâtir des règles d’échanges commerciaux entre les pays. Il serait temps de le réactiver". Alexis Corbière propose une réponse globale, cohérente et coordonnée, refusant l’alignement sur les méthodes de Donald Trump. "Il ne s’agirait pas d’être plus Trump que Trump".

"Je suis favorable à des mesures protectionnistes. Il faut en finir avec la naïveté"

Interrogé sur la guerre commerciale Chine–États-Unis, Alexis Corbière affirme être "favorable à des mesures protectionnistes. Il faut en finir avec la naïveté". Il critique l’inaction européenne face à l’offensive industrielle chinoise et prend pour exemple le cas Vencorex, entreprise chimique stratégique récemment rachetée par un groupe chinois. "On laisse se désindustrialiser le pays" dénonce-t-il.

Pour lui, cette cession est un aveu de faiblesse de l’État. "Alors que l’occasion se présentait de récupérer dans un giron national une entreprise stratégique, on est restés les bras ballants". Il dénonce un double discours présidentiel : "Il y a des paroles présidentielles sur l’indépendance industrielle, mais une inactivité en vérité". Il rappelle que cette entreprise joue un rôle dans "notre indépendance sur le nucléaire, et même le nucléaire militaire".

Procès de Marine Le Pen : "Il y a eu enrichissement d’un clan !"

Concernant le procès des assistants parlementaires du RN, Alexis Corbière soutient la décision judiciaire ayant conduit à l’inéligibilité de Marine Le Pen. "Il y a eu un système de détournement d’argent public de 4,1 millions d’euros" affirme-t-il. Le député critique la stratégie de défense du RN : "Madame Le Pen m’est même venue dire que ce n’était qu’un désaccord administratif".

Il insiste sur la gravité des faits. "Il y a eu enrichissement d’un clan, qui s’est octroyé des salaires extrêmement significatifs. 9.000 euros de salaire, des mi-temps à 5.000 euros". Et de s’interroger : "Est-ce que les petites gens qui votent Rassemblement National acceptent qu’il y ait un système où un petit clan s’octroie de tels salaires ?"

"Quand Éric Ciotti va dans des cérémonies religieuses, il ne respecte pas la laïcité"

Sur la question de la laïcité, Alexis Corbière ne cède rien. Il affirme que certains élus à droite pratiquent une forme d’hypocrisie. "Quand Éric Ciotti, le 15 août, va dans des cérémonies religieuses pour faire de la drague électorale vis-à-vis de nos citoyens catholiques, il ne respecte pas la laïcité". Il critique aussi Robert Ménard. "Quand il organise une messe dans les arènes de Béziers avec le maire au premier rang, il ne respecte pas la laïcité".

Alexis Corbière reconnaît l’existence de "propos fanatiques" dans certains milieux musulmans, mais relativise leur ampleur. "Ceux qui disent que la charia doit être au-dessus des lois de la République, ils doivent être punis par la loi, mais c’est anecdotique". Il s’oppose à toute forme d’amalgame : "Il n’y a pas de religion anti-républicaine". Pour lui, la loi de 1905 doit s’appliquer "de manière égale à toutes les confessions".

Retrouvez "L’invité politique" chaque jour à 8h30 dans le Grand Matin Sud Radio avec Jean-Jacques Bourdin

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