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"Je n'en peux plus de l’atonie de l'Union européenne !" affirme Nathalie Loiseau

Par Aurélie Giraud

Nathalie Loiseau, députée européenne et Secrétaire nationale à l'international d'Horizons, était “L’invitée politique” sur Sud Radio.

Nathalie Loiseau Union européenne
Nathalie Loiseau, interviewée par Jean-Jacques Bourdin sur Sud Radio, le 15 avril 2025, dans “L’invité politique”.

Où est passée l'Union européenne ? Guerre en Ukraine, relations transatlantiques, droits de douane, Proche-Orient : Nathalie Loiseau a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin.

"Je n'en peux plus de cette atonie de l'Union européenne ! Quand est-ce qu'on agit ?"

"Je n'en peux plus de cette atonie de l'Union européenne !" commence par déclarer Nathalie Loiseau. "J'ai honte du comportement de certains Européens, en commençant par [la guerre en] Ukraine". Elle déplore une Europe "qui larmoie sur l’attaque à Soumy, mais qu’est-ce qu’on attend pour envoyer les munitions dont l’Ukraine a besoin ?". "Cela fait des semaines qu’il n’y a pas un euro d’aide supplémentaire !" dénonce-t-elle.

La députée européenne cible directement l’inaction des Vingt-Sept, dénonçant une habitude dangereuse. "En Europe, nous avons l’habitude d’attendre que les États-Unis s’occupent du monde à notre place". Or, face à un Donald Trump qu’elle décrit comme "main dans la main avec Poutine", l’inaction devient une mise en danger : "L’Ukraine va passer sous le bus !". Elle cite l’exemple de la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, à qui l’on reproche de "demander 2 millions de munitions supplémentaires pour l’Ukraine". Alors que, selon Nathalie Loiseau, "tout le monde peut comprendre à quel point c’est nécessaire maintenant".

"Giorgia Meloni part toute seule à Washington… c’est le Petit Chaperon rouge qui va se faire croquer !"

Nathalie Loiseau dénonce les divisions européennes, incarnées selon elle par la Première ministre italienne Giorgia Meloni. "Elle part toute seule à Washington… c’est le Petit Chaperon rouge qui va se faire croquer !", lance-t-elle. Cette démarche solitaire affaiblirait l’Europe dans ses négociations face aux grandes puissances. "Giorgia Meloni fait exactement ce que Donald Trump attend : elle divise les Européens", accuse la députée européenne. "Notre force, c’est d’être 450 millions d’Européens" affirme-t-elle.

La députée européenne regrette que d’autres chefs d’État suivent la même voie. "Regardez les Espagnols, les Irlandais… chacun y va de son côté." Pour elle, cette dispersion est le symptôme d’une absence de stratégie commune, dans un contexte géopolitique qui exige au contraire "que l’Europe parle d’une seule voix".

"Donald Trump ne croit pas à la démocratie, il est en route vers un régime autoritaire"

Interrogée sur l’évolution des États-Unis sous Donald Trump, Nathalie Loiseau se montre alarmée. "Donald Trump ne croit pas à la démocratie", affirme-t-elle. Elle revient sur le rôle de Trump dans l’assaut du Capitole et ses atteintes à l’indépendance de la justice, dénonçant "une tendance vers la dictature". Comparant le comportement de Donald Trump à celui de dirigeants européens controversés, elle insiste : "On est plus proche de Viktor Orbán et de ce qu’on appelle avec une espèce de pédanterie stupide la démocratie illibérale".

Nathalie Loiseau ajoute : "C’est plus qu’un mépris de Donald Trump et Vladimir Poutine [de l'Europe], c’est une crainte. Que sommes-nous que nous n’arrivons pas à incarner et à défendre ? Nous sommes des démocraties libérales, décidées à respecter l'État de droit". "Nous représentons quelque chose qui dérange Vladimir Poutine, la démocratie c'est tout ce qu'il déteste. Et aujourd'hui, la démocratie américaine est sérieusement malade".

Union européenne : "Apprenons à nous affirmer !"

Sur les droits de douane, notamment avec la Chine, Nathalie Loiseau salue une certaine prudence européenne. "Je pense que l’UE a raison d’avancer avec doigté", affirme-t-elle. Mais elle met en garde contre un excès de timidité. "J’espère que l’UE n’est pas en train de négocier la suspension des taxes sur les véhicules chinois". Pour elle, ces taxes sont justifiées s’il est établi que ces véhicules "bénéficient de subventions interdites".

La députée Horizons appelle l’Europe à "exiger de la réciprocité". "Les entreprises chinoises ont accès aux marchés publics en Europe. Est-ce que les entreprises européennes ont accès aux marchés publics en Chine ?". Elle conclut avec fermeté : "C’est le moment où la Chine a besoin de nous. Apprenons à nous affirmer !".

"Le gouvernement de Netanyahou entraîne Israël dans une course folle vers la guerre"

Interrogée sur la situation au Proche-Orient, Nathalie Loiseau critique avec virulence la politique israélienne actuelle. "Le gouvernement de Netanyahou entraîne Israël dans une course folle vers la guerre". Elle insiste sur les conséquences humanitaires : "Il y a au moins 50.000 morts à Gaza, et des morts dont on parle peu".

Nathalie Loiseau évoque également une possible "complicité" entre des membres du gouvernement israélien et le Hamas. "Il y a des questions qui se posent. Beaucoup d’Israéliens se les posent", estime-t-elle. La députée européenne cite les tentatives de Netanyahou de faire limoger le chef du Shin Bet, le service de renseignement israélien. "Benjamin Netanyahou a des comptes à rendre sur ce qui s’est passé", conclut-elle.

"Le peuple israélien ne peut pas être résumé aux dirigeants israéliens !"

Interrogée sur la demande de l’Espagne d’ouvrir un "débat" sur la participation d’Israël à l’Eurovision, Nathalie Loiseau exprime son désaccord avec force. Pour elle, une telle démarche est injuste et contre-productive : "Le peuple israélien ne peut pas être résumé aux dirigeants israéliens !". Elle insiste sur la nécessité de faire la distinction entre un gouvernement et sa population, rappelant que de nombreux Israéliens s’opposent à la politique menée par Benjamin Netanyahou.

Nathalie Loiseau condamne aussi les décisions de certaines institutions européennes, comme Sciences Po Strasbourg, qui souhaite suspendre les échanges avec les universités israéliennes. Selon elle, "Israël reste une des rares démocraties de la région", et il ne faut pas couper les liens culturels ou universitaires. "Couper les échanges, c’est le contraire de ce qu’il faut faire", affirme-t-elle, appelant à maintenir les ponts avec la société civile israélienne.

Géorgie : "Poutine 1, Europe 0"

Interrogée sur la situation en Géorgie, Nathalie Loiseau déplore l’inaction européenne face à la dérive autoritaire du gouvernement prorusse. "Poutine 1, Europe 0", résume-t-elle. Elle rappelle que cela fait "138 nuits que des manifestants pacifiques se rassemblent à Tbilissi", sans réaction ferme de l’Union européenne. La députée européenne décrit un régime "mafieux, pro-russe", accusé d’avoir "volé les élections" et de réprimer violemment la population.

Nathalie Loiseau critique vivement la réponse européenne. "Elle a suspendu les visas sur les passeports diplomatiques", une mesure qu’elle juge dérisoire. Elle pointe aussi la responsabilité de certains États membres, notamment la Hongrie, qui "comme d’habitude, est du côté des pro-russes". Et d’appeler la France à prendre ses responsabilités : "Le principal oligarque géorgien a la nationalité française, il a des propriétés en France. Vous ne croyez pas qu’on a des moyens de pression sur ce Monsieur-là ?".

Budget 2026 : "Quand on vit au-dessus de ses moyens, il faut commencer à se serrer la ceinture !"

Sur le budget 2026, Nathalie Loiseau appelle le gouvernement à sortir de l’attentisme. "Quand on vit au-dessus de ses moyens, il faut commencer à se serrer la ceinture !", affirme-t-elle. Elle critique l’inaction de l’exécutif : "D’ici à 2027, il n’y aura pas de grande décision, parce que vous avez une classe politique qui est incapable de s’entendre".

Interrogée sur François Bayrou, elle reste mesurée mais ferme : "Il est face à une situation politique impossible". Nathalie Loiseau juge que "les Français sont beaucoup plus lucides et mûrs que leur classe politique". "Si c’est la peur qui fait gouverner, on arrive à l’inaction. Et est-ce qu’on a les moyens de l’inaction ? Je ne crois pas".

Retrouvez "L’invité politique" chaque jour à 8h30 dans le Grand Matin Sud Radio avec Jean-Jacques Bourdin

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