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L'attaque du 7 octobre "a une dimension génocidaire et gynocidaire", selon Laurence Rossignol

Par Adélaïde Motte

L'attaque du 7 octobre "a une dimension génocidaire et gynocidaire", selon Laurence Rossignol, sénatrice PS du Val-de-Marne. Elle était “L’invitée politique” sur Sud Radio. 

Dimension gynocidaire du 7 octobre
Laurence Rossignol interviewée par Stéphanie de Muru sur Sud Radio, le 31 octobre, dans “L’invitée politique”.

Guerre en Israël et dimension gynocidaire de l'attaque du 7 octobre, avenir de la Nupes, loi immigration, constitutionnalisation de l'IVG : Laurence Rossignol a répondu aux questions de Stéphanie de Muru.

"Le viol est utilisé comme arme de propagande"

Dans toutes les questions que soulèvent la guerre en Israël, il en est une dont, selon Laurence Rossignol, on parle trop peu, c'est sa dimension gynocidaire. "Dans ce qui s'est passé le 7 octobre il y a la dimension gynocidaire, il y a l'usage du viol comme outil de soumission pour arriver à une épuration ethnique", affirme-t-elle. Elle parle même de "la consigne de violer qui a été donnée semble-t-il", alors que d'ordinaire, dans les conflits, les officiers supérieurs, politiques et porte-parole, sont plutôt ennuyés d'admettre que des viols ont été commis par leur camp. "Là le viol a été programmé, revendiqué." D'où la tribune parue dans le Nouvel Observateur et signée par plusieurs féministes, notamment Muriel Penicaud et Caroline Fourest : "ce que nous avons voulu dire avec cette tribune c'est que si on passe sous silence ce qui s'est passé ça aura des conséquences sur toute la planète."

Pour Laurence Rossignol, ce sujet est primordial. "Pour moi qui suis féministe c'est toujours important de revisibiliser ce qui touche spécifiquement les femmes", "il y a une non-considération de la spécificité du viol comme arme de soumission". Elle ajoute que "lorsqu'il s'agit de s'exprimer sur ce qui se passe il y a un malaise" car "les uns pensent que ce serait sous-estimer les conditions de vie des populations palestiniennes à Gaza". Pour Laurence Rossignol, certains ont des mots "qui n'ont pas lieu d'être", tel Aurélien Taché qui parlait lundi 30 octobre sur Sud Radio de "nettoyage ethnique" à Gaza. Pour Laurence Rossignol "ça minorise ce qui s'est passé le 7 octobre, il n'y a pas besoin d'employer ces mots-là pour demander une trêve humanitaire." Mais au-delà de la guerre des mots, le plus important est "la levée du blocus de l'information, nous avons besoin que des journalistes indépendants soient à Gaza, nous voulons savoir ce qui se passe autrement que par des canaux d'informations officiels ou de la propagande."

"Ca ne pose pas de problème [à Jean-Luc Mélenchon] de contribuer à libérer la parole antisémite"

Il y a eu une "importation en France du conflit israélo-palestinien", et Laurence Rossignol se dit "effondrée" que "des citoyens français vivent dans la peur en raison du fait qu'ils soient juifs." Elle précise néanmoins que cette situation ne date pas de l'offensive israélienne à Gaza le 28 octobre "les actes antisémites ont commencé le 8 octobre, le 7 octobre a libéré la parole et les actes antisémites". Dire le contraire est grave car "les gens qui visent à renvoyer tout dos à dos font reposer sur Israël la responsabilité des actes antisémites, or c'est une constante du discours antisémite. Les juifs sont toujours responsables des malheurs qui leur arrivent."  Or, certains politiques français portent une lourde part de responsabilité dans cette triste libération. "Tous les responsables politiques qui aujourd'hui refusent d'utiliser les bons mots pour qualifier ce qui s'est passé le 7 octobre, tous ceux-là contribuent à libérer la parole antisémite", Laurence Rossignol dénonce ainsi "certains responsables de la France insoumise qui se sont saisis du massacre du 7 octobre pour attiser dans notre pays la conflictualité" alors que "nous devons faire bloc."

Laurence Rossignol dénonce également Jean-Luc Mélenchon car "ça ne lui pose pas de problème de contribuer à libérer la parole antisémite." Jean-Luc Mélenchon est pourtant l'un des plus grands ténors de la Nupes, dont fait partie Laurence Rossignol ? "Je ne sais pas si la Nupes existe toujours", conteste-t-elle, "la Nupes c'est une affaire à l'Assemblée nationale et pas au Sénat", "quelle est son existence concrète je n'en sais rien, on n'a pas besoin d'être dans un même groupe pour voter ensemble." En tout cas, "je ne veux pas que Jean-Luc Mélenchon gouverne mon pays, je ne veux pas qu'il soit le candidat de la gauche, je ne veux pas qu'il soit au deuxième tour." "Jean-Luc Mélenchon peut toujours caracoler en disant qu'il est en tête, la question qu'il faut lui poser c'est est-ce que Jean-Luc Mélenchon a fait progresser la gauche, non, il n'a fait que faire progresser lui-même dans la gauche en siphonnant les autres formations de gauche. Jean-Luc Mélenchon, trois fois candidat, n'a jamais été capable d'amener la gauche au deuxième tour. Ce n'est pas le meilleur candidat pour battre Marine Le Pen au second tour."

En constitutionnalisant l'IVG, "la France renouerait avec son histoire de pays des droits humains"

La France doit également se concentrer sur plusieurs dossiers, dont deux concernent directement les femmes : l'écriture inclusive et la constitutionnalisation de l'IVG. Selon Laurence Rossignol "personne ne veut imposer l'écriture inclusive", "la droite a une petite fixette". "C'est une évolution de la langue et de la grammaire qui vise à faire cesser l'invisibilisation des femmes par la langue" car "il faut que les femmes jouent des coudes pour exister dans la langue française". "Il faut que tout le monde se calme sur l'écriture inclusive, avant on mettait des parenthèses, maintenant on met des points, il n'y a pas besoin d'en faire toute une histoire".

Laurence Rossignol a donc voté contre l'interdiction de l'écriture inclusive dans les documents administratifs et elle se prépare à faire de même pour la loi immigration. "Ce que l'on va avoir à voter au Sénat ce n'est pas le projet de loi du gouvernement, c'est le projet amendé par la droite sénatoriale, amendé par tout un tas de mesures supplémentaires qui n'ont pas lieu d'être." Quant à la possible constitutionnalisation de l'IVG, si Laurence Rossignol concède que le droit à l'IVG n'est pas menacé en France, elle affirme que "partout où les populistes arrivent au pouvoir, l'une de leurs premières cibles c'est les droits sexuels et reproductifs." Elle ajoute que, bien que Marine Le Pen ait affirmé que le droit à l'IVG n'était pas en danger en France, "dans son propre courant c'est historiquement des militants anti-IVG qu'il y a."

Retrouvez "L’invité politique" chaque jour à 8h30 dans le Grand Matin Sud Radio avec Jean-Jacques Bourdin

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