Le Budget 2025, le nouveau gouvernement Bayrou, la possible censure dès janvier 2025... Franck Allisio a répondu aux questions de Frédéric Brindelle.
Le Budget 2025 a été censuré "justement parce qu’il était trop à gauche"
Le Rassemblement national a permis la censure du gouvernement de Michel Barnier en s’alliant à la gauche. Franck Allisio, député RN des Bouches-du-Rhône, rappelle que le Budget 2025 du précédent gouvernement a été censuré "justement parce qu’il était trop à gauche". En particulier, l’augmentation d’impôts prévue de 40 milliards d’euros. De fait, pour le député RN, "Marine Le Pen est la personnalité politique qui a fait le plus baisser les impôts des Français" grâce à la censure. Ce qui s’applique de fait à tous les élus ayant voté la censure.
Le RN, sur le front économique, veut rehausser le pouvoir d’achat des ménages les plus pauvres. Mais comment ? "Ça veut dire ne pas augmenter les impôts", explique Franck Allisio. Toutefois, si contraints, il concède : "il vaut mieux évidemment demander un petit effort exceptionnel, transitoire, aux plus grands groupes et aux plus aisés". Mais "notre objectif, c’est zéro augmentation d’impôts et des économies".
Duo Darmanin-Retailleau au gouvernement : "Si ce ne sont que des ministres de la parole, alors ça ne sert à rien"
Le duo Darmanin-Retailleau, respectivement garde des Sceaux et ministre de l’Intérieur, semble être une perche tendue au RN. Mais pour Franck Allisio, c’est loin d’être gagné : "je suis très prudent". Il dénonce "la technique de communication très classique" appliquée par Gérald Darmanin qui consiste à agir rapidement mais surtout "le faire savoir". Un conseil de politique qu’aurait distillé Nicolas Sarkozy et que Gérald Darmanin "applique". "Ce ne sont que des effets d’annonce, c’est que de la communication. Maintenant, il va falloir des actes."
Bruno Retailleau aussi est vivement critiqué par Franck Allisio qui rappelle que le Rassemblement national avait fait des propositions sur les peines plancher et sur l’expulsion immédiate des délinquants en situation irrégulière. "Le gouvernement Barnier, qui s’exprimait par la voix du ministre de l’Intérieur, M. Retailleau, a voté contre. Alors que c’est du bons sens."
"Si ce ne sont que des ministres de la parole, alors ça ne sert à rien", analyse le député RN des Bouches-du-Rhône. "Il faut des actes, encore des actes, toujours des actes."
"Ceux qui s’offusquent qu’on garde la main sont ceux qui ont un problème avec la démocratie"
Éric Lombard, nouveau ministre de l’Économie, est plutôt ancré à gauche. Il a néanmoins promis qu’il écouterait toutes les formations politiques, et donc le RN dont le poids à l’Assemblée nationale a bondi lors des dernières législatives. Franck Allisio se dit, pour l’instant, satisfait de cette ouverture. "C’est la même démarche que le Premier ministre François Bayrou." Mais il prévient le ministre de l’Économie : "nous arriverons avec notre contre-budget".
Le parti d’extrême-droite conserve une influence majeure sur la politique française. "Ceux qui s’offusquent qu’on garde la main sont ceux qui ont un problème avec la démocratie". "La logique, c’est que le gouvernement discute avec nous" en tant que "premier groupe parlementaire" à l’Assemblée nationale.
Le gouvernement tiendra "aussi longtemps qu’il écoutera le premier groupe parlementaire"
L’avenir du gouvernement de François Bayrou reste très nuageux. Une première étape sera franchie le 14 janvier 2024, lorsque le nouveau Premier ministre fera son discours de politique générale. Il a déjà annoncé qu’il ne demandera pas la confiance du Parlement, ce qui pourrait recevoir comme réponse une motion de censure de la part de la gauche. La question reste entière : quelle sera l’espérance de vie de ce nouveau gouvernement ? Sera-t-il censuré dès début janvier 2024 ? Franck Allisio est clair : le gouvernement tiendra "aussi longtemps qu’il écoutera le premier groupe parlementaire", soit le RN. "On ne censurera pas a priori."
Mais François Bayrou sera sous surveillance : "si dans quelques semaines ou dans quelques mois, le gouvernement Bayrou a les mêmes défauts, la même absence d’écoute, que le gouvernement Barnier… et bien les mêmes causes donneront les mêmes effets".
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