Le Premier ministre toujours pas nommé, le Front Républicain, le Rassemblement national... Arthur Delaporte a répondu aux questions de Jean-Marie Bordry.
Premier ministre : "J’espère bien que le Président de la République va sortir du déni"
Avec la fin des Jeux Olympiques de Paris 2024 se termine aussi la "trêve olympique" voulue par Emmanuel Macron. Désormais, le Président de la République doit faire avancer la question du nouveau gouvernement et est attendu sur la nomination du nouveau Premier ministre. "J’espère bien que le Président de la République va sortir du déni dans lequel il a plongé le pays depuis un mois et demi", explique Arthur Delaporte, député socialiste du Calvados.
Le gouvernement est démissionnaire et ne doit s’occuper que des affaires courantes. Ce qu’il ne semble pas faire : "on peut être choqué qu’ils aient pris un certain nombre de nominations, de décisions… et qu’ils continuent à le faire".
La situation de conflit s’est étendue à l’exécutif : Gabriel Attal, Premier ministre démissionnaire, serait en froid avec Emmanuel Macron. "C’est déjà arrivé" ce type de situation, explique le député du Calvados. Mais c’étaient des "situations de cohabitation". Or, dans le cas présent, Emmanuel Macron et Gabriel Attal sont dans le même camp. "Ça peut causer quelques frictions."
Lucie Castets à Matignon ? "c’est la force majoritaire à l’Assemblée nationale, même en majorité relative, qui peut prétendre au gouvernement"
Le nouveau Premier ministre reste inconnu, tandis que Lucie Castets, candidate du Nouveau Front Populaire, continue d’être au centre du conflit. "Il y a, aujourd’hui, une réalité politique. C’est que l’Assemblée nationale est fragmentée." Alors que le parti d’Emmanuel Macron a chuté en nombre de députés, "la première force au Parlement, avec 193 députés, c’est le Nouveau Front Populaire", rappelle Arthur Delaporte. De fait, de ce "constat" et en prenant la tradition française qui dit que "c’est la force majoritaire à l’Assemblée nationale, même en majorité relative, qui peut prétendre au gouvernement", ce devrait bien être le Nouveau Front Populaire qui arrive à Matignon.
"Nous ne négocierons rien avec le Rassemblement national"
Lucie Castets a envoyé une lettre à tous les Parlementaires, sauf ceux du Rassemblement National, lettre cosignée par l’ensemble des chefs de groupe qui composent le NFP. Dans cette lettre, explique Arthur Delaporte, la prétendante à Matignon ne nie pas "le vote historique du Rassemblement National qui portait un certain nombre de problématiques". Dont certaines, comme le service public ou le pouvoir d’achat, sont portées également par le NFP.
Autre fait important que rappelle la lettre c’est que certains députés, dont celui du Calvados, ont été élus face au RN "dans une logique de Front Républicain". "Aujourd’hui, il y a une non-majorité du Rassemblement national aussi parce qu’il y a eu ce Front Républicain." Ce courrier propose donc : "Front Républicain à l’Assemblée nationale et préoccupations de tous les Français dans les politiques que nous mèneront".
Ce qui devrait se retrouver dans les débats à l’Assemblée nationale, selon Arthur Delaporte. "Nous ne négocierons rien avec le Rassemblement national parce que nous considérons que leur projet est dangereux pour la France."
"Le Rassemblement national instrumentalise la peur de l’immigration"
Un sujet de discorde clair entre le NFP et le RN est notamment celui de l’immigration. "Je considère que le Rassemblement national instrumentalise la peur de l’immigration", affirme Arthur Delaporte. Il rappelle d’ailleurs les prédictions complètement fausses de Laurent Jacobelli, porte-parole du RN, avant les JO. "Il disait ‘vous allez avoir des hordes de migrants qui vont débarquer sur Paris’". Une prédiction qui ne s’est clairement pas confirmée.
S’il refuse, de fait, le dialogue avec le RN, le député du Calvados lance un message aux électeurs RN : "vous vous trompez. Ceux qui sont là vous mentent. Ils instrumentalisent vos peurs".
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