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Lettre d’Emmanuel Macron : il "manifeste une forme de déni incroyable", déplore Ian Brossat

Par Jean Baptiste Giraud

Emmanuel Macron est "le premier responsable de la situation de chaos dans laquelle nous sommes" selon Ian Brossat, sénateur de Paris et porte-parole du PCF. Il était “L’invité(e) politique” sur Sud Radio. 

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Ian Brossat interviewé par Benjamin Glaise sur Sud Radio, le 11 juillet 2024, dans “L’invité politique”.

La lettre d'Emmanuel Macron aux Français, la question du Premier ministre, les élections, le logement... Ian Brossat a répondu aux questions de Benjamin Glaise.

Emmanuel Macron "a décidé de recourir aux urnes et ne tient pas compte du résultat des urnes"

Emmanuel Macron, le 10 juillet 2024, a envoyé une lettre aux Français, reprise par la presse et vivement critiquée par l’opposition. Au lendemain d’une élection législative à rebondissements, le président de la République estime que "personne ne l’a emporté". Fabien Roussel, sénateur de Paris, juge de son côté qu’Emmanuel Macron "manifeste une forme de déni incroyable". "On a un président de la République qui a décidé de recourir aux urnes et qui ne tient pas compte du résultat des urnes."

Or, souligne le sénateur, "le résultat des urnes est assez clair". Il explique qu’il y a eu un perdant, "le camp de la Macronie", dont le nombre de sièges à l’Assemblée nationale a été fortement réduit. Et dans les trois blocs les plus importants, le Nouveau Front Populaire "est arrivé en tête". "Nous disposons d’une majorité relative", déclare le porte-parole du Parti Communiste Français (PCF). "Par conséquent, c’est nous qui avons vocation à gouverner."


Emmanuel Macron : "Le premier responsable de la situation de chaos dans laquelle nous sommes, c’est lui"

Emmanuel Macron, dans sa lettre, assure que le Premier ministre sera nommé quand les partis auront trouvé des alliances et des compromis. "Je trouve que tout ça est quand même étonnant", souligne le sénateur. "Qui est à l’origine de ce grand désordre ? Qui a provoqué ce bordel dans lequel nous sommes aujourd’hui ? C’est le président de la République." En effet, souligne Ian Brossat, la dissolution n’était pas obligatoire. "C’est lui qui a choisi de dissoudre." De fait, "le premier responsable de la situation de chaos dans laquelle nous sommes, c’est lui."

Ian Brossat veut donc un gouvernement issu du NFP, avec un Premier ministre issu du camp majoritaire, "parce que c’est ce que les électrices et les électeurs ont décidé". Mais ce gouvernement doit apaiser, rassembler et pratiquer une démocratie sereine, notamment en faisant attention à ne pas utiliser à tort et à travers le 49.3 pour faire passer des textes.

"Le Parlement a été, depuis des années, brutalisé à coups notamment de 49.3 quasi-systématiques"

Le sénateur de Paris estime en effet que "si notre démocratie est aujourd’hui malade, c’est parce que le Parlement a été, depuis des années, brutalisé à coups notamment de 49.3 quasi-systématiques". Il estime que l’usage du 49.3 s’est banalisé, et que les macronistes n’essayaient "même pas de convaincre" l’opposition pour tenter de faire passer les textes. Toutefois, "je ne dis pas qu’on n’utilisera jamais le 49.3", souligne le sénateur. Mais "il faut le proscrire autant que faire se peut".


Choix du Premier ministre : "Nous ne serons jamais à l’origine d’un quelconque blocage"

Il reste la question de savoir qui sera le candidat au poste de Premier ministre pour le NFP, qui devrait être dévoilé vendredi 12 juillet 2024. Plusieurs noms circulent, avec plus ou moins d’insistance. Pour le PCF, c’est Fabien Roussel qui s’occupe des négociations, en tant que secrétaire national du parti. Avec un mot d’ordre : "nous ne bloquerons aucun nom", assure Ian Brossat. Et ce afin qu’une proposition puisse être faite "au plus vite". "Nous ne serons jamais à l’origine d’un quelconque blocage."

"Je suis favorable à une réflexion sur la proportionnelle"

Si la situation est chaotique, c’est aussi à cause du Rassemblement national qui tente d’affirmer que l’élection lui aurait été volée à cause des désistements au second tour. Et, dans les chiffres, il y a un problème lié au mode de scrutin : le RN a effectivement obtenu plus de voix que le NFP, mais moins de députés. "On peut avoir une réflexion sur le mode de scrutin", affirme le sénateur de Paris. "Je suis favorable à une réflexion sur la proportionnelle" qui est, selon lui, "un mode de scrutin plus juste".


"Le Parti Communiste s’est d’ailleurs toujours battu pour la proportionnelle, il n’y a pas de raisons qu’on change d’avis sur le sujet."

Logement : les maires qui ne respectent pas la loi SRU "se comportent comme des délinquants"

La question du logement, que Ian Brossat connaît bien en tant qu’ancien adjoint au Logement de la Mairie de Paris, le NFP a plusieurs propositions. Deux, en particulier, inquiètent les propriétaires immobiliers.

La première est la réquisition de logements vides pour loger les sans-abri. "On a, notamment dans nos grandes métropoles, de plus en plus de logements vides d’un côté, de plus en plus de personnes à la rue de l’autre." Une situation "indigne" pour la France, estime le sénateur communiste. Il rappelle que "la loi, depuis d’ailleurs l’appel de l’Abbé Pierre, prévoit la possibilité de réquisitionner des logements vacants". Mais pour Ian Brossat, il faut "commencer par les bâtiments vacants", comme des immeubles de bureaux ou des hôtels. Il explique que la loi prévoit une compensation pour les propriétaires, mais aussi l’obligation de remise en état des lieux. "Personne ne peut admettre qu’on ait ces bâtiments vides alors qu’autant de gens dorment dehors", souligne-t-il.


La seconde mesure, c’est l’interdiction des expulsions locatives pour loyers impayés sans proposition de relogement. Une mesure qui, explique Ian Brossat, ne concernerait que les personnes "de bonne foi", c’est-à-dire celles qui subissent l’impossibilité de payer et non celles qui ont fait le choix de ne pas payer les loyers. Pour ces ménages, "la priorité, ce n’est pas de les expulser, la priorité c’est de les reloger". "Ce que nous souhaitons, nous, c’est qu’elles aient accès à un logement social." Ce qui implique d'en construire. Le sénateur de Paris ne manque pas de lancer une pique aux maires qui ne respectent pas la loi SRU : ils "se comportent comme des délinquants puisqu’ils assument de ne pas respecter la loi. La loi, ça vaut pour tout le monde".

 

Retrouvez "L’invité politique" chaque jour à 8h30 dans le Grand Matin Sud Radio avec Jean-Jacques Bourdin

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