La crise politique, le risque de censure du gouvernement, les difficultés du secteur immobilier et du logement... Valérie Létard a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin.
"Vous ne croyez pas que cette inquiétude générale qui pousse derrière tout cela n’amène pas, justement, une aggravation de la situation ?"
La crise politique semble inévitable alors que le gouvernement Barnier est menacé de censure et que les appels se multiplient pour une démission d’Emmanuel Macron. Le Budget de la Sécurité sociale pour 2025, adopté en Commission Mixte Paritaire, reviendra sur les bancs de l’Assemblée nationale lundi 2 décembre 2024. Si le gouvernement utilise le 49.3, le dépôt d’une motion de censure est garanti, et son adoption plus que probable en cas de vote du Rassemblement national. "Nous ne sommes pas restés les bras croisés", assure Valérie Létard, ministre du Logement, qui rappelle que Michel Barnier lui-même déclarait son budget "perfectible".
La censure du gouvernement pourrait-elle conduire à la démission d’Emmanuel Macron ? "Je ne pourrais pas vous donner la réponse", admet la ministre. Toutefois, elle confirme que "tous les champs sont possibles".
Une telle situation, pour Valérie Létard, inquiéterait le monde économique, les marchés financiers et les ménages : "Est-ce que je vais acquérir un logement demain ?" se demanderaient alors les Français. "Vous ne croyez pas que cette inquiétude générale qui pousse derrière tout cela n’amène pas, justement, une aggravation de la situation ?"
La ministre est claire : une chute du gouvernement, et encore pire la démission du Président, "dégraderait encore la situation" dans le monde du Logement. "Oui", répond-elle à la question de savoir si ce serait une catastrophe.
Hébergement d'urgence : "Il manquait 250 millions pour assurer à toutes les structures" dans le Budget
Le système français est conçu pour éviter le "shutdown", crainte première des Américains lors d’un blocage du Budget. En France, si le Budget 2025 est rejeté, ce sera le Budget 2024 qui sera repris, avec très peu de modifications possibles. Un véritable problème pour les projets de la France, notamment sur le logement. L’hébergement d’urgence en serait une des premières victimes : le ministère du Logement a augmenté de 250 millions d’euros le budget de ce dernier dans le cadre du projet de loi de Finances 2025. "Il manquait 250 millions pour assurer à toutes les structures" un financement complet sur l’année. "S’ils n’y sont plus, comment on aide jusqu’au bout de l’année 2024 les associations et toutes les structures qui hébergent tout ceux qui sont à la rue ?"
Parmi ces personnes, entre 2.000 et 3.000 enfants, selon les recensements. Ce qui explique entre autres que la ministre du Logement veuille maintenir les "203.000 places d’hébergement d’urgence".
Logement : "On pourrait augmenter de 50 % le nombre de bénéficiaires" du PTZ
L’accès au logement devient de plus en plus compliqué pour les Français, entre hausse des taux bancaires, inflation et chute de l’offre. Le gouvernement veut notamment travailler sur le Prêt à Taux Zéro qui pourrait être élargi pour les ménages modestes. "On pourrait augmenter de 50 % le nombre de bénéficiaires", soit 60.000 bénéficiaires sur l’année, assure Valérie Létard. Et notamment aider "15.000 primo-accédants supplémentaires".
Pour les ménages aisés, la question de la fin du dispositif Pinel pour l’achat locatif reste entière. "Sur l’année 2025, en accord avec la FPI (Fédération des promoteurs immobiliers", le gouvernement pense à proposer la possibilité de faire une donation nette de succession. Une proposition qui serait faite aux parents et aux grands-parents, à hauteur de 100.000 euros maximum par donation et trois donations maximum par enfant. "Sans frais de succession", explique la ministre. "On peut aller jusqu’à 300.000 euros, parce que ça peut aller jusqu’à trois donateurs", toujours uniquement en cas de projet immobilier et "pour acquérir un bien neuf". Un dispositif qui serait uniquement en place en 2025, avant l’entrée en vigueur d’un autre dispositif qui est toujours en cours d’étude. "Un statut de bailleur privé", détaille la ministre.
Logement : un maire "pourra faire en sorte que certaines parties de son territoire ne soient pas éligibles au Airbnb"
Pour réduire la tension locative en France, qui a explosé avec une baisse des biens proposés en location longue durée de 22 % en France, le gouvernement veut renforcer la lutte contre les locations courte durée touristiques style AirBnb.
"Le locatif touristique de courte durée a fortement impacté la location longue durée", confirme Valérie Létard. Avec la loi Le Meur, qui réduit l’abattement fiscal pour la location courte durée, il y a là une première réponse. "Et on a donné des outils aux maires, pour pouvoir réguler la place du locatif meublé touristique de courte durée dans leur territoire." Elle assure qu’un maire "pourra faire en sorte que certaines parties de son territoire ne soient pas éligibles au Airbnb".
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