La présence de Lucie Castets à Matignon, l'instabilité politique, le profil du nouveau Premier ministre... Loïc Hervé a répondu aux questions de Jean-Marie Bordry.
Lucie Castets et le NFP reçus à l'Élysée : "le Nouveau Front Populaire n’est pas en mesure de présenter 289 députés"
Ce vendredi 23 août 2024, Emmanuel Macron va commencer les consultations des chefs de parti en vue de la nomination, qu’il a assuré rapide, du nouveau Premier ministre. Le Nouveau Front Populaire, avec Lucie Castets, sera le premier à être reçu à l’Élysée, mais la présence de la candidate à Matignon fait débat. Marine Le Pen, notamment, a critiqué cette invitation parce que Lucie Castets n’a pas de mandat législatif. "Ce n'est pas à Marine Le Pen de définir qui est reçu à l’Élysée", tacle d’emblée Loïc Hervé, sénateur Union centriste en Haute-Savoie. "Le président de la République a visiblement invité Mme Castets dans la délégation de la gauche", souligne-t-il.
La présence de Lucie Castets à l’Élysée relance la question de la légitimité du NFP à diriger le pays. Le NFP est en effet arrivé premier au deuxième tour des législatives. "Le résultat des élections est ce qu’il est", concède Loïc Hervé. "Mais il faut préciser que le Nouveau Front Populaire n’est pas en mesure de présenter 289 députés."
Le sénateur explique en outre que le NFP a un "énorme problème" tout comme la gauche : La France Insoumise. "Depuis le résultat du deuxième tour des élections législatives, La France Insoumise et Jean-Luc Mélenchon passent leur temps à bordéliser la vie politique française."
"Dès lors que le gouvernement serait constitué avec des membres de La France Insoumise, le risque de censure est immédiat"
La possible présence d’un membre de La France Insoumise au sein d’un ministère est un problème pour le sénateur centriste. "Il y a une vraie difficulté avec l’idée même qu’un certain nombre de grands postes régaliens soient tenus par des gens qui sont des disciples de Jean-Luc Mélenchon."
Alors que le NFP est arrivé premier aux second tour des législatives, Loïc Hervé précise qu’il s’agit de la "proposition de coalition qui s’appelle le Nouveau Front Populaire" qui a gagné. "Mais on sait très bien que dès lors que le gouvernement serait constitué avec des membres de La France Insoumise, le risque de censure est immédiat." Et "ça, il faut en tenir compte", affirme le sénateur de Haute-Savoie.
"Si une alternative politique permet d’avoir un gouvernement qui nous permette de traverser cette période de crise politique et qui est plus stable, je pense que le président de la République aurait raison de se tourner vers cette autre option." Cette option, elle devrait passer par le centre, juge le sénateur centriste car ses collègues centristes sont "des gens qui sont attachés au compromis", à "la démocratie parlementaire" ou encore "au dialogue avec les collectivités locales". Alors que "le Parlement n’est pas affaibli mais, au contraire, renforcé" par cette incertitude politique, "on doit évidemment jouer un rôle".
Karim Bouhamrane à Matignon ? "Je n’ai pas envie de prendre le risque, pas plus que je n’aie envie de prendre le risque que Mme Castets soit nommée Première ministre"
Reste la question de savoir qui sera le Premier ministre de la France. Outre la proposition du NFP avec Lucie Castets, d’autres noms circulent comme Xavier Bertrand ou encore Bernard Cazeneuve. Mais aussi un autre outsider, Karim Bouhamrane (PS), qui a toutefois rejeté cette hypothèse pour se ranger derrière la candidate officielle du NFP. "Pour moi, c’est monsieur Nobody", déclare le vice-président du Sénat. "Je ne le connais pas ce monsieur." Or, ce dernier est encensé par la presse politique étrangère, notamment en Allemagne ou au Royaume-Uni.
"La question du profil du prochain Premier ministre est une question extrêmement importante", rappelle Loïc Hervé. "La personne nommée doit être une personne susceptible de créer une forme de rassemblement le plus large possible." Mais ce n’est pas tout, il devra également être en mesure de "gouverner le pays", rappelle le sénateur de Haute-Savoie. Selon lui, dans la situation actuelle, "une personne qui n’a pas de connaissances réelles de l’appareil d’État" ne serait pas en mesure de gouverner. "Je n’ai pas envie de prendre le risque. Pas plus que je n’ai envie de prendre le risque que Mme Castets soit nommée Première ministre."
"Je pense que le gouvernement qui doit sortir doit être un gouvernement de femmes et d’hommes expérimentés."
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