Nouveau livre, mobilisation contre la réforme des retraites, crise démocratique, vote RN, gouvernance d'Emmanuel Macron : Michel Onfray a répondu aux questions de Patrick Roger.
"Nombre de gens dans la rue ont voté Macron, victimes de cette propagande"
La onzième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, jeudi 6 avril, a donné lieu à des incidents, dont le début d'incendie de l'auvent de la brasserie de la Rotonde, à Paris. Un restaurant dans lequel Emmanuel Macron était venu fêter sa victoire au premier tour, en 2017. "C'est au-delà de la réforme des retraites, il y a une détestation du personnage", réagit Michel Onfray qui y voit une façon de dire "vous qui nous méprisez, on vous méprise".
La France plonge dans une crise démocratique. Si Laurent Berger en fait le constat, pour le philosophe, il fait aussi parti des responsables, "comme tous ces syndicats qui appellent à voter contre Marine Le Pen, et donc pour Macron". "Nombre de gens dans la rue ont voté Macron, pour un programme et l'ont mis en place, victimes de cette propagande", rappelle le fondateur de la revue Front Populaire.
Une "propagande" qu'il dénonce lors de l'entre-deux tours de la présidentielle, lorsque Emmanuel Macron se rend à Oradour-sur-Glane puis au mémorial de la Shoah à Paris. "On nous dit de ne pas voter pour Adolf Hitler, pour la division Das Reich, pour une fasciste, une antisémite", note Michel Onfray qui dit n'avoir jamais voté pour la candidate du Rassemblement national. "Où sont ses condamnations pour antisémitisme ?", s'interroge-t-il, toutefois.
"Je crois au peuple"
Dans un dernier sondage, Marine Le Pen sort renforcée de cette crise sociale. "Elle parle au petit peuple, elle a compris qu'il fallait jouer la carte de la retraite à 60 ans, du pouvoir d'achat", estime l'auteur du livre Anima (éditions Albin Michel). Mais pour sortir de la crise, Michel Onfray ne croit pas en l'homme providentiel. "Je crois au peuple", et particulièrement au référendum qui est "toujours la bonne solution". Mais le philosophe regrette que les gouvernements fassent "l'économie du peuple", comme lorsque le référendum de 2005 a rejeté le traité constitutionnel, avant d'être ratifié en 2008. "Ils font voter les prétendus représentants du peuple contre le peuple", s'insurge-t-il.
Dans la Ve République, le fondateur des Universités populaires observe la psychologie des gouvernants. "Il y a les fourbes, les cyniques, les couleuvres, les fainéants, les naïfs, les niais", liste-t-il. Selon lui, "Emmanuel Macron est un psychorigide" qui aime à dire "j'ai raison contre tout le monde". Lorsque le président de la République s'en va faire un tour de France pour un grand débat, "il va surtout parler aux Français, faire un monologue devant une assistance choisie par le préfet, il explique tout grâce à ses fiches", souligne le philosophe.
Pas question toutefois de changer de système politique. "La Ve République est formidable", explique Michel Onfray. "De Gaulle a estimé qu'il fallait garder la monarchie et la république", analyse-t-il. Seulement, à son regret, le chef de l'État ne prend plus les défaites comme des sanctions. "S'il perd un référendum, il reste. S'il perd les législatives, il invente la cohabitation", déplore l'écrivain qui observe "une rupture du lien social entre le peuple et son souverain".
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