Le nouveau gouvernement sans personnalités de gauche, le respect des résultats des législatives, le retour de Manuel Valls... Stéphane Troussel a répondu aux questions de Frédéric Brindelle.
Gouvernement Bayrou : "le président de la République aurait dû, au mois de juillet, appeler un Premier ministre de gauche"
Le nouveau gouvernement de François Bayrou, contrairement à ce que certains attendaient et espéraient, n’a pas été un gouvernement de coalition et de compromis, la gauche ayant été exclue. Un paradoxe, alors que l’Assemblée nationale est divisée en trois blocs. "Bien évidemment que nous n’y sommes pas", confirme Stéphane Troussel, président du département de Seine-Saint-Denis et porte-parole du PS. "Parce que les responsables du Parti Socialiste" ont rappelé à François Bayrou que "le président de la République aurait dû, au mois de juillet, appeler un Premier ministre de gauche". "De fait, il nie le résultat des élections législatives."
Stéphane Troussel souligne néanmoins que le PS a bien déclaré être "ouvert aux compromis" et qu’ils voulaient un "changement de cap" et pas de "passage en force". Pour le président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis, Emmanuel Macron, "en nommant François Bayrou" a décidé que "rien de son bilan depuis 2017 ne soit remis en cause".
"La réalité, c’est que le président de la République n’a jamais voulu nommer une personnalité de gauche à la tête du gouvernement"
La gauche, que Stéphane Troussel juge être en mesure de parler "d’une seule voix" comme elle le fait depuis quelques semaines, s’inquiète de la situation politique actuelle. "Ce qui fait la force du parti socialiste", juge le porte-parole du PS, c’est la "pluralité" des courants et des idées. Les demandes du PS à François Bayrou étaient simples : "pas être sous la tutelle de l’extrême droite", chose "ratée" ; de ne pas "passer en force", ce qui est déjà remis en cause puisque François Bayrou a déjà annoncé qu’il "pourra avoir recours au 49.3" ; et "un changement de cap politique". "Les premières déclarations du Premier ministre, c’est quand même le grand flou." "La réalité, c’est que le président de la République n’a jamais voulu nommer une personnalité de gauche à la tête du gouvernement" car ça aurait été "un changement de cap politique".
"À l’évidence, le président de la République a donné comme consigne à ce Premier ministre-là, comme au précédent, de ne pas changer de cap. Et donc c’est ce qui nous préoccupe." Selon Stéphane Troussel, "pour que les Français aillent mieux, il faut un certain nombre de changements dans un certain nombre de domaines".
Manuel Valls "a quitté les rives de la gauche depuis longtemps"
Manuel Valls est la grande surprise de ce gouvernement Bayrou. Repêché de manière inattendue, l’ancien Premier ministre qui a tenté une seconde vie politique à Barcelone, sans succès, est nommé ministre des Outre-Mer. "C’est nos amis espagnols qui en parlent le mieux", souligne Stéphane Troussel. El Pais a estimé que c’était une "nomination sortie de nulle part".
Après sa nomination, Manuel Valls a fait l’objet d’attaques très virulentes, notamment par un auditeur de France Inter qui a réussi à esquiver le filtrage du standard et l’a insulté en direct. Des insultes qui n’ont pas forcément été dénoncées par la gauche, bien au contraire. Des attaques contre la gauche de la part de la gauche ? Pas vraiment, pour Stéphane Troussel : "je pense qu’il a quitté les rives de la gauche depuis longtemps".
"Une de mes boussoles est la constance, la fidélité à des engagements, à des valeurs, à une famille politique", explique Stéphane Troussel. "Ce n’est pas être violent ou insultant que de dire que, par exemple, dès 2017 il a fait d’autres choix", analyse le porte-parole du PS au sujet du nouveau ministre des Outre-mer. "Au yeux à la fois des militants socialistes, des élus socialistes et de notre famille politique, des électeurs, il incarne une forme de trahison par rapport à ce que nous avons toujours été."
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