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"Marine Le Pen est une justiciable comme les autres" affirme Emmanuel Grégoire

Par Aurélie Giraud

Emmanuel Grégoire, député PS de Paris et candidat à la mairie de Paris, était “L’invité politique” sur Sud Radio.

Emmanuel Grégoire Marine Le pen
Emmanuel Grégoire, interviewé par Jean-Jacques Bourdin sur Sud Radio, le 31 mars 2025, dans “L’invité politique”.

Procès de Marine Le Pen, logement social, Donald Trump, ZFE, audiovisuel public : Emmanuel Grégoire a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin.

"Marine Le Pen est une justiciable comme les autres"

Interrogé sur le jugement attendu contre Marine Le Pen et plusieurs cadres du Rassemblement national (RN), Emmanuel Grégoire a rappelé avec fermeté les fondements de l’État de droit. "Il y a présomption d’innocence, c’est un principe sacré de la justice de notre pays", commence-t-il par rappeler. Pour autant, il estime que "Marine Le Pen est une justiciable comme les autres".

Pour le député socialiste, les conséquences politiques d’une éventuelle condamnation ne doivent pas influencer les magistrats. "Les juges doivent s’abstraire des conséquences et juger seulement les faits." Il dénonce clairement les tentatives de pression politique sur la justice, notamment en cas de possible inéligibilité. "Ce n’est pas au juge de se soucier de l’avenir politique de tel ou tel prévenu", insiste Emmanuel Grégoire. Il appelle à laisser la justice "travailler librement".

"L’argument de la politisation de la justice est utilisé ad nauseam par des délinquants"

À ceux qui dénoncent une prétendue instrumentalisation de la justice dans ce procès du RN, Emmanuel Grégoire répond sans détour. Selon lui, ce type de discours vise à délégitimer l’institution judiciaire. "Cet argument de la politisation de la justice est utilisé ad nauseam par ceux qui, a posteriori, sont des délinquants", tranche-t-il.

L’ancien adjoint à la mairie de Paris insiste : "Tous les gens qui ne commettent pas de bêtises ne disent pas que la justice est politique." Il rappelle par ailleurs l’existence de recours — appel, cassation, juridictions européennes — pour garantir l’impartialité du système. Un message clair à ceux qui, selon lui, refusent d’assumer leurs actes et cherchent à disqualifier les juges.

"Même si Marine Le Pen est empêchée, ses idées ne disparaissent pas avec elle"

Interrogé sur les conséquences démocratiques qu’entraînerait une éventuelle inéligibilité de Marine Le Pen, Emmanuel Grégoire balaie les inquiétudes. "Ce n’est pas injuste. Si elle a commis des fautes, elle les paye, elle en assume les conséquences prévues par la loi", affirme-t-il. Pour lui, il ne peut y avoir d’exception pour des responsables politiques, même de premier plan. "Chacun assume les conséquences de ses actes", rappelle-t-il avec insistance.

Mais le député socialiste ajoute que la portée politique d’un tel jugement ne serait pas forcément celle qu'on imagine. "Même si Marine Le Pen est empêchée de se présenter à la présidentielle, ses idées ne disparaissent pas avec elle", souligne Emmanuel Grégoire. "D’autres prendront le relais", prévient-il. "Il ne faut pas faire croire qu'avec la condamnation de Marine Le Pen, le Rassemblement National s'effondrerait".

Trump menace les entreprises françaises : "C’est une insulte à l’administration française"

Emmanuel Grégoire a également vivement réagi à la menace proférée par Donald Trump à l’encontre des entreprises françaises. L’ancien président américain a exigé qu’elles renoncent à toute politique de diversité, d’équité et d’inclusion sous peine d’exclusion des marchés publics américains. "C’est une insulte à l’administration française", s’indigne-t-il.

Le socialiste fustige une tentative de contamination idéologique. "Il n’est pas question qu’il y ait une contamination de la dérive idéologique de Trump en France" "par le milieu des affaires", avertit Emmanuel Grégoire. Il rappelle que la lettre adressée par l’ambassade américaine aux entreprises hexagonales est "totalement inacceptable sur le plan moral et juridique". Et souligne que les politiques inclusives visées par Trump — handicap, lutte contre les discriminations, représentation — sont au cœur de la cohésion sociale.

Fin du logement social à vie : "Cette proposition de loi est populiste et démagogique"

Emmanuel Grégoire rejette avec force la proposition de loi portée par le député Guillaume Kasbarian, qui vise à mettre fin au "droit au maintien à vie" dans le logement social. "Cette proposition de loi est populiste et démagogique. Nous allons la dénoncer", affirme-t-il.

Le candidat à la mairie de Paris s’alarme d’une logique d’exclusion qui "chasserait les classes moyennes de l’habitat social", au détriment de la mixité sociale. Pour Emmanuel Grégoire, le logement social ne doit pas devenir "l’incarnation d’une trappe à pauvreté". Il doit au contraire rester un outil de stabilisation et de diversité dans les quartiers. Il rappelle que des dispositifs existent déjà pour ajuster les loyers en fonction des revenus, sans pour autant exclure les habitants. "Ce texte entraînerait des dégâts sociaux immenses", prévient-il.

"Je suis contre la suspension des ZFE"

La question des Zones à Faibles Émissions (ZFE), critiquées pour leur impact sur le pouvoir d’achat, a également été abordée. Alors que la suppression ou la suspension de ces zones est à l’ordre du jour à l’Assemblée nationale, Emmanuel Grégoire défend leur utilité. "Je suis contre la suspension des ZFE", affirme-t-il sans ambiguïté.

Selon lui, ces zones sont mises en place "pour les classes populaires", car ce sont elles qui subissent en premier les effets de la pollution de l’air. Toutefois, il admet la nécessité de mesures d’accompagnement. "Il ne faut pas sanctionner sans avoir donné les garanties d’aide", insiste-t-il. Il pointe la baisse des aides à la transition automobile dans le budget 2025. Pour que la ZFE soit socialement acceptable, Emmanuel Grégoire plaide pour une hausse des transports publics et une stratégie claire de soutien aux ménages modestes.

Loi PLM : "Nous ne savons toujours pas quel texte nous sera proposé, c’est grotesque !"

Sur la réforme de la loi PLM (Paris, Lyon, Marseille), qui régit le fonctionnement démocratique de ces trois grandes villes, Emmanuel Grégoire s’emporte contre le flou législatif ambiant. "Nous ne savons toujours pas quel texte nous sera proposé, c’est grotesque !" déclare-t-il avec agacement.

Le député s’inquiète d’une réforme précipitée et non concertée, qui pourrait "tuer politiquement et juridiquement les arrondissements". Plutôt qu’une fusion bâclée, Emmanuel Grégoire appelle à un vrai débat sur la gouvernance urbaine. "Il m’aurait semblé plus intéressant de travailler sur les compétences, d’en discuter." Il réclame également une consultation des populations concernées, pour éviter toute suspicion de manipulation électorale à quelques mois des municipales.

Audiovisuel public : "Cette réforme est totalement mal préparée, et personne n’en veut"

Emmanuel Grégoire critique vertement le projet de holding de l’audiovisuel public défendu par la ministre Rachida Dati. "Cette réforme est totalement mal préparée, et personne n’en veut", attaque-t-il. Il y voit une manœuvre inutile et coûteuse. "La holding coûterait des dizaines de millions d’euros", affirme-t-il, alors que les entités de l’audiovisuel public sont déjà soumises à des coupes budgétaires sévères.

Le porte-parole du groupe socialiste dénonce une "pseudo-étude d’impact" et une "volonté cachée de fusionner les entités". Il réclame un débat de fond, avec "professionnalisme et méthode", sur l’avenir de l’audiovisuel public, estimant que l’exécutif "se moque des gens" en avançant des chiffres irréalistes. "Rachida Dati porte obsessionnellement le sujet de la holding, qui coûterait des dizaines de millions d'euros", dénonce Emmanuel Grégoire.

"À Paris, il n’y aura aucun accord avec LFI"

En tant que candidat à la mairie de Paris, Emmanuel Grégoire est catégorique sur ses relations avec La France Insoumise (LFI). "À Paris, il n’y aura aucun accord avec LFI. Je ne le souhaite pas", affirme-t-il sans détour. Une ligne rouge claire, qu’il justifie par les divergences profondes entre les deux formations. Selon lui, le Parti socialiste doit retrouver une "autonomie" et un "leadership" à gauche, sans dépendre d’alliances électorales forcées.

Cependant, Emmanuel Grégoire distingue le contexte parisien du cadre national. "Au niveau national, le contexte est différent", concède-t-il, rappelant la formation du Nouveau Front populaire lors des dernières législatives pour contrer l’extrême droite. Il souligne que lui-même a été élu dès le premier tour sans avoir besoin d’un accord avec LFI. Mais il n’entend pas dicter sa stratégie aux autres territoires. "J’aimerais que le Parti socialiste retrouve les conditions de pouvoir se passer d’un accord avec LFI", conclut-il.

Retrouvez "L’invité politique" chaque jour à 8h30 dans le Grand Matin Sud Radio avec Jean-Jacques Bourdin

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