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Médecins : sans propositions, "on viendra" aux contraintes d’installation, juge Frédéric Valletoux

Par Jean Baptiste Giraud

"Un quart des spécialistes sont sur 5% du territoire" selon Frédéric Valletoux, député Horizons de Seine-et-Marne. Il était “L’invité politique” sur Sud Radio. 

frédéric valletoux loi médecins
Frédéric Valletoux, interviewé par Patrick Roger sur Sud Radio, le 15 juin 2023, dans “L’invité politique”.

La loi visant à améliorer l'accès aux soins, les déserts médicaux, la situation critique du système de santé français, l'installation des médecins... Frédéric Valletoux a répondu aux questions de Patrick Roger.

 

"Ça ne fait plus rêver un jeune de s’installer seul dans un cabinet de ville"

La France continue d’avoir un problème dans la répartition des médecins sur son territoire. 87% de ce dernier est en effet considéré comme "désert médical". Frédéric Valletoux, député Horizons, a déposé une proposition de loi pour tenter de résoudre le problème. Une nécessité pour répondre à la "lente dégradation de notre système de santé" et à la "longue crise qui s’est étirée depuis une trentaine d’année" et qui ont conduit à cette situation critique. La profession a été frappée par le numérus clausus, les formations rationnées et un manque d’attractivité pour les jeunes. "Ça ne fait plus rêver un jeune de s’installer seul dans un cabinet de ville", analyse le député de Seine-et-Marne. "Aujourd’hui, on aspire à travailler plus en équipe. On aspire à travailler différemment."

"Il y a 600.000 Français aujourd’hui qui ont une maladie chronique mais qui n’ont pas de médecin traitant"

Le médecin familial n’existe quasiment plus, les nouveaux médecins voulant travailler moins longtemps. Et à cela s’ajoute le vieillissement de la population française. "Donc, la consommation de soins est de plus en plus importante." Tout comme le "besoin d’aller voir un médecin", explique Frédéric Valletoux. Le constat est alarmant : "il y a 600.000 Français aujourd’hui qui ont une maladie chronique mais qui n’ont pas de médecin traitant".

La situation ne se résoudra pas rapidement, prévient le député. "On ne retrouvera de l’oxygène que, malheureusement, dans 5 à 10 ans." C’est le temps nécessaire pour que les dernières mesures concernant la formation des médecins produisent leur effet.

 

Contrainte d'installation pour les médecins : "Le principe mérite d’être réfléchi"

Un amendement porté par Guillaume Garrot, député socialiste, a été rejeté. Il concernait la mise en place d’une contrainte pour l’installation des médecins en fonction des besoins des territoires. "C’était l’idée de soumettre les médecins au régime d’autorisation, comme le sont les pharmaciens, les infirmières, les kiné", explique Frédéric Valletoux.

"Le principe mérite d’être réfléchi", affirme le député Horizons. Mais pas maintenant. "Dans des périodes où on a effectivement des effectifs de soignants suffisants pour bien équilibrer les forces sur les territoires."

Or, dans les années à venir, ce ne sera pas le cas. "Il y a plus de soignants qui vont quitter le métier que de jeunes qui vont s’installer." La mise en place d’une contrainte aurait donc conduit à une répartition de la "misère" qui ne rend "personne riche en médecins".


L’idée est donc repoussée, mais pas forcément abandonnée. Elle pourrait être remise sur la table "dans les années 2030", estime le député de Seine-et-Marne, lorsque les effectifs seront suffisants. L’amendement déposé par la gauche signifiait "faire peser sur les jeunes la réparation des fautes des générations passées". "C’est pas le moment de braquer des gens."

 

"On essaye de faire plus coopérer dans les territoires"

La proposition de loi de Frédéric Valletoux "essaye de faire bouger des lignes", assure le député. "On essaye de faire plus coopérer dans les territoires", explique-t-il. Dégager du temps médical pour les médecins, améliorer la coopération et étudier de nouveaux modes de prise en charge selon les territoires, sont parmi les réformes proposées par cette proposition de loi. Si la prise en charge diverge, "ce n’est pas grave, tant que la prise en charge est meilleure".

La question de la permanence des soins, "le combat contre l’intérim" font partie des mesures "très concrètes" qui permettront "d’essayer d’améliorer les soins".

 

Contrainte d'installation des médecins : "Je pense qu’on y viendra si effectivement la profession d’elle-même n’en vient pas à faire des propositions"

Quant à la question de la contrainte d’installation, Frédéric Valletoux la rejette pour l’instant. Néanmoins, "je pense qu’on y viendra si effectivement la profession d’elle-même n’en vient pas à faire des propositions". Car la question reste toujours en suspens : "comment on assure la juste répartition des forces médicales dans le territoire français ?"


L’objectif est de "ne pas refaire les erreurs du passé", souligne le député Horizons. Une problématique qui se montre dans ce chiffre : "un quart des spécialistes sont sur 5% du territoire". "Là, il y a un problème."

La loi présentée à l’Assemblée nationale ne fixe donc pas de limites à l’installation des médecins. "Parce qu’on n’a pas d’effectifs", explique Frédéric Valletoux. "Mais un jour, il faudra vraiment se poser la question."

Retrouvez "L’invité politique" chaque jour à 8h15 dans le Grand Matin Sud Radio avec Patrick Roger.

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