Le Mercosur, le Budget, le travail en France... Antoine Armand a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin.
"Le Mercosur, c’est non"
L’accord de libre-échange Mercosur continue de diviser l’Europe. Alors qu’il pourrait être signé la semaine du 18 novembre 2024 dans le cadre du G20, Antoine Armand, ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie, réitère la position ferme de la France : "dans les conditions actuelles, le Mercosur, c’est non".
Il explique que cet accord attaque directement "nos agriculteurs", et notamment les éleveurs, dont le marché risque d’être réduit à la suite de "l’arrivée de viande, et notamment bovine, dans des conditions absolument défavorables et déloyales". Mais pas seulement : "c’est non, parce que climatiquement, cet accord ne respecte pas les standards que nous nous sommes fixés".
L’opposition de la France n’est pas unique en Europe. Les rumeurs parlent d’une alliance avec l’Allemagne et la Pologne, entre autres, pour tenter de bloquer le vote. "On s’organise avec les pays européens pour faire comprendre le danger" du Mercosur, affirme le ministre de l’Économie. Sans toutefois confirmer ni infirmer une véritable alliance. "On utilise tous les moyens, y compris les moyens institutionnels et de vote au niveau européen pour que le Mercosur, en l’état, ne passe pas."
Dérapage du déficit : "On aurait pu taxer rétroactivement" les Français
Le Budget 2025 de la France continue son chemin parlementaire. Après un vote de rejet par les députés, c’est le Sénat qui reprend la main avec le texte initial du gouvernement. Un problème alors que la France pourrait atteindre un déficit supérieur à 6%, largement au-dessus des prévisions. Bruno Le Maire, ancien ministre de l’Économie, a critiqué le nouveau gouvernement Barnier jugeant que le déficit est "le choix du gouvernement actuel". "C’est toujours une question de choix", explique Antoine Armand. "On aurait pu, pour ne pas atteindre ce déficit, taxer rétroactivement de 20 ou 30 ou 40 milliards les Français." Mais ce choix, juge le ministre, n’aurait été ni "loyal" ni "raisonnable".
"Il y a eu des écarts de prévisions, des différences de déficit", concède Antoine Armand. "Ma première responsabilité, c’est que la confiance soit totale entre nos concitoyens et les représentants de la nation". "On doit faire mieux."
Budget 2025 : "Un budget pour 2025 d’effort extrêmement important"
Le Budget 2025 s’annonce compliqué et, surtout, marqué d’austérité. "Nous avons fait le choix de présenter un budget pour 2025 d’effort extrêmement important", prévient le ministre des Finances. Parmi les mesures qui inquiètent, une évolution du Crédit d’Impôt Recherche (CIR) qui sera durci. "On va avoir une petite évolution du CIR, très marginale, qui nous permettra d’utiliser cet argent pour le Crédit d’Impôt Innovation qui touches les PME-TPE et les jeunes entreprises innovantes." Objectif : aider les TPE-PME qui, également, "innovent" explique Antoine Armand.
Mais, surtout, "la première attente des chefs de TPE-PME, c’est la simplification". "On vit dans un monde où il y a trop de normes et pas assez de travail", juge le locataire de Bercy.
Il réunira donc les représentants des entreprises pour décider de quelles normes il faudra revoir les paramètres. Et même plus : "je n’ai pas peur de le dire ici : simplifier c’est aussi supprimer des normes".
Mobiliser l'épargne pour l'industrie ? Les "sujets sont ouverts"
Pour trouver des financements pour la France, l’idée d’un grand emprunt public serait dans les cartons du gouvernement. "Si l’emprunt public doit servir à financer la dette, je vous le dis clairement en tant que ministre des Finances, ce n’est pas aujourd’hui pertinent." Mais, inversement, si c’est pour "financer notre économie", alors les "sujets sont ouverts".
Entre autres, un projet, toujours en cours : le livret Industrie, sorte de nouveau Livret A dont les détails n’ont pas encore été dévoilés. Avec ce produit, la France pourra avoir "les financements privés" pour la réindustrialisation. Et pour ce faire, il faut mobiliser l’épargne des Français qui a explosé ces dernières années. "Aujourd’hui, on a un taux d’épargne très important."
La France est "un pays qui ne travaille pas assez"
Le temps de travail en France est une nouvelle fois au centre des débats concernant la productivité. L’idée de supprimer un nouveau jour férié pour financer la sécurité sociale et notamment la vieillesse a été lancée. "On travaille moins en France que dans d’autres pays", explique Antoine Armand. Pour lui, "on est dans un pays qui ne travaille pas assez". De fait "toutes les propositions qui visent à dire ‘on doit travailler plus longtemps’" sont intéressantes. "On est dans un pays qui ne libère pas le travail." Or, il faudrait que les Français travaillent plus.
"Il faut arrêter de décourager les Français de travailler plus", affirme Antoine Armand qui donne comme exemple la limite maximum de 220 heures supplémentaires par an ou encore la limite de 24 heures de travail minimum par semaine.
"On ne peut pas s’interdire les débats qui consistent à travailler d’avantage dans notre pays", souligne le ministre de l’Économie.
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