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"Non, Israël ne commet pas de crime de guerre" selon Raphaël Morav

Par Adélaïde Motte

"Non, Israël ne commet pas de crime de guerre" selon Raphaël Morav, ambassadeur chargé d'affaires d'Israël en France. Il était “L’invité politique” sur Sud Radio. 

Israël
Raphaël Morav interviewé par Jean-Jacques Bourdin sur Sud Radio, le 25 octobre 2023, dans “L’invité politique”.

Processus de paix, négociations avec la Palestine, choix du gouvernement d'Israël, crimes de guerre : Raphaël Morav a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin.

Israël "respecte le droit international d'une manière scrupuleuse"

Alors que certaines voix s'élèvent dans la communauté internationale pour un cessez-le-feu et une meilleure prise en compte des Palestiniens, il n'en est pas question pour Raphaël Morav. "Selon le droit international on n'est pas dans l'obligation de ravitailler son ennemi, donc il est hors de question qu'on ravitaille le Hamas", tranche-t-il, ajoutant qu'il n'est pas envisageable de fournir l'électricité et l'essence "qui va être utilisée pour l'appareil militaire". "Le droit international exige qu'on n'empêche pas l'acheminement de l'aide humanitaire et c'est le cas", complète-t-il. Face à la violence, "des fois le choix moral c'est de réagir avec force, se taire c'est légitimer ce qui va se passer, il est tout à fait moral de réagir avec force et violence."

Pour Raphaël Morav, Israël "respecte le droit international d'une manière scrupuleuse", et ce que dit le secrétaire général de l'ONU, qui condamne des violations claires du droit humanitaire à Gaza, "est tout à fait faux". "Nous prenons toutes les mesures pour ne pas tomber dans le piège du Hamas qui souhaiteraient avoir le maximum de pertes civiles." Si on ne peut nier l'existence de victimes civiles, dont des enfants, tuées par les bombardements israéliens, et ce "même en prenant toutes les précautions", "ce n'est pas l'intention, ce n'est pas la cible". "Il peut y avoir des dégâts collatéraux mais ce n'est pas notre intention, c'est très regrettable". Israël mettrait tout en œuvre pour mener une "opération chirurgicale" et "éviter les pertes civiles". Le pays tient avant tout à tout faire pour retrouver les otages et "tout faire, c'est faire militairement, ça ne va pas se faire par la bonne volonté du Hamas."

Un cessez-le-feu constitue "une assurance-vie pour le Hamas, donc c'est hors de question"

Que peut-on espérer pour le futur ? Un cessez-le-feu constitue "une assurance-vie pour le Hamas, donc c'est hors de question", affirme Raphaël Morav. Il rappelle également qu'un cessez-le-feu impliquerait "la cessation de tout tir des deux côtés", mais également la "visite des otages par la Croix-Rouge". La paix, elle, ne pourra être envisagée que quand le Hamas sera "éradiqué". Cela implique donc une invasion de la bande de Gaza ? "C'est dans notre intention." Israël ne prévoit aucune discussion avec le Hamas, car "le Hamas ce n'est pas la cause palestinienne, les Palestiniens ne veulent pas vivre sous la terreur d'un groupe terroriste, ça les met plus à l'écart d'un accord de paix."

Quant à la suite, Raphaël Morav n'est pas convaincu qu'Israël ait "un partenaire pour faire respecter" les potentiels accords, et affirme qu'il "y a une question de légitimité". Pourtant, les Palestiniens ont "tout à fait", un droit légitime à disposer de terres. "C'est dans les accords d'Oslo, qui sont toujours respectés", ajoute Raphaël Morav. Même si Israël est "tout à fait" prêt à avoir des négociations sur les territoires contestés, elles sont loin d'être simples car selon lui, "les colonies ne sont pas un obstacle à la paix" et Israël a "des revendications sur les mêmes territoires" que les Palestiniens. Selon Raphaël Morav "on est vulnérables, on est toujours un petit pays, une minorité dans les autres pays. Si il y a une vraie proposition de paix avec un interlocuteur sérieux je suis certain que M. Netanyahu pourra trouver l'accord." "Notre vrai désir c'est de vivre en paix avec nos voisins, continuer cette normalisation."

Que dire alors des positions des extrémistes israéliens ? "Dans la politique il peut y avoir des divergences d'idées", "selon eux le Hamas est un élément qui peut bloquer toute avancée mais la réalité peut s'avérer différente". Toutefois, ces extrémistes ne doivent pas être mis sur le même plan que le Hamas car "ils sont très différents dans le comportement, ils ont un discours politique, ils ne commettent pas d'assassinat, leur propos c'est ‘la paix c'est une illusion’."

La Russie est "un acteur dont il faut tenir compte"

Quelle est la part des puissances internationales dans la guerre ? Raphaël Morav explique qu'il "faut être en forte coordination avec les Américains, on tient compte des positions américaines, des positions de nos alliés, comme la France." Quant à la Russie, "c'est un acteur dont il faut tenir compte, c'est un acteur important", "les russes contrôlent l'espace aérien syrien donc il y a une coordination pour éviter des accidents."

Les relations en revanche plus compliquées avec l'Iran. "L'Iran n'a pas caché être un fournisseur d'armes du Hamas, c'est lui qui donne le soutien politique, le lien entre l'Iran et le Hamas est clair, certainement ils savaient pour tous ces préparatifs". S'il n'y a pas de "preuves directes" de l'implication de l'Iran dans l'attaque du 7 octobre, Israël sait néanmoins à quoi s'en tenir. "L'Iran est contre toute stabilité dans le Moyen-Orient." Pour eux, "toute cette normalisation de relation entre Israël et ses voisins, notamment l'Arabie Saoudite", est "tout à fait  contraire" à leurs intérêts.

Concernant la proposition d'Emmanuel Macron de monter une coalition internationale contre le Hamas, c'est "une nouvelle qui nous a un peu surpris", concède Raphaël Morav, même si "ça ne veut pas dire qu'elle ne mérite pas une réflexion". "Israël s'est toujours défendu tout seul, on est capables, on a tous les moyens. Le problème du terrorisme, c'est que c'est un combat global, donc il y a beaucoup de sens à une coalition globale." La France comporte aussi, selon Raphaël Morav, des personnes qui manquent de discernement car "toute personne qui ne condamne pas les actes du Hamas comme du terrorisme manque de discernement". Quant à les accuser d'antisémitisme, "c'est une question d'interprétation". Les manifestations pro-Palestine, elles, relèvent du "droit d'expression et de manifestation", même s'il faut mettre "une ligne qui doit être très claire" entre ces manifestations et l'apologie du terrorisme.

Retrouvez "L’invité politique" chaque jour à 8h30 dans le Grand Matin Sud Radio avec Jean-Jacques Bourdin

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