La rencontre Macron-Trump, la guerre en Ukraine, le réarmement de la France, l'immigration... Aurélien Pradié a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin.
Rencontre Trump-Macron : "Ce qui me manque, moi, ce sont les conditions que la France et l’Europe vont poser"
Emmanuel Macron a rencontré Donald Trump à Washington le 24 février 2025. Une rencontre sur fond de guerre en Ukraine et de rapprochement entre les États-Unis et la Russie aux dépens de l’Ukraine et de l’Europe. D’ailleurs, Aurélien Pradié, député du Lot, juge que Macron n’a pas remis l’Europe au centre des discussions. Toutefois, c’était "une étape à franchir", "c’est le rôle du président de la République de se rendre aux États-Unis comme il l’a fait". Mais l’enjeu est "l’avenir du monde". "Le président Trump a à l’esprit de recréer un axe de force entre les États-Unis et la Russie, notamment pour aller discuter ensuite avec la Chine." Et l’Europe là-dedans ? "La vérité est que nous ne pesons quasiment rien", juge Aurélien Pradié. "Ce qui me manque, moi, ce sont les conditions que la France et l’Europe vont poser" pour la paix entre l’Ukraine et la Russie.
Aurélien Pradié explique que Donald Trump a une vision du monde très particulière. "Depuis plusieurs jours, de quoi est-il question entre Trump et l’Ukraine ? Il est question des terres rares, d’un accord marchand." Le sujet, pour Trump, est "un sujet mercantile", souligne le député du Lot, bien loin des valeurs européennes.
Réarmer l'Europe et la France ? Il n’y a pas besoin que "tous les États de l’Europe soient en accord"
Comment faire pour rendre la puissance à l’Europe ? "Première chose, nous devons nous réarmer", estime le député du Lot. "Ça fait quinze ans qu’on le dit", rappelle Aurélien Pradié qui souligne qu’il n’y a pas besoin que "tous les États de l’Europe soient en accord pour que chacun puisse se réarmer". La France peut donc le faire.
Mais pour lui, la question est aussi celle "de notre vision du monde" qui s’oppose à la vision "mercantile" de Donald Trump. "Là, nous avons un espace. Nous, qui croyons aux libertés, nous qui croyons à la citoyenneté." S’il faut "dialoguer" avec Donald Trump, "il nous faut confronter sa vision du monde avec notre vision du monde".
Ukraine, USA, Algérie... "Ce qui manque aujourd’hui à la France, c’est la diplomatie"
Le réarmement de la France devient nécessaire "parce que nous n’avons pas la capacité de faire peur par autre-chose que la dissuasion nucléaire". Cette dernière, explique Aurélien Pradié, ne peut être dissuasive que "lorsque vous avez une force militaire avant l’arme nucléaire". "Il faut que notre budget militaire se renforce" et il faut "réorganiser" l’industrie de l’armement française.
Mais également, "il y a une arme qu’il nous faut utiliser : c’est la diplomatie". "Sur l’Ukraine, comme sur l’Algérie, comme sur les autres pays du monde, ce qui manque aujourd’hui à la France, c’est la diplomatie." Un paradoxe, pour Aurélien Pradié, alors que la France a été pendant des siècles très puissante grâce à sa diplomatie.
Tensions France-Algérie : "Nous avons besoin d’un ministère chargé de la seule question de l’immigration"
La diplomatie est également ce qui est mis en avant par Dominique de Villepin concernant les tensions entre la France et l’Algérie. Un problème majeur alors que l’Algérie semble provoquer volontairement ces tensions. "Dominique de Villepin a raison sur de nombreux points", concède Aurélien Pradié qui juge par ailleurs que l’Algérie est "un régime qui se comporte comme un dictateur". "La seule chose qui compte, c’est que nous puissions renvoyer ces individus dans leur pays", souligne le député du Lot en parlant de l’influenceur refusé par l’Algérie. Et il rappelle que "la diplomatie, ce n’est pas la gentillesse. C’est un vrai rapport de force".
La France doit avoir une "discussion globale" avec l’Algérie autant sur la question du gaz importé par la France ou encore sur les points critiques comme les djihadistes au Sahel et, évidemment, l'immigration. Et ce même si, pour Aurélien Pradié, l’Algérie comme la Syrie, "ce sont des pays probablement, à l’évidence, voyous. Et ce sont des régimes dictatoriaux". Mais de tels jugements ne règlent rien, explique le député. Sur l’immigration en particulier, Aurélien Pradié est clair : "nous avons besoin d’un ministère chargé de la seule question de l’immigration".
Narcotrafic : "Il ne se passe pas une semaine dans notre pays que des autorités publiques, y compris des fonctionnaires, tombent pour des affaires de corruption"
Concernant le narcotrafic, fer de lance des ministres de l’Intérieur et de la Justice, Aurélien Pradié assure qu’il votera la loi du Sénat qui arrivera sur les bancs de l’Assemblée nationale le 17 mars 2025. Le narcotrafic, selon lui, est "aujourd’hui le plus grand défi auquel la République et l’État ont à faire face". Les consommateurs doivent être ciblés, selon le député, mais "il y a deux angles morts immenses". "Le premier, c’est le trafic d’armes", explique Aurélien Pradié, qui est "un fléau absolu". Et le second est "la corruption". "Il ne se passe pas une semaine dans notre pays que des autorités publiques, y compris des fonctionnaires, tombent pour des affaires de corruption." Des élus sont également concernés, ce qui laisse penser à Aurélien Pradié que la France est en train de suivre l’Italie. Au point qu’il l’assure : "nous avons besoin, dans notre pays, d’une Opération Mains Propres", en rapport avec l’opération Mani Pulite qui avait secoué le monde politique italien dans les années 90 largement corrompu et lié à la Mafia.
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