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"Nous ne mettrons pas en place de nouvel impôt" affirme Éric Lombard

Par Aurélie Giraud

Éric Lombard, ministre de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, était “L’invité politique” sur Sud Radio.

Éric Lombard impôt
Éric Lombard, interviewé par Jean-Jacques Bourdin sur Sud Radio, le 30 avril 2025, dans “L’invité politique”.

Dépense publique, impôts, fiscalité des retraités, croissance, réduction du nombre de fonctionnaires, avenir d’ArcelorMittal, TVA sur les colis importés, droit de grève, présidence de la SNCF : Éric Lombard a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin.

"Nous ne mettrons pas en place de nouvel impôt, même au profit des collectivités locales"

Éric Lombard a été catégorique dès l'ouverture de l'entretien : "nous ne souhaitons pas instaurer de nouvel impôt, même au profit des collectivités locales". Une position justifiée par l’état des finances publiques : "Le pays est surendetté : 3.300 milliards d’euros, 65 milliards de charge annuelle de la dette", a-t-il rappelé. Dès lors, la priorité du gouvernement reste la réduction du déficit via une maîtrise stricte de la dépense publique.

Soucieux de ne pas freiner la croissance déjà poussive, le ministre a martelé : "Nous ne souhaitons pas augmenter les impôts, même au profit des collectivités locales". Il souligne qu’un nouvel impôt "risquerait de peser sur la croissance". Interrogé sur une éventuelle contribution locale modeste, il tranche : "Pas de contribution, c’est clair."

Suppression de l’abattement fiscal de 10% pour les retraités : "Aucune idée n’est écartée"

La suppression de l’abattement fiscal de 10% pour les retraités est-elle sur la table ? "Aucune idée n’est écartée", répond le ministre. Il rappelle que cette mesure ne vient pas formellement d'un membre du gouvernement. Éric Lombard évoque un processus de concertation "avec les élus, les partenaires sociaux et les représentants des collectivités locales", qui débouchera sur des arbitrages en juillet.

Faut-il attendre une désindexation des pensions de retraite sur l’inflation ? Là encore, Éric Lombard se garde d’exclure quoi que ce soit. "Le conclave y travaille, et nous nous prononcerons en temps voulu". Il renvoie la responsabilité du débat aux partenaires sociaux, tout en soulignant que "rien n’est décidé sur l’architecture fiscale du prochain budget".

Croissance : "Le chiffre de 0,1% au premier trimestre 2025 est conforme à nos prévisions"

Éric Lombard confirme le chiffre de 0,1% de croissance au premier trimestre 2025. Un chiffre faible mais "conforme à nos prévisions", tempère-t-il. Le ministre insiste sur l’"acquis de croissance", établi à 0,4% pour l’année, ce qui rend selon lui "atteignable l’objectif de 0,7% en 2025".

Le ministre de l'Économie rappelle que le contexte reste difficile, entre ralentissement mondial et effets de l'absence de budget voté avant fin février. Pour soutenir l’économie, il annonce la création d’un "conseil des entreprises à Bercy", destiné à dialoguer avec les acteurs économiques pour "accompagner la croissance".

"Nous devons maîtriser et stabiliser la dépense publique pour atteindre les 40 milliards d’économies"

Où trouver 40 milliards d’euros d’économies ? "En maîtrisant les dépenses annuelles", répond Éric Lombard. Pour le ministre, il ne s’agit pas d’austérité mais de gestion : "ce n’est absolument pas hors de portée" assure-t-il. Il souligne que la France consacre "57% de sa richesse nationale" à la dépense publique, ce qui laisse des marges d’optimisation.

L’effort portera sur les trois grandes fonctions publiques : l’État, les collectivités et la Sécurité sociale. Une première "régulation de 5 milliards" adviendra, sans besoin de loi de finances rectificative. "Nous sommes dans les clous", affirme le ministre, qui revendique un pilotage budgétaire mensuel "extrêmement serré".

"Le nombre de fonctionnaires est trop élevé"

Le nombre de fonctionnaires va-t-il diminuer ? "Ce chiffre est trop élevé" reconnaît Éric Lombard. Alors que l'on compte 200.000 à 250.000 postes depuis 2017, le ministre défend une approche par "contractualisation". Avec des budgets plafonnés confiés aux responsables d’administration et aux élus locaux.

Peut-on ne pas remplacer les départs à la retraite ? "On n’est pas obligés de remplacer tous les fonctionnaires" répond le ministre. Mais "on ne peut pas non plus n’en remplacer aucun". Il distingue les besoins dans les fonctions régaliennes (justice, police, défense) et dans les collectivités en croissance démographique, appelant à des choix "ciblés et responsables".

"Toutes les agences disposent cette année de budgets contraints"

Certaines agences de l’État vont-elles fermer ? "Nous ferons les regroupements qu’il faut" annonce Éric Lombard, tout en précisant qu’il s’agit de rationalisation, non de suppression brutale. Le projet de loi de simplification actuellement discuté au Parlement prévoit "la suppression de certaines instances".

Éric Lombard affirme que toutes les agences fonctionnent désormais avec des "budgets contraints". Certaines ont subi des baisses significatives. Mais le ministre refuse "l’esprit de chasse au service public", et souligne que des agences comme l’ADEME ou Pôle emploi remplissent des "missions essentielles".

"Il est impossible de menacer les journalistes"

La niche fiscale des journalistes est-elle sur la sellette ? "Il est impossible de menacer les journalistes", tranche Éric Lombard. Il défend l’abattement spécifique de 7.650 euros comme "un soutien à la liberté de la presse, qui est précieuse". Ce dispositif restera inchangé, à la différence d’autres niches.

Sur les 467 niches fiscales recensées (coût estimé à 85 milliards d’euros), Éric Lombard promet un examen attentif. Mais il refuse de citer des exemples : "je ne donnerai aucun nom avant juillet", renvoyant aux arbitrages à venir. Si certaines niches disparaissent, "les ressources devront être redistribuées équitablement".

"Il y aura une TVA" sur les colis venus de Chine

La France va-t-elle taxer les petits colis venus de Chine ? "Il y aura une TVA" confirme Éric Lombard. Actuellement exonérés sous 150 euros, ces colis représentent "800 millions par an en France" et posent un double problème : "risques pour la sécurité des consommateurs" et "concurrence déloyale pour les commerçants français".

Outre la TVA, des "frais de gestion" arriveront dès 2026 pour couvrir les coûts de contrôle. Le ministre souhaite accélérer la mise en place d’un "système d’information européen" pour renforcer la traçabilité. "Il faut protéger notre économie et nos concitoyens", justifie-t-il.

Grève à la SNCF : "Je ne suis pas favorable à l'interdiction pendant certaines périodes"

Faut-il interdire les grèves à la SNCF pendant les vacances ? Éric Lombard s’y oppose clairement : "je ne suis pas favorable à l’interdiction de grève". Il rappelle que le droit de grève est "constitutionnel" et qu’un encadrement existe déjà via les préavis. Le ministre appelle néanmoins les syndicats à "penser à l’impact sur la vie des Français".

Une proposition de loi, discutée au Sénat, prévoit d’interdire les grèves sur certaines périodes de congés. "Je ne suis pas sûr que ce soit constitutionnel", note Éric Lombard. Il reconnaît une divergence avec le ministère des Transports, mais renvoie la décision au Parlement : "le débat aura lieu".

Jean Castex prochain président de la SNCF ? "Je réponds par un silence"

Jean Castex va-t-il prendre la tête de la SNCF ? Jean-Jacques Bourdin pose la question. Réponse d’Éric Lombard : "je réponds par un silence". Le ministre ne confirme rien, mais laisse entendre que l’ancien Premier ministre figure bien parmi les noms évoqués.

Il rappelle que "la nomination relève du président de la République", et que la procédure suit son cours. "Comme pour chaque nomination, le chef de l’État vous informera le moment venu", conclut-il dans un sourire discret.

Retrouvez "L’invité politique" chaque jour à 8h30 dans le Grand Matin Sud Radio avec Jean-Jacques Bourdin

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