Guerre au Proche-Orient, guerre entre l'Ukraine et la Russie, mort du Pape François, risque d'une troisième guerre mondiale, espoirs de paix : Frédéric Encel a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin.
"Si demain il devait y avoir des élections, Netanyahu chuterait"
Les deux grands conflits actuels, ceux qui concentrent une bonne partie de l'intérêt du monde occidental, sont les guerres entre Israël et le Hamas et entre l'Ukraine et la Russie. Frédéric Encel rappelle que l'état-major israélien veut "en finir militairement, de manière définitive, avec le Hamas". Cela explique le blocus humanitaire de Gaza car, selon l'état-major, "chaque fois que de l'humanitaire passe, c'est pris par le Hamas qui les refuse à ceux qui contestent son pouvoir totalitaire."
Cependant, "les Palestiniens ne sont pas affiliés au Hamas", "très courageusement, des milliers de Palestiniens protestent contre le Hamas." "Il y avait déjà des manifestations à caractère social", poursuit Frédéric Encel, mais maintenant "on a affaire à des gens qui disent stop à la guerre." En Israël, la population demande également la fin de cette guerre. "Toutes les enquêtes d'opinion montrent que si demain il devait y avoir des élections, Netanyahu chuterait", précise Frédéric Encel. Cependant, Benjamin Netanyahu est conseillé par "des extrémistes."
.@FredericEncel : "Smotrich est un extrémiste au dernier degré, comme Ben Gvir, et ils donnent en partie le la au gouvernement Netanyahou" pic.twitter.com/VpVatowulU
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Le deuxième conflit, ou plutôt le premier chronologiquement, est celui entre l'Ukraine et la Russie, qui a "un double motif militaire." Il s'agit d'un "conflit idéologique", car l'Ukraine est un pays démocratique et que Vladimir Poutine a la démocratie en horreur. De plus, le conflit est lié au fait que l'Ukraine "a démontré qu'elle voulait se rapprocher de l'Occident." Quant à Vladimir Poutine, selon Frédéric Encel, "pour l'instant il joue avec les nerfs de M. Trump, ce qui est dangereux." "Ce qui l'intéresse c'es de refaire du business avec la Russie." "Il faut qu'il y ait un cessez-le-feu car pour les États-Unis ça coûte encore cher", sans oublier que "M. Trump souhaite cesser le soutien financier à l'OTAN, les contribuables américains commencent vraiment à en avoir assez de payer pour l'Europe."
Cependant, Donald Trump "n'a aucune espèce de patience", ce qui peut faire craindre des réactions imprévisibles, comme "il l'a déjà fait à plusieurs reprises ces dernières années." "Son imprévisibilité, ça peut basculer dans un sens comme dans l'autre. C'est ce que les militaires appellent le brouillard de la guerre. Chez M. Trump, cette imprévisibilité n'est pas systématiquement organisée. Lorsqu'il a parlé de la fameuse Riviera de Gaza, quelques semaines après son annonce un journaliste lui demande quand ça va se faire. Il répond 'je ne me souviens pas l'avoir dit'."
.@FredericEncel : "L’imprévisibilité géopolitique de Trump n’est pas systémique ou organisée, elle relève du dilettantisme au pouvoir" pic.twitter.com/mJpFw1FN9O
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"Le meilleur ami de la paix c'est la dissuasion"
Malgré ces conflits importants, Frédéric Encel estime qu'il n'y a pas lieu de craindre une troisième guerre mondiale, notamment parce que "le syndrome de l'été 14 n'est pas possible." Autrement dit, on ne trouve pas dans le monde l'enchevêtrement d'alliances que l'on trouvait avant la Première guerre mondiale. Quant aux différents accords commerciaux, "il n'y a pas, ou quasiment pas, de volets militaires à ces accords." Même si, "on peut très bien s'inquiéter à bon droit de conflit qui sont locaux", ils ne risquent pas de devenir mondiaux. "Qui est allé soutenir l'Ukraine ? Qui est allé envoyer des soldats en faveur d'Israël ? Le Soudan tout le monde s'en fiche. Regardez les dernières décennies, il y avait plus de conflits et ils étaient tendanciellement plus mortels."
"La dissuasion nucléaire est un élément optimiste qui nous préserve d’une guerre mondiale. Les régimes politiques ne se suicident pas" assure @FredericEncel pic.twitter.com/Bft6zAZDkr
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Il ne s'agit pas pour autant de délaisser toute espèce de dissuasion et tout effort d'armement car "le meilleur ami de la paix c'est la dissuasion. La dissuasion est l'un des éléments d'optimisme réaliste qui nous préserve le plus d'une guerre mondiale." C'est ce qui fait que "sur les questions climatiques, liées aux ressources, l'eau, les États préfèrent discuter, s'arranger, plutôt que de faire la guerre. En général ça coûte plus cher de la faire que de ne pas la faire." "Le pire ennemi de la paix c'est le pacifisme", insiste Frédéric Encel, "le pacifisme est belligène, il encourage la guerre. Vous aiguisez l'appétit du pays voisin, si ça coûte pas très cher de vous attaquer, pourquoi ne le ferait-il pas ?"
"L'extrémisme se développe, le fléau étant l'islamisme radical"
Frédéric Encel "invite à réfléchir avant de sombrer dans le discours apocalyptique. Le culte de l'immédiateté empêche de choisir le bon grain de l'ivraie, les bonnes pièces de puzzle." "Si tout est événement, rien n'est événement, il se passe des choses nouvelles aujourd'hui mais pas tant que ça." Ainsi, la mort du Pape François est "un moment de géopolitique, notamment parce que le Pape François dirigeait une religion encore importante." Cette importance est toutefois en trompe-l'oeil, avec "un milliard de fidèles qui sont de moins en moins fidèles." Certains sont "en train de se convertir à l'évangélisme avec tout un tas de conséquences très très importantes. La plupart sont favorables à Israël. On ne peut pas considérer que ça n'aura pas de poids géopolitique au Proche-Orient."
.@FredericEncel : "Aujourd’hui, le catholicisme est dépassé par l’évangélisme protestant, et cela a des conséquences géopolitiques très importantes, notamment au Proche-Orient" pic.twitter.com/mkY87Y6Mrf
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Autre signal fort, "l'extrémisme se développe, le fléau étant l'islamisme radical." Si ce signal "est dangereux parce que l'extrémisme est toujours incompétent et stigmatisant", Frédéric Encel précise que "aujourd'hui ce sont des non-interventionnistes." "C'est une autre forme de danger, je pense que c'est dangereux de ne pas soutenir l'Ukraine. Aujourd'hui, ce sont des non-interventionnistes fanatiques. Moi je ne traite humblement que des risques de guerres mondiales."
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