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PS : "Arrêtons de sacraliser la loose !" affirme Karim Bouamrane

Par Aurélie Giraud

Karim Bouamrane, maire PS de Saint-Ouen, était “L’invité politique” sur Sud Radio.

Karim Bouamrane PS
Karim Bouamrane, interviewé par Jean-Jacques Bourdin sur Sud Radio, le 20 mars 2025, dans “L’invité politique”

Avenir du Parti socialiste (PS), rupture avec LFI, port du voile dans le sport, défense européenne, retraites : Karim Bouamrane a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin.

PS : "Nous devons nous organiser pour qu’Olivier Faure ne soit plus Premier secrétaire"

Karim Bouamrane n’a pas mâché ses mots pour dénoncer ce qu’il estime être l’errance stratégique du PS. Pour le maire socialiste de Saint-Ouen, l’heure n’est plus à la complaisance. "Nous devons nous organiser pour qu’Olivier Faure ne soit plus Premier secrétaire du Parti socialiste", lance-t-il avec détermination. Il dénonce un appareil "arc-bouté sur des principes idéologiques ou politiques surannés". Il fustige une direction incapable de se projeter dans les enjeux du XXIe siècle, et surtout trop satisfaite d’un statut de minoritaire. "On est minoritaire et on est content ! C’est la loose !"

Karim Bouamrane ne cache plus son opposition à l’actuelle direction du PS. Sans appeler directement au départ d’Olivier Faure, il lance un appel clair à ses camarades. "Ce n’est pas une fin en soi qu’il ne soit plus Premier secrétaire. L’enjeu, c’est d’avoir une nouvelle équipe, qui ne réapplique pas les mêmes erreurs", explique-t-il. En référence aux scores historiquement bas enregistrés lors des dernières présidentielles. Pour incarner le renouveau, il mise sur une nouvelle génération d’élus de terrain, "ceux qui ont gagné". Il cite notamment Valérie Rabault, Philippe Brun, Jérôme Guedj ou Carole Delga. L’objectif affiché : reconstruire un "parti costaud", "souverain", et "qui redonne de l’espoir et de la joie".

PS : "On est minoritaire et on est content ! C’est la loose !"

Karim Bouamrane s’emporte contre une forme de résignation politique devenue, selon lui, la norme au sein du PS. "On sacralise la loose. Bah non !", s’exclame-t-il. Pour lui, il est urgent de sortir de cette posture défaitiste. "On ne joue pas pour la Ligue 2", lâche-t-il, appelant à viser à nouveau les sommets. Il refuse de voir dans les 66 députés socialistes une victoire. "Moi, ça ne m’intéresse pas d’être minoritaire", insiste-t-il, regrettant que le PS se contente d’un strapontin dans l’opposition, sans réelle capacité d’action.

Derrière cette critique frontale, c’est une ambition bien plus large qu’il dessine : redevenir une force politique majeure. "Ce qui m’intéresse pour améliorer la vie des Françaises et des Français, c’est d’être majoritaire", martèle-t-il. Selon lui, ce n’est qu’en retrouvant le pouvoir que le Parti socialiste pourra répondre aux défis sociaux du pays : retraite, logement, précarité des jeunes. Il appelle à une rupture complète avec la culture de la défaite. "Ce n’est pas les 66 députés qui vont changer la vie des gens".

"Il faut une rupture totale avec la politique de Jean-Luc Mélenchon"

Sur les alliances politiques, le maire de Saint-Ouen trace une ligne rouge nette : "Il faut une rupture totale avec la politique de Jean-Luc Mélenchon". Selon lui, La France Insoumise (LFI) cherche à "anéantir toutes les formations politiques qui ne sont pas derrière elle". Il dénonce une stratégie "de démolition", évoquant même les municipales de 2026, où LFI s’apprêterait à lui opposer un candidat dans sa commune. "Qu’ils viennent ! Nous les battrons."

Karim Bouamrane précise toutefois : "Je ne dirais pas que LFI est un parti antisémite. Je dirai qu’une partie de la direction utilise des méthodes antisémites." Il cite l’exemple d’une affiche récente ciblant l’animateur Cyril Hanouna, qu’il juge comparable à une "exposition des années 40". À ses yeux, "LFI joue avec les codes antisémites", et cela justifie une prise de distance claire. "J’ai exprimé mon soutien républicain à Cyril Hanouna", rappelle-t-il, appelant à une vigilance sans faille sur ces dérives.

"Se faire insulter par Rima Hassan, c’est plutôt flatteur"

Karim Bouamrane revient également sur les propos injurieux tenus à son encontre par Rima Hassan, qui l’a qualifié d’"abruti" pour avoir critiqué le Hamas. "Se faire insulter par Rima Hassan, c’est plutôt flatteur, ça me rassure sur ma ligne politique", ironise-t-il. Pour lui, condamner à la fois les exactions du Hamas et celles de Benyamin Netanyahou est une position équilibrée, loin des simplismes binaires. "Le Hamas prend en otage sa population, et Netanyahou devait être jugé pour corruption le jour même de l’attaque."

Le maire de Saint-Ouen en profite pour rappeler la hiérarchie de ses priorités. "Je m’occupe des logements, des crèches, des violences conjugales, des espaces publics", oppose-t-il à l’activisme en ligne de Rima Hassan, qu’il juge déconnectée des réalités locales. "Elle est députée européenne et elle passe son temps à tweeter", tacle-t-il.

"Bruno Retailleau a un véritable problème avec la communauté algérienne"

Interpellé sur les propos récents de Bruno Retailleau à propos de l’Algérie, Karim Bouamrane répond sans détour. Pour lui, "Bruno Retailleau a un véritable problème avec la communauté algérienne". Il fustige une stratégie électoraliste fondée sur la provocation et la stigmatisation. "Depuis quelques semaines, sa marotte, c’est de se mettre sur les côtes des Algériens pour préparer 2027". Le maire de Saint-Ouen y voit une posture dangereuse pour la cohésion nationale ."On cherche à monter les Français d’origine les uns contre les autres."

S’il reconnaît les tensions diplomatiques entre la France et l’Algérie, il en appelle à une toute autre méthode ."On discute, on négocie, on respecte, on ne provoque pas, on ne blesse pas." Pour lui, cette instrumentalisation de la guerre d’Algérie et des OQTF (Obligations de quitter le territoire français) mine l’image de la France à l’international et fragilise le "ciment républicain". "La France, c’est la coopération, c’est la grandeur. Pas la division" affirme-t-il.

Retraites : "Il faut casser le tabou de l’âge"

Interrogé sur les propositions du Haut-commissariat au Plan ou les tergiversations autour du "conclave" souhaité par François Bayrou sur les retraites, Karim Bouamrane dénonce un débat stérile et figé. "Il faut casser le tabou de l’âge !" affirme-t-il. Il appelle à dépasser l’approche "unifactorielle" centrée uniquement sur l’âge légal de départ, pour intégrer les notions de pénibilité et de parcours de carrière. "Un chauffeur de taxi ou un maçon qui a bossé toute sa vie ne peut pas partir avec une retraite de 900 euros", rappelle-t-il.

À ses yeux, l’objectif du PS ne peut être de défendre à tout prix un retour à la retraite à 62 ans. "Si on se limite uniquement à 62 ans, c’est biaisé, c’est tronqué, et on n’y arrivera pas". Il en appelle à une réforme systémique, fondée sur la justice sociale, et alerte sur l’aveuglement stratégique de la direction actuelle, qui refuse de faire évoluer ses positions malgré les mutations démographiques et économiques.

Voile dans le sport : "Je m’en contrefiche. On parle de 0,07 % des licenciées"

Enfin, sur la polémique autour du voile dans le sport, Karim Bouamrane dénonce une instrumentalisation politique. "Je m’en contrefiche. On parle de 0,07% des licenciées". Selon lui, la laïcité doit s’appliquer strictement dans les services publics, mais il refuse de faire de quelques cas marginaux un sujet central. "Ce n’est pas dans les vestiaires de foot que se joue la laïcité".

Il reconnaît l’existence de comportements sexistes ou conservateurs dans certains clubs, mais rejette toute généralisation. À ses yeux, ce débat masque les véritables urgences. "Franchement, c’est du grand n’importe quoi". Karim Bouamrane insiste : "Ce qui me choque, c’est une femme à qui on impose le voile". Il rappelle que ce signe vestimentaire "n’est pas forcément lié à l’islam", citant l’exemple du sud de l’Italie ou de l’Espagne.

Retrouvez "L’invité politique" chaque jour à 8h30 dans le Grand Matin Sud Radio avec Jean-Jacques Bourdin

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