Le Budget 2025 qui revient au Parlement, la baisse des dépenses prévue par François Bayrou, la réforme des retraites et son conclave annoncé... Alexis Corbière a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin.
Recettes du Budget : "il y a des gens qui doivent payer d’avantage d’impôt dans ce pays"
Éric Lombard, ministre de l’Économie, a assuré dans un entretien aux Echos le 22 janvier 2025, qu’il n’y aura pas de hausses d’impôts pour les ménages dans le Budget 2025. Une réponse claire à la polémique naissante concernant une possible contribution des retraités aisés au financement de la Sécurité sociale, et notamment de la branche vieillesse qui les concerne directement. "De qui on parle" quand on déclare qu’il n’y aura pas de nouveaux impôts, demande Alexis Corbières, député écologiste de Seine-Saint-Denis et fondateur de L'Après. "Les classes populaires, les classes moyennes, ne doivent pas subir d’impôts supplémentaires", estime le député. "Mais il y a des gens qui doivent payer d’avantage d’impôt dans ce pays."
L’impôt, souligne le député, n’est pas "un gros mot" mais consiste à "considérer qu’il y a des choses qu’il faut mettre en commun". Et il faut permettre que le service public soit "de qualité et un outil concret de redistribution, de solidarité". Alexis Corbière dénonce de fait les "politiques d’affaiblissement du service public" de ces dernières années. Et, surtout, les "baisses de recettes". Pour le député, la dette de la France est liée à la volonté de baisse des recettes d’Emmanuel Macron : "moins d’impôts pour les plus riches". "Et aujourd’hui, il se retourne en disant ‘j’ai creusé le déficit mais il faut réduire la voilure’"
Budget 2025 : François Bayrou "va aggraver les baisses de dépenses publiques qui étaient prévues"
La France continue toutefois de ne pas avoir de budget pour 2025, après la censure de Michel Barnier. Les discussions reprennent doucement au Parlement, après la pause des fêtes de fin d’année. Mais la situation est loin de réussir à se résoudre simplement car le budget proposé continue de faire débat. François Bayrou prévoit 50 milliards d’économies sur le budget de l’État pour 2025. "C’est là qu’est le loup de la discussion", juge le député affilié écologiste. "François Bayrou, malin, essaye de faire croire qu’il propose une nouvelle politique. Mais en vérité, il va aggraver les baisses de dépenses publiques qui étaient prévues", explique Alexis Corbière.
Il souligne qu’Éric Coquerel, président de la Commission des Finances de l’Assemblée nationale, "a publié une note très précise", en analysant les discussions en cours sur le Budget au Sénat et les amendements. Selon ses calculs, il va y avoir "très concrètement, 10 milliards supplémentaires de baisses de dépenses publiques". Alors que Michel Barnier a été censuré pour son budget d’austérité, explique Alexis Corbière, "François Bayrou est un homme qui va sans doute aggraver la situation".
Réforme des retraites : "Le patronat ne veut pas revenir à 62 ans"
La réforme des retraites, fortement rejetée par les Français, continue d’être au centre des tensions entre le gouvernement et l’opposition. La gauche a obtenu la tenue d’une conférence sociale entre les partenaires sociaux et le patronat pour tenter de trancher la question. "C’était une bonne chose de négocier", souligne le député. Mais "il n’y a pas le compte à l’arrivée". Notamment car cette conférence sociale, appelée conclave, sera à huis clos. "Conclave vient du latin ‘conclave’ qui signifie ‘fermé à clé’." Or, pour lui, cette discussion devrait être publique, notamment car elle concerne plusieurs dizaines de millions de salariés.
La discussion, explique Alexis Corbière, sera "paritaire" entre les partenaires sociaux et le patronat. Or, "le patronat ne veut pas revenir à 62 ans" pour l’âge légal de départ à la retraite. "C’est un jeu de dupes."
Conclave sur la réforme des retraites : "Il y a un droit de véto patronal"
La discussion n’aura pas lieu non plus après cette conférence sociale, souligne le député. Mardi 21 janvier 2025, une question posée au gouvernement a en effet donné la réponse : "Mme Panosyan a répondu très clairement qu’au terme de la discussion conclave machin, la seule chose qui sera discutée c’est ce qui sortira du conclave". De fait, "s’ils n’ont pas réussi à se mettre d’accord, alors on reviendra à la réforme" initiale. "Il y a une discussion où vous avez une partie, il suffit qu’elle dise non pour que ça ne bouge pas." Pour Alexis Corbière, "il y a un droit de véto patronal" sur la réforme des retraites. "Il suffit qu’ils bloquent pour que les députés ne puissent pas revenir sur la réforme des retraites."
François Hollande veut "diviser le Nouveau Front Populaire"
Le Nouveau Front Populaire semble de plus en plus se fissurer à cause de tensions, notamment alimentées par François Hollande selon Alexis Corbière. "Il y en a certains, type Hollande, qui veulent diviser le Nouveau Front Populaire", dénonce le député. Pour lui, l’ancien Président "méprise Olivier Faure" en s’accaparant des succès qui ne sont pas les siens. "Il veut se réimposer comme en étant dans le retour de l’élection présidentielle qui vient."
Alexis Corbière demande au contraire que "la gauche et le Nouveau Front Populaire aient un candidat commun et uni à l’occasion de la prochaine élection présidentielle".
Retrouvez "L’invité politique" chaque jour à 8h30 dans le Grand Matin Sud Radio avec Jean-Jacques Bourdin
Cliquez ici pour écouter "L’invité politique"
Toutes les fréquences de Sud Radio sont ici !