Facturation électronique, franchise de TVA, retraites, chômage... Amir Reza-Tofighi a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin.
Elon Musk : "J’ai beaucoup de respect pour l’entrepreneur qu’il est, beaucoup moins pour ce qu’il fait en tant qu’homme politique"
Elon Musk est sans aucun doute l’entrepreneur qui est le plus au-devant de la scène en ce début d’année 2025, en grande partie du fait de sa nomination en tant que ministre de l’administration de Donald Trump. Mais ce n’est pas un modèle pour Amir Reza-Tofighi, Président de la CPME (Confédération des Petites et Moyennes Entreprises) qui affirme qu’il ne l’admire "pas du tout". "J’ai beaucoup de respect pour l’entrepreneur qu’il est, beaucoup moins pour ce qu’il fait en tant qu’homme politique", explique-t-il. Il avait été en effet accusé de soutenir la politique de coupe des dépenses du milliardaire.
Le président de la CPME explique qu’il a été mal compris. "Il faut s’attaquer à la dépense publique" de la France, non pas "pour réduire notre modèle social" mais "pour l’améliorer". Ce qui n’est clairement pas l’objectif d’Elon Musk ou du président des États-Unis. "Donc, j’ai proposé que des entrepreneurs puissent prendre la tête d’une commission qui soit en charge de réduire la dépense publique mais tout en ayant dans le cahier des charges le fait de garder notre service public, et de l’améliorer même." Amir Reza-Tofighi assure que la CPME n’adhère "ni aux valeurs, ni aux idées" du fondateur de Tesla, mais il estime que l’idée de mettre un entrepreneur à ce poste est bonne.
Facturation électronique : "Ce que nous on demande à l’État c’est d’avoir un engagement qu’on aura des plateformes dont le prix sera maîtrisé, contrôlé"
L’une des problématiques que vont rencontrer les TPE-PME, représentées par la CPME, sera la facturation électronique obligatoire dès 2026-2027. Toutes les entreprises collectant la TVA devront dématérialiser les factures. "Il y a des plateformes privées qui ont été créées pour accompagner les entreprises", explique le président de la CPME. Il regrette néanmoins que l’État soit "revenu sur sa promesse" de créer une plateforme gratuite dédiée aux TPE. Ces dernières devront désormais passer par des services payants. "On est pas contre ces évolutions-là", souligne Amir Reza-Tofighi. "Ce que nous on demande à l’État c’est d’avoir un engagement qu’on aura des plateformes dont le prix sera maîtrisé, contrôlé."
Autre sujet qui fait trembler les entrepreneurs, et plus particulièrement les auto-entrepreneurs, c’est la volonté du gouvernement d’abaisser le seuil d’exonération de TVA. Une mesure adoptée mais suspendue face à la fronde des concernés et le risque de faillites massives. L’exonération de TVA est néanmoins accusée de distorsion de concurrence par certains entrepreneurs. Une critique que le président de la CPME accepte : "cette distorsion de concurrence, on peut l’entendre". Il évoque la possibilité de changer les seuils liés à la TVA, notamment en fonction des métiers. "Il faut prendre le temps en ce mois de février pour trouver une voie de passage, une voie de sortie."
Retraites : "Le système de retraites par répartition, qui est le système actuel, doit bien évidemment continuer"
La réforme des retraites continue d’être un point de tension majeur entre le gouvernement, les syndicats et le patronat. La CPME sera conviée aux discussions prévues, avec une proposition originale basée sur la capitalisation : chaque salarié travaillerait trois jours de plus par an mais le gain irait directement sur un compte en prévision de sa retraite. "C’est comme aujourd’hui des personnes qui ont des plans épargne et qui mettent de l’argent de côté", explique Amir Reza-Tofighi. Pour lui, c’est nécessaire face à la baisse de la natalité et l’espérance de vie qui augmente. "Sortons du débat sur les 64, 63 ans, on n’y arrivera pas", juge le président de la CPME.
"Le système de retraites par répartition, qui est le système actuel, doit bien évidemment continuer. Mais il faut y ajouter une brique, qui est une épargne populaire." C’est ça la "capitalisation". "Chaque salarié va mettre de l’argent de côté pour sa retraite", explique Amir Reza-Tofighi. "Nous on propose par exemple de mettre trois jours fériés qui soient travaillés par les collaborateurs, mais que l’argent de ces trois jours fériés ne soit pas versé sur leur fiche de paye, mais sur un compte qui soit à eux."
"Je pense qu’il faut adapter les règles du chômage pour qu’elles soient beaucoup plus liées à la capacité de la personne à retrouver un emploi"
Le chômage et son indemnisation posent également des problèmes à l’heure de l’austérité budgétaire et de la tentative de baisser les dépenses publiques pour réduire le déficit du pays. En Espagne, par exemple, l’indemnisation ne dure qu’un maximum de 6 mois si la personne n’a pas d’enfant, alors qu’en France l’indemnisation dure 18 mois (après avoir été baissée). Le chômage, explique Amir Reza-Tofighi, consiste à "protéger une personne" lorsqu’elle perd son emploi. Mais, aujourd’hui, "on a des bassins d’emploi où on n’a pas besoin de 18 mois pour retrouver un travail" et même des formations qui permettent rapidement de trouver un emploi, notamment dans les métiers en tension. Inversement, dans certains bassins d’emploi en difficulté, comme les anciennes zones industrielles et minières, 18 mois pourraient ne pas être suffisants pour retrouver un poste. "Je pense qu’il faut adapter les règles du chômage pour qu’elles soient beaucoup plus liées à la capacité de la personne à retrouver un emploi."
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