L'état du système de santé en France, les déserts médicaux, les médecins à la retraite qui pourraient venir donner un coup de main... Agnès Firmin-Le Bodo a répondu aux questions de Patrick Roger.
49.3 sur le PLFSS 2023 : "C’est donner à nos concitoyens dès le 1er janvier l’occasion de pouvoir continuer de se soigner"
Le gouvernement a utilisé pour la troisième fois l’article 49.3 afin de faire adopter le Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale 2023 (PLFSS 2023). Une décision qui, sans surprise, a conduit à l’annonce de plusieurs motions de censure de la part des oppositions. Agnès Firmin-Le Bordo rappelle que le PLFSS 2023 est "un budget de 600 milliards d’euros qui permet de financer les cinq branches". Pour la seule branche santé, ce sont 240 milliards qui sont alloués.
Ce texte, "c’est donner à nos concitoyens dès le 1er janvier l’occasion de pouvoir continuer de se soigner". "Et aussi permettre aux soignants de continuer à être payés", explique la ministre déléguée chargée de l'Organisation territoriale et des Professions de santé.
Les débats, à l’Assemblée nationale, ont fait du surplace, mardi 25 octobre 2022. "Il restait plus de 1.000 amendements à examiner" à 23h30, et seulement "49 amendements avaient été examinés en 4 heures". Or, souligne la ministre, "le texte devait repartir au Sénat pour être examiné".
"Il était nécessaire d’engager la responsabilité du gouvernement pour que ce texte puisse être voté dans les temps." Autrement, le système de santé français aurait pu se retrouver bloqué dès le 1er janvier 2023.
Agnès Firmin-Le Bordo : "Le désordre, c’est clairement ce que certains souhaitent"
Agnès Firmin-Le Bordo n’estime pas que l’opposition paralysait les débats. "Il y a eu des débats, et le temps des débats était nécessaire." Mais elle souligne également des votes incohérents. "Dans la première partie du texte, alors que ce texte avait été voté en Commission, dans l’hémicycle, les mêmes ont voté contre."
Ces députés ont également fait adopter "un amendement qui empêchait dès le mois d’octobre de rembourser les consultations de médecins de ville", déplore-t-elle. Le 49.3 devenait donc nécessaire "face à certains qui prônent le désordre et l’inaction". "Le désordre, c’est clairement ce que certains souhaitent", juge Agnès Firmin-Le Bordo qui déclare savoir faire la différence entre "discussion animée" et "désordre orchestré".
Motion de censure : "La Nupes est en train de se désagréger"
Quant à la motion de censure qui a de fortes chances d’être déposée par les oppositions, elle estime qu’il "y a toujours un risque". Surtout depuis "l’alliance entre les deux d’extrêmes pour créer ce front populiste".
Néanmoins, l’inquiétude n’est pas au rendez-vous : "la Nupes est en train de se désagréger", analyse Agnès Firmin-Le Bordo. Effectivement, certains députés Nupes ont déclaré ne pas vouloir être associés à un vote avec le RN. Une bonne nouvelle pour le gouvernement. Quant à la ministre déléguée, elle estime simplement que le vote uni RN-Nupes "est accessoirement inacceptable".
Santé : "La France est un désert médical"
Les Français, surtout dans les zones rurales, ont de plus en plus de mal à trouver un médecin traitant, voire un médecin tout court. Alors que certains pensent à contraindre les nouveaux médecins de s’installer dans les déserts médicaux, François Braun, ministre de la Santé, n’est pas favorable à cette idée. Une problématique que ne nie pas Agnès Firmin-Le Bordo : "la France est un désert médical". "87% de notre territoire est un désert médical."
De fait, "il y a urgence à dégager du temps médical", estime-t-elle. Il faut en effet attendre que "les mesures prises lors du dernier quinquennat" produisent les effets escomptés. Entre la crise de la Covid qui a conduit certains à arrêter le métier, et la volonté des nouveaux "d’exercer de manière différente", la situation est tendue. "Un médecin qui part en retraite, il en faut trois pour le remplacer", déclare la ministre déléguée.
La raison ? "Le médecin de famille qui travaillait 70 heures, ça n’existe plus. Un médecin qui exerce tout seul, ça n’existe plus". Le système doit donc se "réorganiser", mais ça demande du temps.
Santé : autoriser les médecins retraités à pratiquer "est quelque chose que je défends depuis assez longtemps"
Pour dégager ce temps médical, Emmanuel Macron a proposé d’autoriser les médecins à la retraite qui le souhaitent de pouvoir continuer d’exercer. "C’est quelque chose que je défends depuis assez longtemps", déclare Agnès Firmin-Le Bodo. "Je pense que le cumul emploi-retraite, c’est une bonne chose."
Selon elle, c’est même une demande de nombreux médecins retraités. La raison ? Le départ à la retraite, pour certains, est "brutal". "Permettre à des médecins retraités de pouvoir exercer", quelques jours par semaine, est donc une bonne idée. Avec, de plus, une incitation potentiellement fiscale. "Je sais que ça va produire son effet."
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