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Santé : "On n'est pas bien soignés en France" dénonce Philippe Juvin

Par Aurélie Giraud

Santé : Philippe Juvin, député LR des Hauts-de-Seine et chef des Urgences de l'hôpital Pompidou, a dénoncé "Une France de la débrouille" dans “L’invité politique” sur Sud Radio.

Philippe Juvin Santé
Philippe Juvin, interviewé par Jean-Jacques Bourdin sur Sud Radio, le 6 septembre 2023, dans “L’invité politique”.

Santé des Français, urgences, pénurie de médicaments, fin de vie, rentrée scolaire, rentrée politique : Philippe Juvin a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin.

Santé : "Vous êtes bien soignés quand vous connaissez quelqu'un"

Le ministre de la Santé appelle à ne pas aller travailler en cas d'infection par le nouveau variant du Covid. Les cas sont en augmentation, +33% de cas sur la dernière semaine. Faut-il s'inquiéter ? Pour Philippe Juvin, "il ne faut pas s'inquiéter mais se préparer". "On voit arriver des malades du Covid, certains qu'on met en réanimation, essentiellement âgés avec des pathologies multiples. Mais on est très loin de la vague d'il y a 2 ou 3 ans". "C'est l'ensemble des pathologies qui nous posent problème car on n'a pas suffisamment de lits". Le médecin rappelle qu'il y a "21.000 lits en moins dans les hôpitaux français depuis 2016". L'absence de marge de manoeuvre à hôpital fait que tout évènement même minime pose problème. Un coup de canicule ou de bronchiolite, et l'hôpital est débordé".

Selon une enquête de Samu Urgence France de France, cet été, 163 services d'urgence sur 389 ont été fermés. La population française est-elle mise en danger ? "La qualité des soins est dégradée assurément" déplore Philippe Juvin. Il raconte recevoir tous les jours des "coups de fil ou sms de quelqu'un qui me demande un SOS". "Le mot danger, fort, est probablement vrai pour un certain nombre de nos concitoyens" reconnaît le médecin. "C'est la France de la débrouille : vous connaissez quelqu'un, vous y arrivez. Vous êtes bien soignés quand vous connaissez quelqu'un". Il dénonce une "inégalité de traitement entre ceux qui connaissent un circuit et ceux qui font confiance à un système qui les met dans une file d'attente".

Fin de vie : "L'aide à mourir ne doit pas se substituer au droit à avoir des soins palliatifs"

Fin de vie : les députés LR appellent à rendre effectifs les soins palliatifs sur tout le territoire. Le gouvernement veut instaurer une aide active à mourir. "Un peu moins de 600.000 personnes meurent tous les ans et la moitié pourraient être éligibles aux soins palliatifs" explique Philippe Juvin. "Or seuls 100.000 personnes n'y ont accès". "Légaliser l'aide à mourir, alors que deux tiers des gens qui ont besoin de soins palliatifs n'y ont pas accès, c'est un problème" dénonce-t-il. Le médecin "ne voudrait pas qu'une aide à mourir soit une 'solution de facilité', qui se substitue au droit à avoir des soins palliatifs".

Il confie avoir "en tant que médecin beaucoup de demandes d'euthanasie". "Mais toutes, dès lors qu'on a réussi à apporter une réponse physique ou psychologique, ont disparu. Ce sont des demandes d'euthanasie par défaut parce que les gens sont seuls, abandonnés par le système". Mais l'aide active à mourir n'est pas l'euthanasie. "En fait, le gouvernement joue un peu sur une ambiguïté". Philippe Juvin confirme être "opposé à l'aide active à mourir en fin de vie, compte-tenu de la situation actuelle où il n'y a pas assez de soins palliatifs". "Donnons accès aux soins palliatifs à tout le monde et après on verra". "La loi doit permettre à chacun d'avoir accès aux soins palliatifs, ce qui n'est pas le cas".

 

"En l'état actuel, ça va être difficile pour les LR de voter le budget"

Quelle est la position des LR vis-à-vis du gouvernement sur les questions budgétaires ? Bruno Le Maire interpelle les LR sur le vote du budget. Il a affirmé que "la loi de programmation des finances publiques prévoit de ramener le déficit public sous les 3%. LR a toujours demandé cela. J'appelle LR à être logiques avec eux-mêmes." Mais pour Philippe Juvin, "le drame de la vie politique française, c'est qu'on ne croit plus les hommes et femmes politiques quand ils parlent". "Quand Bruno Le Maire fait cette déclaration, il nous dit 'regardez, je vais baisser la dépense publique, donc je vais être vertueux, donc il faut voter'". Or, "je vois que le projet de budget prévoit plus 40 milliards de dépenses publiques".

 


"Nous pensons qu'il faut baisser les impôts. C'est ce que dit le gouvernement mais il ne le fait pas". Par ailleurs, "la France ponctionne beaucoup d'argent mais il est gâché. Qu'est ce qu'ils font de notre argent ?" interroge le député. "Nous disons qu'il faut baisser la ponction que l'on prélève sur les Français, les particuliers, les ménages, les entreprises, et en même temps utiliser mieux l'argent". "Compte tenu de l'augmentation de la dépense publique à 40 milliards, ça va être difficile de voter le budget" annonce-t-il. "On va amender, et j'espère qu'on va faire progresser nos idées". "J'ai toujours dit qu'il fallait trouver des accords de gouvernement. Mais attention, comme la majorité est en train de rejeter d'un bloc toutes nos propositions, le budget peut être rejeté".

 

 

 

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