Le tifo pro-Palestine lors du match du PSG, la jeunesse en dérive, le narcotrafic... Bruno Retailleau a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin.
Polémique pour un tifo pro-Palestine : "Je vais demander des explications au PSG, c’est inacceptable !"
La polémique a explosé à quelques minutes du début du match entre le PSG et l’Atlético Madrid, au Parc des Princes le 6 novembre 2024 dans la soirée. Les supporters du PSG ont déroulé un tifo avec marqué Free Palestine, ainsi qu’un slogan "la guerre sur le terrain, mais la paix dans le monde". Le tifo montrait en outre un combattant, potentiellement du Hamas, ainsi qu’un enfant enroulé dans un drapeau du Liban. Les appels à la sanction du club parisien n’ont sans surprise pas manqué sur fond d’accusations d’antisémitisme. "Je ne m’interdis rien", affirme Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, au sujet d’une possible sanction du club ou de ses dirigeants. "Je vais demander des explications au Paris-Saint-Germain, c’est inacceptable !"
Le ministre rappelle que "les règlements du foot, de l’UEFA, interdisent les messages politiques". Mais aussi que l’attentat du Hamas a été gigantesque, les plus de 1.000 morts représentant l’équivalent, en France, de plus de 8.000 morts si on prend les mêmes proportions par rapport à la population de l’État d’Israël. "Je comprends qu’on veuille la paix. Bien sûr, j’aimerais que ça cesse, mais les otages… qui parle des otages ?", demande le ministre de l’Intérieur. Avant toute sanction contre le club ou ses dirigeants, "je veux les entendre". "Je demande des comptes, solennellement."
Bruno Retailleau prévient : "ou ils sont capables d’interdire ce genre de choses… sinon il y aura une interdiction des banderoles. Et, s’il faut, il y aura des sanctions."
Jeunesse à la dérive : "Je serais pour une solution éducative militarisée"
L’Allemagne a annoncé son intention de réinstaurer son service national, alors qu’en France, le Service national universel (SNU) est de plus en plus critiqué et ne convainc pas. Le ministre de l’Intérieur n’est toutefois pas favorable à une mesure similaire dans l’Hexagone. "On peut y réfléchir, mais ça coûte très très cher." Même le SNU ne semble pas être une de ses priorités. "Moi, je pense que si on veut être efficaces, on doit réfléchir. On a, aujourd’hui, une jeunesse à la dérive." Il souligne que les morts comme les meurtriers, notamment en lien avec le trafic de drogue, sont "de plus en plus jeunes". "Face à cette jeunesse en dérive, moi je serais pour une solution éducative militarisée."
Le principe serait celui de cibler certains jeunes et de les placer dans un établissement où ils seraient fortement encadrés. Mais il s’agirait seulement des jeunes "en rupture de banc" et qui ont notamment fait certains délits plutôt graves. Le ministre explique que ce n’est pas "toute la société" qui devient "ultra-violente" mais "des individus". Les jeunes qui échappent à leurs familles, "on doit essayer de les re-civiliser", juge Bruno Retailleau.
Un parquet dédié à la lutte contre le narcotrafic ? "J’y suis favorable depuis le départ"
Le narcotrafic prend de l’ampleur en France, porté notamment par des mafias, et surtout du côté de Marseille. Le ministre de l’Intérieur et le Garde des Sceaux se rendront le 7 novembre 2024 à Marseille, justement, alors qu’il est question de la possible création d’un parquet dédié à la lutte contre le narcotrafic. "J’y suis favorable depuis le départ", rappelle Bruno Retailleau, qui souligne toutefois que c’est "un sujet du Garde des Sceaux, bien sûr". Il répond ainsi aux rumeurs de conflit entre les deux ministres, relayées notamment par le Canard Enchaîné.
Pour le ministre de l’Intérieur, toutefois, c’est quasiment fait : "il y aura une préfiguration très vite. Et ensuite, la loi viendra inscrire dans notre droit la création d’un parquet national qui sera dédié à la lutte anti-crime organisé."
"Sniffer de la coke ou fumer un joint, c’est deux balles dans la tête d’un enfant de cinq ans"
Bruno Retailleau attaque également les consommateurs, notamment de cannabis. Alors que plusieurs États européens légalisent ou comptent légaliser, dont l’Allemagne, le ministre reste sur la ligne prohibitionniste. Les consommateurs, "il faut les responsabiliser", juge le ministre. "Sniffer de la coke ou fumer un joint, c’est deux balles dans la tête d’un enfant de cinq ans." Pour essayer de faire comprendre sa vision des choses aux consommateurs, il a prévu une "campagne choc, avec des images choc".
Il pense également à renforcer les sanctions, et notamment les amendes forfaitaires délictuelles données à toute personne prise en train de consommer. Non seulement elles sont et resteront "inscrites au casier judiciaire", et ce de manière systématique, mais il veut qu’elles "frappent le plus souvent possible".
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