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Ukraine : trois ans de guerre, "c’est un échec total de la stratégie de Vladimir Poutine", déclare Thierry Breton

Par Aurélie Giraud

"Qui est le premier contributeur à l’aide de l’Ukraine ? L’Europe, bien entendu !", rappelle Thierry Breton, ancien Commissaire européen et ancien ministre de l'Économie. Il était “L’invité politique” sur Sud Radio. 

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Thierry Breton interviewé par Jean-Jacques Bourdin sur Sud Radio, le 24 février 2025, dans “L’invité politique”.

Le troisième anniversaire du début de la guerre en Ukraine, les relations avec les États-Unis, les élections en Allemagne, la Défense européenne... Thierry Breton a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin.

Troisième anniversaire de l'attaque russe contre l'Ukraine : "C’est un échec total de la stratégie de Vladimir Poutine"

Le 24 février 2025 marque les trois ans de la guerre en Ukraine, déclenchée par la Russie. Une opération présentée comme "spéciale" par Vladimir Poutine qui assurait qu’elle n’allait durer que quelques jours. Alors que les blessés et les morts se comptent en centaines de milliers des deux côtés, Volodimyr Zelensky a déclaré qu’il quitterait son poste si l’Ukraine entre dans l’OTAN, ce qui aurait pour résultat de mettre purement et simplement fin à la guerre, à moins que Vladimir Poutine ne souhaite un conflit armé avec l’ensemble de l’Alliance. "C’est une tragédie qui se déroule suite à l’agression voulue par un homme", rappelle Thierry Breton, ancien Commissaire européen et ancien ministre de l'Économie. "Cet homme s’appelle Vladimir Poutine." Au début de la guerre, il annonçait qu’en moins d’une semaine il aurait annexé l’Ukraine après avoir fait tomber le régime.

"Il faut dire que ces trois ans, c’est un échec total de la stratégie de Vladimir Poutine", déclare Thierry Breton. "Il faut le dire et le redire, contrairement au narratif que certains essayent de propulser", explique l’ancien ministre en parlant, sans le nommer, de Donald Trump qui commencé à accuser l’Ukraine d’être responsable de la guerre. Si le président russe a échoué, c’est "grâce, d’abord, au peuple ukrainien". Mais aussi grâce à l’Europe. "Qui est le premier contributeur à l’aide de l’Ukraine ? L’Europe, bien entendu !", ne manque pas de souligner l’ancien Commissaire européen. "Bien avant les États-Unis, tous secteurs confondus."

Emmanuel Macron à Washington pour parler de l'Ukraine : "Il n’est pas mandaté par l’Union européenne"

Toujours dans le cadre de ce conflit, et notamment du tournant que les États-Unis ont pris à son sujet depuis l’élection de Donald Trump, Emmanuel Macron se trouve à Washington ce 24 février 2025. Il rencontrera le président américain à 18h, heure française. "Il n’est pas mandaté par l’Union européenne", souligne Thierry Breton qui souligne que le Premier ministre britannique se rendra lui aussi à Washington jeudi 27 février 2025. Pour les Européens, "ça veut dire, au fond, que Donald Trump accepte de discuter de l’architecture de sécurité de l’Europe et de l’Ukraine avec finalement les deux puissances qui disposent de l’arme nucléaire". La France, au sein de l’UE, est "le seul pays à disposer de la capacité d’une architecture globale, totale, de sécurité".

Industrie de la Défense : "Il faut qu’on ait un fonds européen"

La question d’une Europe de la Défense est revenue de force dans le débat, après plusieurs décennies sans conflits majeurs sur son territoire. Emmanuel Macron a même évoqué l’idée d’un emprunt de près de 500 milliards d’euros pour relancer l’industrie de la Défense européenne. Les choses sont en discussion, assure Thierry Breton, mais "on n’est pas un État fédéral". D’ailleurs, il n’est pas pour une Europe fédérale car "il faut conserver des éléments qui sont à la main des États-membres" comme, justement, la Défense ou la politique étrangère. Même sur certains sujets, l’Europe parle d’une voix unie, ce n’est pas une obligation. Faut-il donc que l’Europe fasse un effort et se dote d’une politique de Défense commune ? "Oui. Je suis de ceux qui disent qu’il faut qu’on ait un fonds européen, plusieurs centaines de milliards d’euros". Ce fonds servira à augmenter les dépenses de Défense des États-membres mais aussi "augmenter la production de l’industrie de la Défense de façon harmonisée".

Liens entre l'Union européenne et les États-Unis : "Toute l’Allemagne a compris que désormais c’était une nouvelle ère qui s’ouvrait"

La suite de cette proposition se jouera probablement en Allemagne. Dimanche 23 février 2025, l’alliance de la droite conservatrice, le CDU/CSU a remporté les élections, devant l’extrême-droite de l’AfD qui signe toutefois son meilleur score à près de 20 % des voix. La gauche, sortante, a été reléguée à la troisième place. Friederich Merz devient de fait Chancelier et devra composer un gouvernement avec au moins une alliance. Il a déclaré que sa "priorité absolue" est le renforcement de l’Europe pour obtenir une "indépendance vis-à-vis des États-Unis". Des propos qui ont étonné Thierry Breton : "je n’aurais pas cru l’entendre de mon vivant". L’Allemagne est en effet le pays le plus dépendant des États-Unis pour sa Défense depuis la fin de la Deuxième Guerre Mondiale.

Friederich Merz, qui "connaît parfaitement" les États-Unis, "vient de changer totalement de posture", notamment après le discours de J.D. Vance, vice-Président américain, à Munich. "Toute l’Allemagne a compris que, désormais, c’était une nouvelle ère qui s’ouvrait." Le nouveau Chancelier allemand a même évoqué la possibilité de remplacer le bouclier nucléaire américain par celui de la France et du Royaume-Uni. "C’est une révolution !", déclare Thierry Breton.

Elon Musk : "On ne sait pas ce qu’il fait". "On ne sait pas quelle est sa légitimité."

Donald Trump et son acolyte Elon Musk inquiètent de plus en plus dans le monde. Certains jugent même que les États-Unis seraient en train de devenir une dictature. "Je ne le crois pas", affirme Thierry Breton qui évoque les nombreux garde-fou dont le système américain dispose pour éviter ce problème. Donald Trump, donc, n’est pas un véritable danger pour la démocratie : le Président devra faire face aux élections de mi-mandat, à l’impossibilité d’être réélu une troisième fois ou encore aux diverses décisions des États fédéraux qui ont un certain pouvoir législatif et judiciaire.

Elon Musk et Donald Trump ne sont toutefois "absolument pas comparables". En particulier, selon Thierry Breton, parce que le deuxième a "été élu" tandis que le premier "on ne sait pas ce qu’il fait". "On ne sait pas quelle est sa légitimité." Elon Musk n’a en effet aucun mandat et n’est pas non plus ministre. "Il sort d’où lui ?"

"Sur la légitimité, aujourd’hui, de pouvoir décider de la vie professionnelle" de dizaines de milliers de fonctionnaires américains, ce que fait Elon Musk, il y a des doutes. "Est-ce que tout ceci sera légal ? Nous allons voir !"

Retrouvez "L’invité politique" chaque jour à 8h30 dans le Grand Matin Sud Radio avec Jean-Jacques Bourdin

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