Budget, retraites, visite d'Emmanuel Macron au Maroc : Éric Ciotti a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin.
Dette publique : "nous allons entendre tous les acteurs de ce fiasco"
Alors que le budget est soumis aux votes de l'Assemblée nationale, Éric Ciotti fustige la dette publique : "nous allons entendre tous les acteurs de ce fiasco", affirme-t-il, visant notamment les ministres, mais aussi "les fonctionnaires" qui ont "une hiérarchie politique." "Le remboursement de la dette ça va être bientôt l'équivalent du budget de l'Éducation nationale", "les gouvernements d'Emmanuel Macron c'est 1 000 milliards de dette depuis 2017". Éric Ciotti admet cependant que les errements ont commencé "bien avant ce gouvernement." "Il faut avoir la lucidité des erreurs que la droite a commises, sous le quinquennat Nicolas Sarkozy on n'a pas fait ce qu'il fallait."
Éric Ciotti ne craint-il pas que le budget passe finalement grâce au 49.3 ? "Le gouvernement joue un peu la montre", reconnaît-il. "Il s'appuie sur les outrances des Insoumis." Éric Ciotti cite notamment "un amendement qui prélève 6 milliards d'euros à l'enseignement privé français", qui a été voté hier. "S'il est maintenu, il ne le sera pas, on coupe les moyens de l'enseignement privé." Dans son ensemble, le budget est "un budget socialiste". "Les dépenses publiques vont continuer à augmenter, trouvez moi la liste de ceux qui baissent il y en a très peu." Si Éric Ciotti ne rejette pas en bloc l'augmentation des budgets régaliens car "il faut des moyens supplémentaires pour la sécurité des Français", il déplore "une mauvaise gestion des ressources".
Journée de solidarité pour les retraites : "ça me choque moins que la désindexation"
Alors que les retraites concentrent l'attention, faut-il abroger la réforme ? "Chacun a ses arguments, j'ai toujours dit que j'étais opposé à cette abrogation, je considère que la réforme est une réforme mal préparée, inachevée, inaboutie." Éric Ciotti regrette qu'elle n'aille pas "sur l'ouverture d'une plus grande capitalisation" qui permettrait d'"orienter les fonds de l'assurance vie vers des fonds de retraite." "On aurait réglé une partie du problème", suppose-t-il. "Le rapport entre les actifs et les retraités 4 pour 1 est en train de s'inverser, ce système arrive à ses limites, si on veut maintenir l'esprit il faut travailler un peu plus", prévient Éric Ciotti. Il ne votera donc pas la proposition d'abrogation du Rassemblement National.
Quant à la désindexation des retraites, Éric Ciotti n'en veut pas, et rappelle que les Républicains avaient fixé trois lignes rouges pour s'opposer au gouvernement : "pas d'augmentation d'impôts, pas de désindexation des retraites, pas toucher au modèle de santé, alors qu'on ne touche pas à ce qui coûte dans l'administration de l'hôpital." "Les retraités, ils ont travaillé toute leur vie, ils ont payé des cotisations", rappelle-t-il, expliquant que l'indexation permet que "la retraite ne diminue pas parce que les prix augmentent." Peut-on alors imaginer une deuxième journée de solidarité demandée aux actifs pour les retraites ? "Je ne l'exclue pas par principe, ça me choque moins que la désindexation. Il y a des efforts qui doivent être faits, on est un des pays qui travaille le moins", reconnaît Éric Ciotti qui rappelle néanmoins l'urgence de "baisser les dépenses publiques."
Jours de carence dans la fonction publique : "il faut qu'il y ait une harmonisation privé-public"
Éric Ciotti détaille enfin sa "tronçonneuse" qui permettrait un assainissement des finances publiques. Il faudrait notamment supprimer de nombreux organismes, comme le CESE, ou encore l'Office français de la biodiversité (OFB) "qui empoisonne la vie des agriculteurs tous les jours." Éric Ciotti propose également de privatiser en partie le service public audiovisuel. "Il y a des chaînes publiques de trop, il faut rationnaliser", propose-t-il, affirmant être "choqué par ces quatre milliards d'euros" de dépenses annuelles. "Il faudra voir, de France 2 ou France 3 ,lequel reste."
Éric Ciotti insiste sur l'importance de supprimer de nombreux organismes. "On a 473 agences de l'Etat, derrière toutes ces structures il y a des normes, il faudra évaluer toutes les structures." "Ces missions elles peuvent être tenues par des agences de l'Etat, le travail de l'INAO [Institut national de l'origine et de la qualité] n'est pas en cause, mais est-ce que le ministère de l'Agriculture ne pourrait pas le faire ? " Éric Ciotti est également pour l'instauration de trois jours de carence dans la fonction publique. "Je pense qu'il faut qu'il y ait une harmonisation privé-public, il faut qu'il y ait un appel à la responsabilité." Ces positions semblent rencontrer les attentes de nombreux anciens militants LR, aujourd'hui à l'Union des droites (UDR). "Il y a beaucoup de militants LR, nous avons déplacé 12 000 militants, ils ne s'y retrouvent plus."
La présence de Yassine Bellatar au Maroc est "une absurdité"
Éric Ciotti juge que le voyage d'Emmanuel Macron au Maroc "est gâché par une absurdité c'est la visite de Yassine Bellatar." "On ne parle plus que de ça, c'est dommage parce que le lien historique est très important, on a besoin d'avoir ce partenariat avec le Maroc qui est extrêmement performant, qui est dynamique." Yassine Bellatar "change l'or en plomb, gâche tout. C'est une humiliation pour la France, c'est une provocation pour le Maroc."
Alors que l'élection présidentielle américaine approche à grands pas, Éric Ciotti dit préférer Donald Trump. "C'est pas forcément celui qui est le plus populaire en France", reconnaît-il, mais "Trump sera plus à même de régler ce qui nous menace aujourd'hui, le conflit au Moyen-Orient et le conflit en Ukraine. Le chaos ukrainien a bénéficié à l'économie américaine, les grands perdants de tout ça ce sont les Européens." Et puis, conclut-il, "j'aime bien ceux qui sont contre le système finalement."
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