La secrétaire d'État chargée de la consommation, Laurence Garnier, a annoncé vouloir trouver un repreneur pour le titre 60 millions de consommateurs, édité par un établissement public, l'Institut national de la consommation. Lionel Mauguin est venu nous en parler.
"Il est clair que 60 millions de consommateurs doit se transformer"
"On a appris il y a dix jours que la nouvelle secrétaire d'État à la Consommation, à peine arrivée, avait l'intention de vendre le titre. Alors même que la précédente ministre, Olivia Grégoire, nous a proposé de travailler sur un plan d'investissement. Parce qu'il est clair que 60 millions doit se transformer, notamment aller sur le numérique beaucoup plus franchement, comme tous les médias. Et puis diversifier son activité", a déclaré Lionel Mauguin.
"Donc, on a travaillé tout l'été sur un plan qui était financé avec l'accord du ministère du Budget. Et patatras ! Avec cette nouvelle ministre qui considère que l'État n'a pas à financer de médias d'information de service public. Elle nous annonce qu’elle va mettre en vente le titre, ce qui revient finalement à le faire disparaître, parce qu’il n'y aura aucun repreneur qui reprendra 60 millions", a poursuivi Lionel Mauguin.
60 millions de consommateurs est synonyme d’information indépendante, ce titre n'est lié à aucun lobby, aucun groupe… "Oui, on n'est pas une association. Nos finances dépendent des lecteurs. Et l'INC, qui est édite 60 millions de consommateurs, a d'autres missions qui sont financées par l'État : pour former des bénévoles d'associations de consommateurs, pour produire des fiches techniques juridiques, pour produire l’émission ConsoMag sur le service public… Mais 60 millions de consommateurs, effectivement, doit équilibrer ses comptes", a concédé Lionel Mauguin.
"On soumet toujours les résultats avant publication aux professionnels pour qu'ils puissent nous répondre"
Est-ce le nouveau Premier ministre qui veut la peau de l’Institut national de la consommation et de 60 millions de consommateurs ? "On aimerait bien le sentiment de Monsieur le Premier ministre, Michel Barnier, et puis du ministère de l'Économie. Je pense qu'il y a des parlementaires qui vont les interpeller prochainement. Ce n'est pas une raison économique, financière ou sociale. Encore une fois, on avait un plan d'investissement qui était budgété. Et encore aujourd'hui, Bercy est d'accord pour financer ce plan. C'est une conviction de la ministre que l'État n'a pas vocation (j'imagine, mais il faudra lui demander) à faire de l'information. C'est plutôt l'inverse. Il y a vraiment, y compris parmi les professionnels, - on a une administratrice de l'INC qui est membre du MEDEF, - qui est très hostile à la vente de notre titre", a fait savoir Lionel Mauguin.
Comme l’explique Lionel Mauguin, 60 millions de consommateurs est dans la collaboration avec les professionnels. "Quand on les épingle pour un produit ou un problème, on ne va pas simplement les épingler. On va les aider : on soumet toujours les résultats avant publication aux professionnels pour qu'ils puissent nous répondre. Tous les professionnels reçoivent systématiquement les résultats de nos essais et de nos études. D'abord pour éviter de publier des erreurs, et d'autre part pour qu'ils nous disent aussi comment ils comptent faire pour améliorer le souci qu'on a levé. Et donc, finalement le MEDEF y trouve son compte quelque part puisque ça améliore les produits et les services."
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