Le 21 janvier 2024 à 21h10, France 2 diffuse une soirée-événement : "Soumission chimique : pour que la honte change de camp", un documentaire de Andrea Rawlins-Gaston et Linda Bendali. Ce film sera accompagné d’un débat : "Soumission chimique, que faire après le procès de Mazan ?", présenté par Carole Gaessler. La soirée se poursuivra par la rediffusion du documentaire "Viol, défi de justice" réalisé par Marie Bonhommet.
Andrea Rawlins-Gaston : "Ce n'est pas Gisèle Pélicot qui leur a ouvert la voie, elles étaient déjà dans la volonté de parler"
"L’idée était de montrer que l'affaire de Mazan, ce n'est pas un cas particulier. Il y a une multitude de situations les plus banales : c'est l'employeur, le collègue de travail, c'est l'ami etc. Tous ces portraits, tous ces témoignages montrent une photographie de ce qu'est la soumission chimique et quelles sont les méthodes employées. Dans deux affaires sur trois il y a des médicaments. Ce qu’il y a de plus accessible, c'est l'armoire à pharmacie : c'est le somnifère, c'est l'anxiolytique. Il suffit d'aller voir son généraliste et de prétexter une anxiété ou une insomnie pour avoir ces médicaments", explique Andrea Rawlins-Gaston.
Toutes les femmes qui témoignent dans ce documentaire sont en larmes… "C'est la première fois qu'elles en parlent. Quand je les rencontre, il y a plus d'un an, il faut savoir que c'est un an avant Gisèle Pélicot. Ce n'est pas Gisèle Pélicot qui leur a ouvert la voie, elles étaient déjà dans la volonté de changer les choses, de parler, de raconter. Et pour toutes, c'est la première fois qu'elles le racontent. Elles le racontent à quelqu'un, même pas à leur mère, à leur conjoint etc. Donc, tout ça ressort. Et chez elles, il y a aussi une fonction de réparation dans cette prise de parole. Réparation, parce qu'elles sont reconnues comme victimes et réparation aussi parce qu'elles veulent aider les autres victimes à s'y retrouver", a fait savoir Andrea Rawlins-Gaston.
Linda Bendali : "L'objectif, c'est que la personne ne soit plus en état de consentir"
Les femmes victimes n’ont-elles jamais aucun souvenir ? "Il peut y avoir des flashs. Et pour deux cas sur trois, il y a des traces de violences physiques. Parce que c'est un corps mort qu'on manipule. Et donc des bleus, comme c'est le cas de Céline et Zoé, qui se rendent compte qu'il s'est passé quelque chose de grave parce qu'elles ont des bleus au réveil. Sinon, il peut aussi y avoir aucune trace, comme c’est le cas de Katia : pas de traces de violence et aucun souvenir. On est vraiment dans le crime parfait." "Et puis, ce n'est pas que de l'endormissement, la soumission chimique. C'est aussi désinhiber, hypersexualiser. L'objectif, c'est que la personne ne soit plus en état de consentir, qu'elle ait un désir sexuel décuplé et qu'on puisse ensuite en abuser", a ajouté Linda Bendali.
Comme le raconte Andrea Rawlins-Gaston, il s’agit d’un mode opératoire à part entière. "J’ai contacté Caroline Darian il y a deux ans, à l'époque où les viols de Mazan sidéraient. On se disait : ‘C'est une affaire hors normes’. J'ai assez vite vu que derrière ce qu'elle dénonçait, derrière cet arbre, il y avait une forêt. Nous, à CAPA, cela fait vingt ans qu'on réalise des documentaires contre les violences sexuelles. Et je me suis rendu compte que des dizaines de femmes, d'hommes, d'enfants m'avaient déjà dit avoir été drogués pour être violés. Et en fait, on a tiré le lien entre toutes ces affaires, et on s'est rendu compte que c'était un mode opératoire à part entière qui était sous nos yeux depuis toujours, mais que personne n’avait nommé. Caroline Darian a été la première à utiliser ce terme : ‘soumission chimique’."
Retrouvez “L'invité média” de Gilles Ganzmann chaque jour à partir de 10h00 dans “Sud Radio Média” avec Valérie Expert.
Cliquez ici pour retrouver l'intégralité de l’interview média en podcast.