Dans le "Paris Match" de cette semaine, la journaliste Anne Jouan fait de nouvelles révélations dans l’enquête sur Centre du don des corps de Paris-Descartes, qui fait depuis juillet 2020 l’objet d’une enquête judiciaire.
Anne Jouan : "L’un des préparateurs du Centre du don des corps travaillait pour le docteur Auzoux"
"L’information judiciaire a été ouverte en juillet 2020. Cette information judiciaire patinait un peu au début. Puis d’autres préparateurs ont été mis en examen. Ce qu’on découvre avec ce dossier, c’est l’ampleur du phénomène. L’un de ces préparateurs travaillait pour l’établissement du docteur Auzoux, vous savez, cette boutique rue de l’École de Médecine. Tous les Parisiens sont passés devant au moins une fois dans leur vie. Elle est en face de la pâtisserie viennoise, à côté d’un restaurant grec et d’un marchand de disques. Cette boutique vendait des squelettes et des crânes à des collectionneurs, à des professeurs de médecine, à des étudiants en médecine.
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"Les vivants sont aussi mal traités que les morts. Des gens travaillent dans des conditions ignobles, ils transportent les corps d'un étage à l'autre car les monte-charges ne marchent souvent pas" pic.twitter.com/7PbPzEQAyB
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Et ce préparateur a été salarié de cet établissement pendant des années. Ce n’était pas du tout un emploi clandestin, comme le dit ce préparateur aux enquêteurs, puisque la secrétaire du Centre du don des corps lui signait des bons de transport pour déplacer les dépouilles chez Auzoux. Cela se passait en Normandie. Ce préparateur partait donc avec des sacs en plastique dans sa camionnette. Il décharnait les corps à 80%, c’est-à-dire qu’il enlevait les tissus pour que les crânes et les squelettes entiers soient traités et blanchis par les établissements Auzoux en Normandie, avant d’être vendus rue de l’École de Médecine", a raconté Anne Jouan.
"Il y a un système de bizutage"
"Les étudiants racontent que c’était un endroit horrible. Tous ces étudiants, qui sont depuis devenus médecins, ont des souvenirs très précis des cours de dissection à Descartes. La question est de savoir comment ce système peut perdurer pendant plus de 30-40 ans : on est certains que c’était déjà le cas dans les années 1970 voire 1960.
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"A cause des liens politiques, il y a eu des pressions pour que l'enquête ne soit pas diffusée à la TV. Mais notre rôle est de continuer à avancer !"
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Il y a un système de bizutage, c’est-à-dire que les étudiants dissèquent, trouvent que c’est sale, que c’est abominable. Mais on leur dit : 'mais tu sais, c’était pareil pour nous. Donc si tu te plains, c’est que tu n’est pas capable'. Les étudiants se taisent donc et pensent que l’horreur, c’est normal, il y a une banalisation de l’horreur. Et puis eux-mêmes deviennent professeurs et continuent à disséquer. Finalement, c’est une chaîne du silence, une chaîne de l’omerta et une chaîne de l’acceptation de l’horreur", a poursuivi Anne Jouan.
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