Bernard Pivot est décédé le 6 mai 2024. Gérard Collard nous a confié ses réflexions et souvenirs sur ce grand vulgarisateur de la littérature.
Gérard Collard : "Bernard Pivot était un vulgarisateur, un passeur d’émotions avec des mots simples"
"Bernard Pivot, c’est le premier qui m’a fait aimer les livres, qui m’a donné envie d’être libraire. Parce que jusque-là, j’avais l’impression que les émissions littéraires n’étaient pas faites pour moi. Il a entrebâillé la littérature à un autre monde, plus populaire, avec des mots simples, que je comprenais. Et il y avait de la gourmandise dans ce qu’il disait. C’était toute une époque", se souvient Gérard Collard.
"Bernard Pivot nous a fait découvrir des gens qui n’étaient pas forcément connus. Contrairement à maintenant, où on va dans la facilité. Grâce à Bernard Pivot j’ai découvert des écrivains que je n’aurais jamais lus si Bernard Pivot ne les avait pas invités. C’est aussi la manière dont il les faisait parler : on était capables de les comprendre, alors qu’aujourd’hui, parfois, on se dit ‘c’est pas pour nous’. C’était un vulgarisateur, un passeur d’émotions avec des mots simples. Et ça, c’est vraiment du génie."
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"C’était une époque où 5 millions de personne regardaient l’émission de Pivot"
En quoi Bernard Pivot était-il révolutionnaire pour l’époque ? "On comprenait ce qu’il disait. On remettait à niveau les auteurs qui parlaient avec lui. C’est un très bon intervieweur, un très bon organisateur. Puis, il faut dire que c’était une époque où 5 millions de personne regardaient son émission, parce qu’il n’y avait que trois chaînes. Et c’était en prime time. En plus, il n’y avait pas beaucoup de chaînes. Il avait un côté star. Donc, tous les gens regardaient ça le soir, c’était LE rendez-vous", se souvient Gérard Collard.
Gérard Collard a aussi parlé de son unique rencontre avec Bernard Pivot. "Il était venu dans la librairie. Je n’étais pas fan de Marguerite Duras. Et sur une étiquette j’avais mis : 'Les écrivains boivent, les lecteurs trinquent'. Et ça l’avait offusqué. Il m’avait dit : 'mais vous savez, monsieur, elle vend énormément de livres dans le monde'. Et je lui avais dit : 'Et Barbara Cartland encore plus'. Ça a été un peu glacé. Mais ça ne retire rien à l’admiration que j’ai pour lui."
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Gérard Collard (Libraire) : « Aujourd'hui, les médias ont donné de moins en moins de places aux livres. » pic.twitter.com/bsNCUaHvUe
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Peut-on dire que les livres sont de moins en moins présents à la télévision ? "Les médias ont donné de moins en moins de place aux livres, c’est vrai. Et puis, les gens qui parlent des livres dans les médias, souvent on a l’impression qu’ils parlent pour d’autres écrivains ou sortent de l’Académie. Bernard Pivot, on avait l’impression qu’on pouvait le croiser au café du coin, au resto. Les autres, on aurait pu les croiser à la Closerie des Lilas, mais au café à côté de chez moi", a répondu Gérard Collard.
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