En 2025, Fluide Glacial célèbre ses 50 ans. Une fête des 50 ans sera d'ailleurs organisée de midi à minuit le samedi 5 avril 2025 au bar Gallia à Pantin.
Clément Argouarc’h : "On ne fait pas de politique, mais on peut avoir un regard sur la société"
Créé le 1er avril 1975 par l’immense Gotlib et une bande de joyeux lurons, Fluide Glacial, le journal d’Umour & Bandessinées, a accueilli dans ses pages des auteurs et dessinateurs incontournables : Binet, Franquin, Édika, Margerin, Jean Solé,Coyote, Riad Sattouf, Goossens, Hugot, Gaudelette, Carlos Giménez, Maëster, Larcenet, Boucq, Foerster, Ferri, Emmanuel Reuzé, Pedrosa, Julien Solé, Mo/CDM, Arthur de Pins, Relom, Fabcaro, Tronchet, Isa, Romain Dutreix, Lefred-Thouron, Dominique Bertail, Virginie Augustin, Achdé, Fabrice Erre, L’Abbé, Sylvain Frécon, Libon, monsieur le chien, Stella Lory, Ersin Karabulut… Cinquante ans après sa création, Fluide Glacial continue d’être un dénicheur de talents et un formidable laboratoire pour les humoristes.
"Notre volonté a toujours été de rire avec les gens et pas des gens. On a, par exemple, une série sociétale intitulée 'Il ne faut pas prendre les cons pour des gens'. On ne fait pas de politique, mais on peut avoir un regard sur la société comme avec les Bidochon à l'époque de Binet", a expliqué Clément Argouarc’h.
"La volonté de Gotlib, quand il a créé Fluide Glacial, c'était justement de ne pas faire de politique, parce qu'il n'aimait pas trop ça"
Y a-t-il un esprit Fluide Glacial de la même manière qu'il y a un esprit Charlie ? "Notre combat, c'est de faire rire les gens, quoi qu'il arrive. La volonté de Gotlib, quand il a créée Fluide Glacial, c'était justement de ne pas faire de politique, parce qu'il n'aimait pas trop ça. Et puis, il trouvait qu'il y avait des copains qui le faisaient largement mieux que lui. En plus, il y a un truc tout bête : on prépare actuellement un numéro qui va sortir dans deux mois, avec des planches qu'on a pu recevoir il y a six mois. Donc, clairement faire de l'actualité ou de la politique sur un temps long comme ça, c'est impossible. Nous, par contre, on va aimer parler de la société, de ses travers, des grosses lignes, mais qui vont être toujours vraies maintenant et dans dix ans."
Dans le temps, les personnages qu'on pouvait voir dans Fluide Glacial étaient super machos… "Ça évolue beaucoup : l'image qu'on peut avoir des personnages de Fluide Glacial… c'était un Fluide Glacial des années 1980-1990 qui vivait avec son époque. Mais maintenant, quand on lit le magazine, c'est plus du tout ça. Et ce qui est intéressant c'est que ce n'est pas une volonté de notre part ni de celle des auteurs, c'est juste que les auteurs sont vachement éveillés et ouverts à la société. Et on a une série comme 'Les Mémés' qui, justement, a beaucoup de propos féministes. Après, une fois qu'on s'est dit ça, notre volonté n'est pas non plus de faire la morale, on est là pour faire rire avant tout. Si on peut éveiller des consciences avec l'humour, pourquoi pas. Mais jamais on ne s'amusera à faire la morale et à prendre parti pour telle ou telle chose."
"Nos auteurs font de l'humour, ils parlent de la société comme ils l'entendent"
L'humour, et en particulier l'humour décalé ou potache, n'est-t-il pas disparu chez les Français ? "Quand on voit l'intérêt que les gens ont pour les humoristes aujourd'hui… sur toutes les radios on va avoir un paquet d'humorristes, les salles de stand-up font salle comble tout le temps… il y a quand même une envie de parler de la société, d'apporter de l'humour, d'avoir toujours un décalage. Je pense qu'il y a énormément d'exemples de films ou de séries humouristiques qui fonctionnent", a répondu Clément Argouarc’h.
"Même si on a des apparats d'humour outrancier, on est surtout là pour surprendre les lecteurs et les faire rire, mais pas les choquer. Pour moi, Fluide Glacial, c'est trois composantes essentielles. C'est un esprit, un esprit créé par Gotlib, avec une envie de toujours surprendre le lecteur avec un humour décalé et absurde. C'est uniquement de l'humour, on ne fait que ça dans le magazine. Mais c'est aussi des auteurs qui sont là, pour certains depuis le début quasiment. On a des renouvellements d'auteurs, mais on a un attachement très fort à nos auteurs qui, eux aussi, sont très attachés au magazine", a poursuivi le rédacteur en chef.
La période actuelle est quand même très polarisée… "Ce qui est extrêmement frustrant, c'est que des combats qui peuvent être très justes sont souvent caricaturés. On doit souvent pousser à l'extrême le curseur pour dire : 'OK, soit on assume à fond ce combat, soit on est vraiment contre ça'. Avec le politiquement correct, il y avait beaucoup de questions sur l'image de Fluide Glacial. Nos auteurs ne se sont jamais posé aucune question. Ils font ce qu'ils ont à faire, ils font de l'humour, ils parlent de la société comme ils l'entendent. Mais nous, on n'est pas non plus les paragons du politiquement incorrect, et on ne va pas non plus faire deux fois plus d'excès et faire encore plus de provocation, pour contrer une période qui a tendance à être un peu calme", a réagi Clément Argouarc’h.
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