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Complaisance de Mediapart envers Tariq Ramadan ? "Extravagant" pour Fabrice Arfi

Par Jérémy Jeantet

Le responsable du pôle Enquête de Médiapart était l'invité de La Voix de Bilger sur Sud Radio. Pour lui, les accusations de "complicité intellectuelle" de Mediapart envers Tariq Ramadan sont "une fiction qui relève du délire".

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La Une de Charlie Hebdo a fait polémique. L'hebdomadaire satirique y accuse Edwy Plenel, le directeur de la rédaction de Mediapart, d'avoir couvert Tariq Ramadan, visé par plusieurs accusations d'agressions sexuelles depuis plusieurs jours.

Invité de l'émission La Voix de Bilger, Fabrice Arfi, directeur du pôle Enquêtes de Mediapart, a défendu son journal, estimant que ces accusations de "complaisance intellectuelle" sont "extravagantes" et tiennent d'une "fiction qui relève du délire".

Mediapart n'a jamais interviewé, invité ni publié une tribune de Tariq Ramadan

"Mediapart est un journal qui n’a jamais interviewé Tariq Ramadan. Mediapart est un journal qui n’a jamais invité Tariq Ramadan. Mediapart est un journal qui n’a jamais publié la moindre tribune de Tariq Ramadan", a rappelé le journaliste, avant d'ajouter : "En revanche, Mediapart est un journal qui a publié une enquête, en 2016, très fouillée, minutieuse, accablante pour Tariq Ramadan, dont nous rappelions à quel point il était un dogmatique ultra-conservateur, un agent du Qatar, un 'Zemmour à l’envers'. Une enquête qui nous a valu des reproches inouïs de Tariq Ramadan. Où est la complicité intellectuelle ?"

 

 

À l'inverse, le journaliste n'a pas manqué de rappeler que d'autres médias ont pris moins de précautions à l'égard de l'islamologue : "Je pourrais rappeler que certains médias ont longuement invité Tariq Ramadan. Franz-Olivier Giesbert, quand il avait des émissions de télé sur le service public, a beaucoup de fois invité Tariq Ramadan. Le journal Le Monde a publié une dizaine de tribunes de Tariq Ramadan. Tariq Ramadan a été l’invité de la matinale de Jean-Jacques Bourdin. Ce n’est pas nous qui lui avons donné cette tribune. Pour autant, est-ce que mes confrères sont complices de Tariq Ramadan ? Bien sûr que non."

Si des gens ont le moindre élément concret qui montre que nous avions été alertés, qu'ils le montrent

Certes, Edwy Plénel a "fait deux conférences aux côtés de Tariq Ramadan", conséquence du livre qu'il a écrit, intitulé Pour les Musulmans (éd. La Découverte). "Il a été invité par deux associations cultuelles musulmanes qui lui ont dit : ‘Venez parler de votre livre et il y aura Tariq Ramadan’. Quel était le choix d’Edwy Plénel ? De dire ‘Non, je ne viens pas parce qu’il y a Tariq Ramadan et je laisse l’auditoire simplement entre les paroles de M. Ramadan’ ? Ou de dire ‘J’y vais en disant mes désaccords avec lui et les accords, aussi, que je peux avoir’ ? C’est ce qu’il a fait. Point barre."

"Sur le reste, est-ce que nous avions connaissance des dérapages sexuels présumés de Tariq Ramadan ? Aucunement, a assuré Fabrice Arfi. Et c’est à nous qu’on vient le reprocher ? Je trouve ça proprement extravagant. Si des gens ont le moindre élément concret qui montre que nous avions été alertés, qu’ils le montrent."

Nicolas Sarkozy et l'ombre du Guide

Autre actualité du journaliste, la parution récente de son livre, Avec les compliments du Guide (éd. Fayard), co-écrit avec Karl Laske, fruit d'une enquête de six ans sur les soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007.

La démocratie française a vendu une partie de son âme et de ses valeurs sur l'autel de l'argent sale et de la raison d'État

"Ce livre vient administrer, je crois, la démonstration factuelle et documentée qu’il y a eu des sommes considérables d’argent sale qui ont transité entre 2005, 2008 et 2009 entre Tripoli, la dictature libyenne et Paris, la démocratie française", a expliqué le journaliste. Une démocratie française qui, selon lui, "a, en quelque sorte, vendu une partie de son âme et de ses valeurs sur l’autel de l’argent sale et de la raison d’État, face à une dictature dont on a fait semblant de découvrir en mars 2011 qu’elle était une dictature, avec une guerre sur laquelle, aujourd’hui, des questions se posent et dont nous continuons de payer le prix, la facture, avec la crise migratoire, historique et le terrorisme."

 

 

Écoutez l'émission La Voix de Bilger, présentée par Philippe Bilger, qui recevait le journaliste Fabrice Arfi

 

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