En ce troisième anniversaire du début de la guerre russo-ukrainienne, Darius Rochebin et ses invités reviendront longuement sur ce sujet, de 20 heures à minuit sur LCI.
Darius Rochebin : "Les Américains pensent américain, les Français pensent français et les Russes pensent russe"
En demandant à l’Ukraine de céder aux États-Unis la moitié de ses terres rares, Trump se comporte-t-il en businessman ? "Je crois que, plus loin que ça, il y a une idée presque de Yalta, de partage du monde, du partage des influences. Qui est une vieille idée américaine. C'est-à-dire, on dit toujours ‘Trump, Trump, Trump’, mais il y a une continuité. C'est le génie des nations. Les Américains pensent américain, les Français pensent français et les Russes pensent russe. Par exemple, Bush le père était allé à Kiev en 1991, le discours existe sur Internet, et c'est saisissant. En substance, il dit aux Ukrainiens en 1991 : ‘Restez en Union soviétique’. Déjà à l'époque, les Américains, qui sont souvent des réels politiciens assez durs, considéraient qu'il y avait un espace russe et puis qu'on se partageait les influences", a fait savoir Darius Rochebin.
Cette guerre a aussi montré que l’armée russe n’était pas ce qu’on imaginait. On entre dans la quatrième année de guerre, et la Russie n’a pas gagné… "La Russie n'a pas gagné, mais elle n'a pas perdu non plus. Ils n'ont pas réussi à prendre Kiev, donc ça a été un grand échec. Mais aujourd'hui, on assiste quand même à cette chose incroyable que même le président de la République dit : ‘On ne pourra pas reconquérir par les armes la Crimée et le Donbas’. Et ça, c'est la partie réussie des Russes. Il y a l'échec et il y a la réussite", a réagi Darius Rochebin.
"Avec Poutine il y a une tension. Et en même temps, c'est une tension saine"
Darius Rochebin a un jour interviewé Vladimir Poutine. Selon lui, il y a une vraie différence entre Poutine et la plupart des dirigeants occidentaux. "Poutine, c'est un une sorte de policier, la marque policière est très forte chez lui. Il vous regarde avec un air assez méfiant, assez ironique. Il est intéressant à interviewer parce que, comme Trump d'ailleurs, c'est des gens qui ont vraiment le pouvoir. Contrairement à des dirigeants occidentaux qui pensent tout de suite à ce que dira leur parlement, leur parti, leur chef de parti, etc. Trump et Poutine vous répondent vraiment ce que eux veulent. Donc, ça donne une certaine densité à l'entretien, pour le meilleur et pour le pire. Mais oui, il vous regarde un peu comme un policier de haute police, ce n'est pas le policier du commissariat du coin mais le policier de sûreté qui se dit : ‘Oui, j'ai ton dossier, vas-y, vas-y, pose-moi ta question’. […] Avec Poutine, il y a une tension. Et en même temps, c'est une tension saine parce que, disons, il se passe vraiment quelque chose. Un jour, on était à Saint-Pétersbourg, dans un palais tout près du golfe de Finlande. Et on avait progressé salle par salle, jusqu'à arriver à lui. Et jusqu'à la dernière seconde, on ne savait pas si on pouvait vraiment l'interviewer, ce qui est aussi une façon de faire pression sur les gens pour les intimider."
L’interview de Vladimir Poutine a rappelé à Darius Rochebin celle d’un autre chef d’État, Yasser Arafat. "La première interview que j'avais faite de ce type de personnage, c'était Arafat. C'était en 1993, je crois. Ils avaient tellement peur des attentats. Et vous savez, moi, je suis un peu parano, j'ai toujours peur de manquer de stylo. Donc, j'avais une boîte avec cinquante stylos. Et c'était l'époque où on avait peur des stylos empoisonnés. Et donc, les gardes du corps m'avaient forcé à mettre sur le doigt un point avec chaque stylo de mes vingt stylos, parce qu'on avait peur qu'on pique Arafat pour l'assassiner", a raconté Darius Rochebin.
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