Le dimanche 17 septembre 2023 à 20h55, France 5 diffuse le documentaire "Le monde en face : Enfants sous influence, surexposés au nom du like" réalisé par Elise Jadot.
Elise Jadot : "Une ancienne enfant youtubeuse témoigne dans ce documentaire"
Qu'est-ce qui a donné envie à Elise Jadot de réaliser ce documentaire ? "J'avais déjà fait un premier documentaire qui s'appelle ‘Happy, la dictature du bonheur sur les réseaux sociaux’. C'est sur l'exposition de son bonheur et ce que ça génère comme conséquences chez les ados qui sont dans la comparaison permanente. Et en fait, dans cette plongée-là, j'ai découvert un univers qui m'a glacé, qui est donc l'exposition des enfants. C’est une pratique anodine aux dérives mercantiles, il y a des parents qui dépassent certaines limites avec les enfants pour se faire remarquer."
Pour ce documentaire je rencontre aux États-Unis un témoin qui se fait appeler "Cam Cam". C'est la première fois qu'on entend parler une ancienne enfant puisque maintenant elle a 24 ans. Elle avait été exposée, surexposée par sa mère sur les réseaux sociaux. Et c'est la première fois qu'il y a ce témoignage sur les conséquences et les dommages que ça a généré chez elle. C'est la première personne au monde qui parle, donc c'est un témoignage inédit dans le document", a raconté Elise Jadot.
🔴 #documentaire : "Enfants sous influence, surexposés au nom du like" @France5tv
🎙️ "Je pense qu’il y a un manque d’informations, de réflexions, de recule sur le droit à l’image des enfants et leurs consentements à la surexposition"
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"Quand on montre un enfant, les vidéos font trois fois plus de vues"
En 2018, il y avait plus de 200 millions de photos d'enfants disponibles sur les réseaux sociaux. En 2020, il y en avait 3 milliards, que ce soit YouTube, Instagram, Tiktok ou Snapchat ou Facebook. Quelle est la motivation des gens d'exhiber leur enfant?
"C'est d'être vu, c'est une société d'ego. Je pense que de toute façon, c'est ce que le numérique a fait de nous. Je pense que les réseaux sociaux viennent combler ce besoin qu'on a d'être vus, d'être validés par cette validation immédiate qui est le like. Ça nous fait du bien, ça nous fait plaisir, on aime bien. C'est vrai que quand on montre un enfant, les vidéos font trois fois plus vues, elles font trois fois plus de clics, trois fois plus de commentaires. Petit à petit, on rentre dans cette espèce de conditionnement à tout montrer. Et puis nos voisins le font, pourquoi on ne le ferait pas ?", a répondu Elise Jadot.
Dans le documentaire on voit Jessica filmer son enfant malade à l’hôpital. "Ça peut causer tout un tas de conséquences dans sa future vie que d'exposer la maladie de son enfant. Des moqueries à l'école, un futur employeur qui se dira ‘non, toi, tu es beaucoup trop malade, tu vas me poser des problèmes, tu vas te mettre en congé maladie en permanence’, une assurance qui ne voudra peut-être pas l'assurer parce qu'elle était trop malade… Donc je pense que c'est toutes ces questions auxquelles il faut penser", a commenté Elise Jadot.
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🎙️ "Il y a 25 millions de visiteurs uniques par mois, qui viennent du monde entier. Il y a des millions de photos, d’albums, et les plateformes ne font rien !" ► @ElisaJadot_
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"Il y a tout un pan de l’exposition sur les réseaux sociaux qui échappe à la loi"
Que dit la loi française sur le fait de publier des photos et vidéos de ses enfants ? "En France, quand l'enfant participe à une communication, quand on le voit, ne serait-ce que la main ou le doigt, c'est pareil que le visage. C'est la loi de l'enfant mannequin 1990, qu'on a totalement oubliée sur les réseaux sociaux. C'est la loi de l'enfant acteur. Un enfant de moins de trois mois ne peut pas participer à une communication, c'est interdit. Mais c'est vrai que sur les réseaux sociaux on voit beaucoup de nouveau-né Un enfant doit être donc rémunéré, il doit avoir un contrat de travail comme n'importe quel enfant comédien. L’argent va sur un compte à la Caisse des Dépôts jusqu'à la majorité, et les parents prennent 10% de cette somme jusqu’à ses 18 ans. Après, il y a tout un pan de cette exposition sur les réseaux sociaux qui échappe à cette loi. C’est la question du consentement commercial. On n'est pas sur le Code du travail, on est sur le Code civil", a répondu Elise Jadot.
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🎙️ "Toutes les photos les plus anodines et innocentes peuvent se retrouver dessus. Il faut se demander si ça va porter préjudice à l'enfant plus tard" ► @ElisaJadot_
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Combien peuvent gagner les enfants et leurs parents grâce aux placements de produits ? "Ça dépend des marques. Mais les petits influenceurs, je dirais qu’on est sur 2.000-3.000 euros. Ça peut aller jusqu'à plusieurs centaines de milliers d'euros pour les gros influenceurs. Dans le documentaire on parle d'ailleurs d'un petit garçon qui s'appelle Ryan, qui est un des premiers youtubeurs enfants. Les parents ont commencé à le filmer parce qu'il était mignon à faire du vélo, au petit déjeuner, etc. Puis les marques se sont intéressées. Il a été classé deux fois au classement Forbes des plus grosses fortunes nées de YouTube, avec une fortune de 25 millions d'euros."
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