Magazine d’enquête très suivi et apprécié des Français, Cash Investigation, la série produite par France Télévisions, n’en finit plus de bien se porter. À tel point que la présentatrice Élise Lucet est également maintenant à la tête d’un deuxième programme, Cash Impact, censé revenir quelques années plus tard sur le terrain d’une précédente enquête pour montrer comment les choses ont évolué (ou pas…). Invitée ce lundi du 10h-12h de Sud Radio, animé par Valérie Expert, celle qui est aujourd’hui l’animatrice télé préférée des Français confie notamment que France Télévisions réfléchit actuellement "à une autre articulation pour que le Cash Impact soit mieux exposé, qu’on comprenne bien que c’est la suite des enquêtes des Cash Investigation. C’est très important, parce que les gens nous disent souvent : "Pffiou, à la fin de votre enquête on est au fond de notre canapé, c’est dur, et on se demande ce qu’il s’est passé depuis". C’est aussi une mission de service public de dire aux gens qu’on a fait une enquête, et qu’on ne lâche pas l’affaire en leur disant ce qu’il se passe trois ans après".
"L’important, c’est que le consommateur soit informé et qu’il ait le choix"
Une deuxième émission qui peut s’avérer très utile pour le changement de certaines pratiques dans les milieux sur lesquels les journalistes enquêtent. "Ça peut changer très vite. Quand on avait fait l’émission sur les sels de nitrite dans le jambon, je me souviens de Hertha et d’autres industriels qui nous disaient que ce n’était pas possible de faire du jambon sans sel de nitrite. Au final, Hertha a investi 25 millions d’euros dans une unité de production de jambon sans sel de nitrite qui est arrivé dans les étals des supermarchés six mois après ! (…) On n’a jamais eu le vrai pourcentage entre les mains, mais après cette émission la consommation de jambon a fortement chuté. Ils ont donc réagi par rapport à ça. Si c’est ça qui les fait réagir, peu importe. L’important, c’est que le consommateur soit informé et qu’il ait le choix", assure Élise Lucet.
Saluant le travail de "moine soldat" des journalistes de Cash ("Pendant un an, ils sont sur une seule enquête et ils bossent comme des fous !"), l’animatrice rejette l’image d’une journaliste anti-entreprise. "À Cash Investigation et Cash Impact, on n’est pas du tout anti-entreprises ! Heureusement qu’il y a des entreprises qui fonctionnent en France et qui fonctionnent bien ! On est simplement attachés à la possibilité de leur dire qu’à partir du moment où elles font des chartes et disent aux consommateurs qu’elles prennent soin d’eux, on va vérifier si c’est vrai", déclare-t-elle avant de revenir sur ses méthodes, que certains jugent agressives.
"Quand on est patron, on a des responsabilités à assumer"
"On n’est pas obligés de répondre aux journalistes, bien sûr, mais quand une entreprise promet à ses clients des choses dont on arrive à prouver lors d’une enquête d’un an qu’elles sont fausses, il y a la question de la responsabilité. Quand on est patron, on a des responsabilités à assumer. On demande toujours des interviews en bonne et due forme, si vous voyiez le nombre de demandes par mail, téléphone, etc., qu’on adresse… Et les boîtes de communication leur disent aujourd’hui qu’il vaut mieux accepter et préparer l’interview, même si ça va être difficile derrière, que de fuir. (...) Je ne suis pas la fille qui court après les patrons ou les politiques dans les couloirs. On a beaucoup réfléchi à ça, et les boîtes de com’ nous ont aidé – c’est un comble – en réussissant à convaincre les patrons de nous répondre. Quelqu’un qui fuit dans un couloir ou qui met sa main sur une caméra, c’est calamiteux. Quand les sujets sont aussi graves que ça, se dérober face à ses responsabilités n’est jamais la bonne solution", indique-t-elle.
Malgré tout, sa réputation d’enquêtrice acharnée semble désormais rattraper Élise Lucet, même dans sa vie quotidienne… "Je suis rentrée récemment avec ma fille dans un magasin qui vend des ordinateurs, et pendant dix minutes personne ne m’a adressé la parole et les gens regardaient autour pour voir s’il y avait des caméras. Je voulais juste remplacer un appareil qui ne marchait plus, et ils se sont détendus au bout de dix minutes !", raconte-t-elle.
Réécoutez en podcast l’interview d’Élise Lucet dans le 10h-12h médias de Sud Radio