Le 16 novembre 2023 à 21h10, France 2 diffuse "Cash Investigation : Le monde merveilleux des ultra-riches", une enquête réalisée par Élodie Menant.
Élodie Menant : "Ce qui nous a interrogés, c’est les inégalités de règles de jeu"
"On a été alertés sur plusieurs choses en parallèle. Cash Investigation est une émission d’investigation économique, mais on n’a jamais parlé des ultra-riches en tant que puissance économique. On a commencé à s’y intéresser. On a fait beaucoup de documentaires sur l’évasion fiscale. Et commençant à creuser le sujet, on s’est dit qu’il y a en France suffisamment de dispositifs légaux et fiscaux qui permettent aux ultra-riches d’avoir des avantages sans partir à l’étranger. On s’est dit qu’on va partir là-dessus", a raconté Élodie Menant.
Comme l’explique Élodie Menant, ce ne sont pas les hautes rémunérations en tant que telles qui ont interrogé la rédaction de "Cash Investigation". "Ce qui nous a interrogés, c’est les inégalités de règles de jeu. Ils ne jouent pas tout à fait avec les mêmes règles de jeu que nous. Pour l’héritage, ils ont des avantages fiscaux, le fameux pacte Dutreil. Ils ont des niches fiscales qui leur permettent de transmettre à leurs enfants en payant moins d’impôts. Le pacte Dutreil permet, au moment de la transmission de l’entreprise, d’avoir un abattement de 75%. Cet avantage fiscal avait été porté par Renaud Dutreil, à l’époque le secrétaire d’État aux PME, avec l’idée de faciliter la transmission d’entreprise. C’est quelque chose qui peut s’expliquer d’un point de vue économique.
Les millionnaires, les milliardaires, en général, leur fortune, c’est l’entreprise. On arrive à des inégalités où les plus riches des plus riches, qui devraient normalement payer 30-45% d’impôts sur les successions, le taux effectif n’est que de 10%. On ne dit pas qu’il ne faut pas de pacte Dutreil, la question n’est pas là. On veut plutôt savoir si, dans le cas des plus riches, cette niche fiscale apporte une efficacité économique. On s’est rendu compte qu’il n’y a pas d’études sur les retombées économiques, ni sur le coût pour l’État."
Sophie Coisne : "Alexandre Bompard a une rémunération très contestée par les actionnaires"
Dans cette émission, on parle aussi des privilèges utilisés par les riches pour affréter un yacht. "Pour louer un yacht, il y a deux contrats possibles. Le premier s’appelle le contrat de transport. Il a vu le jour en 2017. C’est un contrat qui permet de ne pas payer la TVA sur la location et payer l’essence à moitié prix. Cela, à deux conditions : il faut prévoir un itinéraire à l’avance et faire au moins une escale à l’étranger. On est sur la législation de la croisière. Ce qui nous a intéressés, c’est que c’est une exonération de TVA pour les vacances".
La troisième partie de l’émission est consacrée à la rémunération d’Alexandre Bompard, le PDG de Carrefour. "On s'est effectivement intéressés aux rémunérations des patrons du CAC 40 puisque ces dernières années, elles se sont envolées. On est quasiment sur des rémunérations qui ont doublé en huit ans. Et pourquoi on s'est intéressés à Carrefour ? Tout simplement parce qu'Alexandre Bompard a une rémunération qui fait partie de celles qui sont les plus contestées, y compris même par les actionnaires. À la dernière AG, 40% des actionnaires ont voté contre, ce qui est le pire score du CAC 40. C'est pour ça qu'on s'est interrogé sur cette rémunération. Et ce qu'on a découvert, c'est que son salaire correspond à 368 fois le salaire moyen chez Carrefour. Donc effectivement, c'est un des ratios les plus importants dans le CAC 40", a raconté Sophie Coisne.
Retrouvez “L'invité média” de Gilles Ganzmann chaque jour à partir de 10h00 dans “Sud Radio Média” avec Valérie Expert.
Cliquez ici pour retrouver l'intégralité de l’interview média en podcast.